Proie

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Quelqu'un m'observait.

En réalité tous les étudiants du campus dans le périmètre m'observaient à cet instant précis. Je n'avais évidemment pas tenu compte de l'avertissement de Gus quant au fait de se "montrer discret". La plupart ne venaient pas m'accoster, ou me poser des questions directement. Ils ne se moquaient pas ouvertement ni venaient me féliciter pour le pseudo-courage qui avait failli me tuer bêtement. Non la plupart se tenaient à l'écart, parlant entre eux tout en me regardant du coin de l'oeil. Ils chuchotaient, prenaient discrètement des selfies avec moi en fond. Ma tête se remplissait d'un smog noir de colportages venimeux. Est-il besoin de mentionner que le malaise ambiant me fit redresser ma capuche, baisser la tête, et accélérer le pas jusqu'à mon point de Rdv avec Gus.

Mais quand je disais que quelqu'un m'observait ce n'était pas vraiment à ça que je faisais allusion.

Je n'avais pas de mots pour exprimer cette sensation étrangère. C'était juste comme si d'un seul coup j'avais pénétré, sans y prendre garde, dans une bulle de gaz asphyxiant. Une large sphère invisible qui abriterait dans son centre... Une entité ? Je n'arrivais pas à trouver d'autre terme. A la façon dont ma peau frissonnait maintenant, j'eus la certitude que ça ne pouvait pas être juste "quelqu'un" qui m'attendait là, dissimulé.

L'angoisse montante me rendait quasiment aveugle et sourd, mais j'avançais de plus en plus en vite pour fuir ce territoire inhospitalier où je me sentais transformé en proie. Je haletais, cherchant un désespérément un panneau lumineux "EXIT" dans les parages, mais les images autour de moi viraient au flou artistique. Je tournai sur moi même l'air hagard, ruisselant de sueur. C'est à ce moment que je me sentis partir.

Je tombai sur à genoux, dans un lieu inconnu.

...

Ma vue était revenue, le silence était prégnant. J'étais seul au milieu d'un marécage sombre et sinistre. Il ne faisait pas nuit, mais le soleil paraissait si éloigné ici, que les rares rayons qui parvenaient à pénétrer la canopée des troncs décharnés, répandait dans la brume une lumière blafarde. Je voulais crier, appeler à l'aide, mais ma "nouvelle intuition" me défendait même de cligner des yeux. Une menace imminente pesait sur ces lieux. Une aura de terreur dont je n'aurais jamais soupçonné l'existence sur Terre...

Mais étais-je encore sur Terre ?

Un cri perçant déchira l'espace au dessus de moi, me laissant imaginer l'immensité de ce ciel que je ne voyais pas. On eut dit le gémissement d'un humain qui se serait mal transformé en vautour. Mais je n'y prêtai guère attention, car dans le sens opposé, derrière mon épaule, une puanteur sans nom se frayait, de force, un chemin dans mon nez. Je déglutis et consacrai mes dernières forces à me retourner pour faire face à ma mort.

Elle était là.

Une paire d'yeux rouge se détachant de la brume. Une horreur blasphématoire.

Je perçus un petit rire sournois, comme celui d'une hyène, mais qui émanait d'une machoire atroce semblable à celle d'un requin blanc. Son regard vitreux me transperçait, mais derrière cette apparence de cruauté animale, j'avais l'impression de distinguer une étincelle de joie.

L'euphorie du chasseur s'apprêtant à égorger la proie piégée.

Et tandis que la gueule difforme se rapprochait de mon visage, je m'abandonnai et fermai les yeux.

*Note : Je sais que mon récit est plus fantastique qu'érotique sur ces derniers chapitres, mais ne vous découragez pas ! "L'introduction" est maintenant posée ;)

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