De retour dans sa tanière, Ursa déposa consciencieusement Anael sur son large duvet végétal et, une fois celui-ci convenablement installé, s’écroula de fatigue sur le sol.

« Je n’aurais pas la force de faire le moindre effort de plus aujourd’hui, à part pour parler. Donc, je vous écoute, qu’avez-vous à dire pour votre défense ? S’adressa la mère ourse à l’écureuil et au singe, tous deux assis en face d’elle. Je n’ai rien spécifié quant à ce que vous deviez faire ou non donc j’ai aussi ma part de responsabilité à prendre en compte. Néanmoins, je suis tout de même restée à distance, histoire d’avoir un œil sur vous tous. »

« Eh ben, c’est que- »

« Je n’ai pas fini, coupa l’ursidé alors que le primate s’apprêtait à répondre. Certes, je conçois que votre idée d’escalader un arbre pouvait s’avérer être amusante, sans oublier que l’envol d’Anael fut plutôt surprenant et inattendu. En revanche, vous auriez pu aussi vous en abstenir, étant donné que, même s’il avait réussi à grimper sans avoir recours à ses ailes, la possibilité pour lui de glisser ou de tomber, et ainsi de sévèrement se blesser, n’était pas nulle. »

« Je suis désolé Ursa… s’excusa le rongeur, j’ai brisé ma promesse avec Anael sur le fait que j’allais m’assurer qu’il ne lui arrive rien… »

« Ne t’en fais pas Peter, comme je le disais, j’ai, moi aussi, ma part de responsabilité dans cette affaire. Donc je ne vous en veux pas. »

« … »

Simacus, qui ne prenait jamais rien au sérieux jusqu’à présent, ne sut pas quoi dire à ce moment, étant encore choqué de savoir qu’il avait failli faire mourir l’angelot, bien qu’indirectement.

« Toi aussi, Simacus, je ne t’en veux pas, alors cesse de faire une telle tête d’enterrement.

« Je… c’est… ma… » s’exprima le singe, au bord des larmes.

« Ne t’inquiètes pas mon grand, ça arrive à tout le monde de faire des erreurs, et d’après ton mode de vie, je comprends bien que tu voulais juste t’amuser. Bien, j’aimerais, dès à présent, reprendre des forces si cela ne vous dérange pas. Vous feriez bien d’en faire de même... » proposa-t-elle alors qu’elle s’endormît aussitôt.

Le chimpanzé demeura silencieux pendant tout le reste de la journée, tandis que Peter suivit le conseil de l’ourse et s’installa contre le cou du petit ange pour se reposer.

[…]

Quand il se réveilla, l’angelot se sentit comme s’il avait dormi pendant plusieurs jours d’affilée, sauf qu’au lieu d’être en pleine forme, il était encore un peu épuisé. À côté de lui se trouvait l’écureuil qui dormait contre lui, ne voulant le sortir de son sommeil, il le laissa tranquille. Un peu plus loin se situait Ursa, elle aussi en train de dormir.

Simacus, lui, patientait à l’entrée de la grotte, assis, regardant le joli paysage devant lui, sous un magnifique rideau de lumière lunaire, avec un air mélancolique sur le visage. Le chérubin décida d’aller le rejoindre, et, lorsqu’il s’assît près de celui-ci, le chimpanzé fit un léger sursaut.

« Oh, c’est toi, ehe, j’ai l’air pitoyable n’est-ce pas… » dit-il d’un ton morose.

« Pourquoi… tu… sembles… tristes… ? » répondit le petit ange.

« C’est juste que… je suis désolé pour ce qui a failli t’arriver tout à l’heure. Sans Ursa, tu ne serais certainement plus ici pour m’entendre me lamenter. »

« Moi… pas être… fâché… contre toi. » rassura Anael, le sourire aux lèvres.

« Pourquoi… pourquoi tu ne dis rien contre moi ? Je suis quand même celui qui est responsable de tout ça ! Je ne mérite pas qu’on soit gentil avec moi ! S’emporta le singe, en levant la voix. Et dire que j’essaye de faire de mon mieux pour ne pas reproduire la même erreur que j’ai faite auparavant… »

« Je… veux juste… qu’on soit… amis. » affirma l’enfant, bien qu’étant toujours incertain quant à la signification de ce mot.

« Vraiment… ? Tu veux vraiment toujours devenir mon ami malgré ce qui s’est passé ? »

« Oui ! » s’exclama le chérubin, sûr de lui.

« Sérieux ? C’est génial ! S’exprima Simacus avec joie. Un ami… mon premier ami... » murmura-t-il à voix basse.

Ce fut un soir de pleine lune que s’officialisa l’amitié entre deux personnages après une journée relativement agitée.

Fin du chapitre 15.