10 - Chat

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  Je m'éveillais doucement. Mon corps refusait de se mouvoir, comme s'il était entravé par une malédiction. Mes doigts répondaient encore et m'indiquaient que le fond de l'air était frais. De leur pulpe, je sentais un tissu rêche et troué, comme ces vieilles couvertures miteuses de ma grand-mère.

  Je bataillais contre moi-même pour ouvrir les yeux. Mes paupières pesaient des tonnes et je n'en avais pas la force. J'abandonnais et relachais mon corps, en proie à mon sommeil latent.

  Un "clap-clap" près de moi attira mon attention, mais ne suffisait pas à forcer mon corps a réagir. Je partais de nouveau, quand j'entendis distinctement un "miaou".

  Je sursautais bien malgré moi, les yeux écarquillés. Assis et sous tension, j'étais nez à nez avec le regard bleuté d'un superbe siamois. Le félin était assis face à moi et me fixait avec tout le stoïcisme de son espèce. Il se tenait sur la couverture qui me protégeait du froid et pressait doucement ses pattes dessus, l'une après l'autre, jaugeant le confort de l'étoffe et de la literie.

  J'observais avec une certaine appréhension la pièce où nous nous trouvions. C'était une espèce de chambre de bonne, si tant est que la seule présence du matelas suffise à l'appeler "chambre". Ça ressemblait plutôt à un placard. Il n'y avait de la place que pour un matelas simple, et un petit espace libre a côté, sous le rampant de la toiture. Une faible lueur traversait la tabatière, noircie par la poussière et trempée par la condensation. Sur un mur, une porte et une chatière murale étaient les seules issues disponibles.

  Le chat ne m'avait pas quitté des yeux pendant mon inspection, et me regardait toujours avec insistance. Je tenais doucement une main vers lui. Je cherchais à l’appâter en lui sussurant des “minou minou”. Il posa sa tête au creux de ma paume, enclin aux caresses. Il ronronnait en fermant doucement ses yeux. Ce bruit sourd et lancinant apaisait mes craintes quant à ce lieu quelque peu inhospitalier.

  Lassé de mes papouilles, il se précipita vers la chatière et la traversa. Je me levai précipitamment et passai la porte pour le retrouver. J'aboutissais dans un couloir étroit, sans trace de chat, ni de chatière. Elle devait ressortir autre part. Je jetai un oeil par la porte du félin, mais je n'y trouvais que l'obscurité. Je rejoignais le couloir qui m'amenait à une courette et me fit rejoindre la rue. Je reconnaissais le quartier, j'étais près de chez mon frère. Une visite s'imposait pour comprendre ce qu'il s'était passé hier soir.

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