Je revins à moi. J'étais allongé sur un lit. Ma vue était plutôt floue. A mon chevet se tenait un vieil homme barbu, un crâne rond et des longs cheveux blancs qui tombaient sur les côtés. Il était plutôt petit, et portait des petites lunettes aux verres tout ronds. Il était habillé d'une sorte de toge indigo et blanche. Il me fixait des yeux, inexpressif. On aurait dit une statue. Une fois ma vue entièrement recouvrée, j'observai la pièce. Des murs en bois abîmes. Le plancher poussiéreux. Une vielle étagère surchargée de manuscrits et grimoires. A côté du meuble, une petite table instable en bois de chêne. Une odeur d'humidité s'engouffrait dans mes narines. Dehors, il pleuvait. Le soleil s'était couché et la nuit tombait. La petite fenêtre me laissait admirer le croissant de lune brillant dans l'obscurité infinie. Mon hôte finit par prendre la parole.

- Bonjour, Skayn. 

- C... comment connaissez-vous mon nom ?

- Il est écrit sur ton uniforme, me répondit le vieil homme. Je m'appelle Yari. Je suis un mage. 

- Un quoi ? m'étonnai-je.

- Un mage. Je viens du clan des Tenas. Je t'ai trouvé inconscient, dans la carcasse d'un vaisseau Kryna royal. Mais tu n'es pas un Kryna, hein ? tu portes un uniforme de guerrier Jyna. 

- Oui, je suis Jyna, confirmai-je. Que s'est-il passé après le crash ? et suis-je le seul survivant ? y a t-il eu des... morts ?

- Tu as atterri sur le territoire Tena. Peu après l'incident, je suis venu à votre secours. Je t'ai trouvé dans un coin du vaisseau, ou plutôt ce qu'il en reste. Il y a également d'autres survivants. Trois autres combattants Jynas en uniformes. Malheureusement, tous les autres n'ont pas...

Le mage marqua un silence, puis continua :

- ... survécus. Je suis sincèrement désolé, Skayn. C'était horrible. Il y avait aussi trois Krynas. Deux d'entre eux ont péri dans le crash. J'ai ramené le troisième chez moi, ainsi que tes camarades et toi. J'ai utilisé un sortilège de guérison pour vous soigner de vos blessures. Vous aviez plusieurs brûlures, heureusement pas très graves. Ensuite, plusieurs heures se sont écoulées avant ton réveil. Tes trois compagnons sont déjà debouts. Tu peux aller les voir, si tu veux. Sinon, je peux les amener. 

Je me sentais en bonne santé, le sortilège avait fait effet.

- Merci de m'avoir sauvé, je vous dois ma vie. 

- Non, tu ne l'as doit à personne. Juste à toi. C'est ta vie. Ce n'est pas aujourd'hui qu'on se débrouille tout seul, mais il n'y a pas d'âge pour apprendre. Apprendre, c'est avant tout apprendre de soi-même. Oui, je sais, je suis très philosophe, hé ! hé !