Recommandé par les experts visiteurs de l’HAS dans leur rapport pour l’accréditation des établissement de soins, dite « V2 », le développement de la démarche éthique dans l'établissement s’est concrétisé en janvier 2013, par la constitution d’un groupe de professionnels désireux d’animer une telle dynamique.

Premier acte concret, une conférence - débat sur le thème « des directives anticipées », a été organisée le 10 décembre dernier. Elle a réuni quatre vingt personnes environ, qui ont pu confronter leurs points de vue autour de cette question d’actualité. Nous avons regretté une modeste participation des professionnels de l'institution et notre objectif sera d’améliorer l’attractivité de ces débats thématiques. Dans un premier temps, nous proposerons le film réalisé à l’issue de cette première conférence, comme support de discussion dans les unités de soins.

Ethique (êthos) a d’abord signifié « l’habitat » chez les premiers auteurs de l’Antiquité avant de qualifier les habitudes sociales qui rendent habitable l’espace collectif.

Comment pouvons-nous rendre l'institution hospitalière plus humainement habitable ?

Cette interrogation soulève d’emblée une remise en question de nos pratiques professionnelles et la mise en forme d’un champ de réflexion encore insuffisamment exploité.

Il n’appartient cependant pas à quelques volontaires de relever ce défi qui ne saurait aboutir sans la participation effective des professionnels de l’établissement.

De même, nous écartons toute vision d’expertise de notre méthodologie.

Selon les propos de Jean Léonetti, « il n’y a pas de savoir éthique. On ne devient pas éthicien».

L'Espace d’Animation Ethique est un lieu où chacun peut intervenir et interagir, selon son domaine de compétences et sa disponibilité. Selon les propos de Pierre Le Coz dans son livre Petit traité de la décision médicale, « La notion d’espace symbolise la liberté de parole et l’ouverture d’esprit. Evoluer dans un espace éthique signifie pour la pensée, pouvoir se déployer dans un horizon de réflexion plus large que celui des espaces exigus de la scène médiatique, de s’épanouir en dehors des institutions politiques, scientifiques ou ecclésiastiques où elle demeure trop souvent confinée ».

Dans cet esprit, les membres du Bureau ont adopté une charte de fonctionnement et favorisent la transparence des actions et travaux entrepris.

Pour s’aventurer prudemment sur les chemins de l’Ethique, le choix d’animer une réflexion a posteriori sur des situations cliniques difficiles ou des événements suscitant la controverse, a été privilégié.

L’intérêt de cette voie de réflexion a posteriori a été soulignée par Pierre Le Coz : « Il est nécessaire que la pensée protocolaire qui planifie et qui calcule (la pensée prédécisionnelle) puisse être relayée par une pensée qui médite, une pensée postdécisionnelle. Cette méditation rétrospective a pour vertu de retentir sur les décisions ultérieures en améliorant leur qualité sur le plan éthique ».

L’exercice professionnel peut se révéler source de tensions. Exprimées par des divergences d’opinion ou parfois un désagréable sentiment d’insatisfaction ou d’angoisse, ces tensions peuvent s’apaiser par la révision de ces situations complexes.

Plusieurs sujets à débattre ont d’ores et déjà été sélectionnés : le secret médical, la décision médicale, l’annonce en cancérologie, le refus de traitement, le refus de soins, où commence l’acharnement thérapeutique, burn out des soignants,… Cette liste reste bien évidemment ouverte à toute autre suggestion. Si les thèmes retenus concernent essentiellement la pratique soignante, rappelons que la réflexion éthique s’exerce dans toutes les disciplines de l’entreprise.

Outre l’organisation de conférences-débats, d’autres projets sont envisagés : groupe de travail thématique, partage d’expériences entre établissements de soins, séance de bibliographie, biographe hospitalier, …

Nous invitons donc chaque personne désireuse d’apporter un témoignage, soumettre un questionnement ou travailler plus étroitement sur une thématique, à nous rejoindre pour élaborer ensemble « cette culture du partage ».

Article écrit pour le journal de l'institution en septembre 2014