Nous sommes le vent

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Le vent se lève tandis que nos murmures s’élèvent. Nous sommes des milliers, des millions peut-être, à fredonner créant un brouhaha aux oreilles des autres créatures terrestres. Le soleil vient de se lever, les bipèdes qui habitent sous les toits sur lesquels nous sommes posés se réveillent par le vacarme. Veulent-ils encore dormir ? Sûrement, tous les matins des hommes agitent des bâtons ou crient à notre encontre pour que nous dégagions de leur rebord de fenêtre.

Qu’ils ne viennent pas râler par notre présence. Nous sommes des oiseaux avec une grande capacité d’adaptation. Sans toute leur expansion, nous serions restés sagement dormir dans les forêts. Leur promiscuité nous assure une lumière permanente, même la nuit, afin que nous restions en alerte. De plus, ils éloignent nos prédateurs et nous assurent une protection. Ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils nous offrent.

Le vent souffle plus fort et nous nous envolons tous ensemble vers les champs, quittant notre dortoir que nous retrouverons le soir. Aucun d’entre nous n’est délaissé. Nous accueillons même sur notre trajet, d’autres groupes de nos semblables. Au-dessus des prairies, nous fêtons cette nouvelle venue par un spectacle grandiose. Tel un seul d’entre-nous, nous volons avec élégance, rapidité et finesse, dessinant des formes tout en volume dans le ciel. Nous dansions tous ensemble, réalisant la plus belle chorégraphie qui soit. Nos rangs grossissent et nous en devenions plus beaux. Nous chantons tous en cœur et toute la plaine peut nous entendre.

Quelques bipèdes curieux nous observent. Ils admirent nos nuées en mouvement. Nous sommes des oiseaux de malheur pour eux, mais ils ne peuvent nier notre prestance et notre capacité à réaliser de grandes choses ensemble. Ils doivent en prendre de la graine. Nous les voyons toujours si peu en groupe. Des femelles vivaient avec leur mâle et leurs progénitures, mais jamais plus. Pourtant, regarder ce qu’on peut accomplir en se serrant les ailes !

Nous nous laissons porter par la tempête naissante vers les champs de blé. Entre les céréales et les vers qui se cachent à leurs pieds, nous remplissons goûlument nos panses. Nous quittons le sol nourricier dans un tourbillon aussi violent qu'une tornade. Le propriétaire des lieux arrive trop tard avec son goliath motorisé à klaxonner pour nous faire fuir. Un acte vain car nous avons pris notre dû.

Le vent se fait violent et notre vol discordant. Ils nous classifient comme espèce nuisible, car nous dégradons ce qu'il leur appartient. Mais ne sont-ils pas les premiers fautifs ? Autrefois, la terre appartenait à tout le monde, les forêts étaient des maisons pour beaucoup de créatures. Une harmonie existait. Ce sont eux qui avides d'expansion, ont empiétés sur nos habitations, ont pris nos ressources. Nous ne faisons que nous adapter au monde qu'ils façonnent contre notre gré.

Gare à vous humains si vous tentez quoique ce soit à notre encontre. La tempête est là et nous sommes invincibles.

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