- C'est une réussite ! S'exclama Irus, depuis la cabine à l'avant. 

On entendait Alyma crier. L'adrénaline se faisait bien sentir. Je songeais à relâcher les accoudoirs, mais je préférais attendre encore un peu. Et Erno semblait penser à la même chose. Erno, c'est vraiment un ami super. Je ne vous ai pas encore dit à quel point il était cher à mes yeux. C'est un ami solidaire, prêt à aider les autres. À l'école, notamment à mes 13 ans, j'avais eu beaucoup de faux-amis, qui faisaient semblant d'avoir de vraies relations amicales avec moi mais qui, au fond, se fichaient complètement que je sois seul dans la cour. Heureusement, il y a encore de bonnes personnes, comme Erno. Et puis, on aime bien parler ensemble, ça nous détend. Sans oublier son fameux "carrément !" Digne de ce nom ! 

Alors que nous prenions de l'altitude dans le ciel, où le soleil se couchait, la petite porte de l'armurerie coulissa et un homme en uniforme de Kryna apparut, deux pistolets foudroyants, qui fonctionnaient à peu près comme les cordes électriques. Ses longs cheveux étaient noirs, et ses yeux bleus. Son crâne, plutôt carré, était marqué de quelques égratignures par-ci par-là. Son nez se terminait pointu, et ses sourcils se touchaient presque. Nous reconnûmes non difficilement l'homme qui nous avait agressé dans la petite cour du temple de Yari. Il s'était encore échappé ! Mon sang se glaça. Le Kryna chuchota un truc à peine compréhensible, l'index de la main gauche sur ses lèvres. 

- Pas très malin de laisser une scie à côté d'une cage en bois, hé hé !

Je me tenais toujours aux accoudoirs, mais ce n'était pas à cause du vaisseau, mais des deux canons dirigés vers mon compagnon et moi. Lentement, notre agresseur s'avança vers le cockpit, nous pointant toujours de ses deux pistolets. Il rajouta :

- Personne ne parle, où je fais couler du sang. 

Ses chuchotements étaient couvrés par le ronronnement du moteur. Le sinistre personnage pénétra, sur la pointe des pieds, à l'avant.

- Surprise ! 

Alyma cria encore. 

D'un geste de la tête, je désignai le guerrier Kryna, dans l'encadrement de la porte, et fit comprendre à Erno mon plan. En fait, cela consistait tout bêtement à se jeter sur notre agresseur et tenter de le désarmer. Nous détachâmes nos ceintures de sécurité, sans faire le moindre bruit, avant de nous lever et se ruer sur notre cible. Bon, désormais, je vais l'appeler le "méchant". Donc, le méchant se retourna au moment où nos mains se refermaient sur son vêtement noir, qui lui donnait une allure effrayante et intimidante. Des coups de feu détonnèrent, les balles vinrent impacter la solide structure. Nous basculâmes tous les trois dans le cockpit, avant de tomber sur le tableau de bord. Et plus précisément sur le levier de vitesse. Hop ! Vitesse maximale ! 

L'accélération brutale me projeta contre un mur. Ma tête se cogna contre un hublot, mais la douleur était soutenable. Je posai une main sur mon crâne, avant de me relever et revenir au combat. Un nouveau coup de feu défia la sonorité. Je vis Erno tomber raide. 

- Erno ! M'écriai-je.

Je fonçai sur le méchant et je l'emportai avec moi, traversant la porte, qui se décrocha suite au choc, dans une chute de plus de trente mètres de hauteurs.