04 - Champagne

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 Le lendemain, j’avais rendez-vous avez mon petit frère pour un brunch. Je me préparais à la hâte et le rejoignais au restaurant. Je le trouvais déjà attablé , un verre de ce qui semblait être un jus d’orange, le regard vide, l’air fatigué.

  • Salut.
  • Salut, frangin ! Comment va ?, demandait-il les yeux plissés. Tu as l’air fatigué.
  • Au moins, moi, j’ai l’air d’avoir dormi, répondis-je en m’asseyant face à lui. La nuit a été difficile, apparemment ?, demandais-je en ouvrant un menu.
  • Tu n’imagines pas, s’exclama-t-il avec enthousiasme. J’ai rejoins mes potes de la fac dans un bar, tu sais, celui qui vient d’ouvrir près de la cathédrale. On s’est enfilé quelques pintes, ils ont de très bonnes bières, et à la fermeture, on est parti en boîte. Là, on s’est pris quelques vodka-redbull et on a essayé de lever quelques minettes.
  • Et ça a fonctionné ?, demandais-je sans grand intérêt, sans lever les yeux.
  • A ton avis ? J’ai l’air d’être au pieu avec quelqu’un ? Je ne t’ai pas appelé pour te dire que j’aurai du retard, ou que j’étais coincé dans quelqu’un, à ce que je sache !
  • Oui, ce n’est pas faux, lui concédais-je. Tu t’es mis au jus d’orange, finalement ?
  • Oh non, c’est un mimosa. Jus d’orange et champagne. Rien de mieux après une bonne cuite qu’un cocktail plein de vitamines et de fines bulles ! Alors, qu’est-ce que tu prends ?
  • Je ne sais pas… Je pense que je vais me laisser tenter par une bonne tasse de thé.
  • Du thé ? Tu es sérieux ?, s’emportait-il. On ne boit pas de thé à un brunch. Un brunch, c’est pour se remettre d’une soirée trop arrosée de la veille, c’est pour ça qu’on continue de picoler !

 Je replongeais dans le menu sans un mot, à la recherche d’un repas qui ne m’attirerait pas de remarque de mon frère. Il se décida à briser le silence :

  • Bon, et toi, tu te remets de… tu sais…
  • De ma rupture ?, répondis-je négligemment sans le regarder.
  • Oui… J’imagine que ça n’est pas facile pour toi… Si tu veux, si ça peut t’aider, je peux te présenter des filles, j’en connais plein que tu pourrais intéresser. Et elles ne sont pas farouches, si tu vois ce que je veux dire, murmurait-il en souriant.
  • Je te remercie, mais je me débrouille très bien tout seul. Je n’ai pas besoin qu’on m’arrange un rendez-vous, surtout avec une de tes étudiantes délurées.
  • Tu ne sais pas ce que tu rates. Une étudiante en droit, ça ne s’oublie pas. Bon, alors, elle s’appelle comment ?

Je le regardais en sourcillant. Je ne parvenais pas à réprimer ce sourire en coin qui apparaissait à la simple pensée de Claire.

  • Je… je ne vois pas de quoi tu parles, bredouillais-je. Tu parles de qui exactement ?
  • De celle que tu essaies de me cacher, celle à qui tu penses en ce moment. Je me trompe ?
  • Je ne répondais pas. Je voulais le laisser mariner, qu’il échafaude des théories farfelues, mais il m’avait déjà percé mon secret au grand jour. Oui, j’avais quelqu’un qui hantait mon esprit. Je me taisais et m’enfonçais dans mon siège, le sourire aux lèvres.
  • Je le savais ! Je te connais par coeur, s’écriait-il ! Mademoiselle ! Champagne pour mon charmant grand frère ! Il est de retour sur le marché local de l’amour !

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