24 - Plage

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  • Sérieux, tu l'as laissée là comme une chaussette sale ? Vu comme elle était fringuée, ce n'est pas vraiment la réponse qu'elle attendait ! Elle t'avait sorti le grand jeu pourtant, avec son pantalon en cuir qui lui moulait le...
  • Stop ! Je t'en supplie, ne finit pas ta phrase. Par pitié !
  • Bon, d'accord. Mais admets que tu as un certain culot de l'avoir rembarrée comme ça, non ?

Assis face à la mer, je jouais avec les galets qui me tombaient sous la main. Je n'avais pas envie de parler de ma soirée avec Lucie, mais Quentin ne cessait d'aborder le sujet. J'avais eu beau l'appâter avec l'après-midi que j'avais passée avec Laura, ou l'interroger sur sa relation avec sa colocataire, il revenait encore et encore au même sujet. Il devait être sacrément choqué.

  • Franchement, cette Laura doit être sacrément douée au pieu pour t'avoir retourné le cerveau comme ça.

Je savais parfaitement ce qu'il voulait : des détails, du croustillant, de l'interdit, du malsain.

  • Je vais te décevoir, mais il n'y a rien à dire. Du moins, rien qui ne rentre dans tes centres d'intérêts. Et comme tu es mon frère, mon petit frère d'ailleurs, même s'il y avait du croustillant à raconter, tu n'en saurais rien.

Un silence gêné s'installa. Je continuais d'admirer l'horizon verdâtre de la Manche en inspectant les galets qui m'entouraient. J'aimais les saisir, sentir les aspérités de la pierre, polie vague après vague, marée après marée. Je pourrais passer des heures ici, face à l'horizon, à détailler chaque roche. J'attendais qu'il rompe le silence, c'est lui qui l'avait amené. Et c'est ce qu'il fit :

  • Tu sais, par rapport à la dernière fois... Quand tu es venu chez moi... et quand tu as vu Sarah dans l'armoire...
  • Oui, je me rappelle très bien, coupai-je avant que les images me reviennent. Où veux-tu en venir ?
  • On sort ensemble. Ca fait quelques semaines, maintenant. Quand j'ai revu Lucie hier, j'ai beaucoup discuté avec elle, et j'ai fini par comprendre que j'avais toujours souhaité cette relation. Elle m'a vraiment aidé à y voir plus clair. Elle a été ma belle-soeur pendant plusieurs années, et j'espérais vraiment la voir revenir à tes côtés.
  • Je suis content que tu aies gardé de bons liens avec elle. Elle peut rester ton amie, sans qu'elle soit ta belle-soeur. Je ne compte plus être avec elle, mais tu as le droit de garder contact avec elle. Si tu en as besoin, ne gêne pas pour moi. Tu as toute ma bénédiction.

Je le voyais sourire timidement. Il était d'un naturel exubérant, sauf quand il s'agissait d'exprimer son ressenti. Dans ce cas, il se recroquevillait comme un escargot dans sa coquille. Ce mince sourire, plein de sincérité, était une vraie victoire à mes yeux. Mes paroles l'avaient touché, je le savais. Je n'avais pas besoin de mots, ni de reconnaissance. Le voir heureux à sa façon me suffisait.

Nous regardions l'horizon ensemble. Un silence paisible s'était maintenant installé. Nous n'attendions plus de réponses l'un de l'autre. Je vidais tranquillement mon esprit de mes pensées parasites, bercé par le fracas des vagues, le roulis des galets et la fraicheur des embruns. J'allais atteindre ma plénitude, lorsqu'il me ramena à la réalité :

  • Et alors, la serveuse ? Tu ne m'as pas encore raconté...

Il avait de nouveau troqué son visage ému pour son air espiègle. L'instant confidence était terminé.

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