Je finissais de vagabonder dans les ruelles sombres jusqu'à parvenir à mon immeuble. Mon esprit n'avait pas encore atterri dans mon corps après cette rencontre. J'avais posé ma main sur sa taille et lui avait rendu son baiser. Elle m'avait donné rendez-vous à ce même banc dans une semaine, même jour même heure, si je souhaitais la revoir. J'avais simplement acquiescé avant de partir. Je n'avais pas pipé mot, mais je ne cessais de ressasser son regard scintillant et son sourire malin.

 De retour à mon appartement, je me préparais un thé brûlant et me glissais dans mon lit. Ma promenade m'avait frigorifié et j'avais besoin du réconfort de mes draps. Sous la couverture, je serrais mes mains autour du breuvage. Les vapeurs de thé mêlées aux fragrances de jasmin me titillaient les narines et je frissonnais de la nuque jusqu'au bout des orteils.

 Je divaguais sous l'effet des odeurs florales. Je fermais les yeux et la retrouvais, son regard gravé sur ma rétine. Je trempais mes lèvres dans le thé et m'en délectais comme de ses lèvres humides. Mon corps se réchauffait à chaque gorgée, tout comme j'avais brûlé intérieurement à chacun de nos baisers. Les effluves me donnaient l'impression d'être blotti au creux de son cou.

 Ma boisson terminée, je contemplais avec tristesse la tasse vide. Aussi vide que mes draps. Fini la chaleur, fini le réconfort. J'étais seul dans ce lit, avec pour seul compagnie le souvenir fugace d'un baiser volé. Je profitais d'être encore un peu grisé pour me coucher. Enfoui sous la couette, je brûlais du désir de la retrouver. Le sommeil me gagnait, et je caressais les draps tout comme je rêvais de caresser sa peau nue contre la mienne.