Prologue

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Le piège était parfait.

Tout avait été savamment étudié. Combien de décennies, pour ne pas dire de siècles, avait-elle passé dans son cocon d'éther, attendant, prévoyant, échaffaudant les moindres détails de cette nuit ?

Dans cette suite d'hôtel luxueuse avec vue panoramique sur la mégapole, tout s'était déroulé si vite. Les verres en cristal, un vin de rubis, la peau dorée de sa clavicule, si légèrement vêtue des bretelles de sa robe. Il m'avait presque suffi de souffler dessus pour qu'elles tombent sur ses épaules, puis sur ses chevilles...

Evidemment elle ne portait rien en dessous. Elle n'avait besoin de rien, aucune parure ni tissu pour avoir l'allure d'une reine. D'un léger relevé de genoux elle se dégagea de ce vestige inutile qui entravait ses pieds et recula pour rapprocher son dos du feu de cheminée. La chaleur des flammes léchait ses délicieuses fesses rondes. Sa silhouette de déesse était contrastée entre la lumière chaude et orangée du foyer et celle, froide, nivéenne de la pleine lune qui filtrait à travers les baies vitrées de la somptueuse chambre.

Debout dans cette atmosphère étrange j'étais paralysé, en dehors du mouvement de mes yeux qui la dévoraient de haut en bas. Son sourire était doux et... démoniaque. Ses yeux aux reflets mordorés étaient emplis de désir, d'impatience... de folie.

Il fallait que je fuie ce lieu de perdition ultime. J'essayais de réfléchir à un plan d'action, mais mon esprit était cisaillé, assailli par des images dont la brutale sensualité me faisait oublier qui j'avais été avant tout ça. Ce jeune étudiant innocent et chaste qui ne voyait que l'Amour de sa vie. C'est seulement à cet instant que je me rendis vraiment compte du gouffre qui s'était creusé depuis que la fatalité de mon destin s'était abattue sur ma vie.

Elle m'invita d'un impudique mouvement d'index humide. Un déclic résonna en moi, et je sentis une aura terrible emplir la pièce. Une aura de sang, de meurtre, de brutalité, de désir sauvage et sale.

Et cette aura, c'était la mienne.

Je la sentais pulser à travers chaque parcelle de mon corps, crier, hurler comme un loup sanguinaire et déchaîné, prêt à briser ses chaînes pour assouvir une faim creusée par plusieurs siècles. Ce soir c'était trop, je le sentais. Malgré tous mes efforts des mois précédents, malgré l'aide désespérée de ma gardienne, j'étais en train d'échouer. Non, je le savais, j'avais déjà échoué. C'était maintenant trop tard. Le Loup brisait sa cage.

En une fraction de seconde je l'avais saisie. Elle qui avait tant de pouvoir d'habitude paraissait presque étonnée. Je lui attrapai le poignet avec une fermeté menaçante, et rapprochai ce doigt effronté de ma bouche. Surprise mais ravie elle s'abandonna à ma volonté. Je mordis alors cette impudique coupable, suffisamment pour lui faire mal et lui rappeler qui était son maître.

- Oh oui ! gémit-elle en se cambrant et riant.

- Pauvre folle, pensai-je avec le peu de lucidité qu'il me restait.

Elle me répugnait. Je me répugnais.

Je suçai alors langoureusement ce doigt que j'avais d'abord torturé. La sueur enrobait mon corps sous mes vêtements. Rejetant son poignet comme un os rongé, j'arrachai mes vêtements avec une force que je ne me connaissais pas. Cette puissance m'enivrait plus que le meilleur des vins. Entièrement soumise, elle exagérait l'admiration qu'elle me portait, à la façon dont j'avais déchiré mes vêtements. Je la saisis alors par les hanches comme une plume et la jetai sur le somptueux lit que l'on avait recouvert de pétales de roses. Là, jouant la victime acculée, elle se tortillait nue, feignant de vouloir échapper à mes griffes. Mais je lui saisis les chevilles et passai ma langue sur la boucle d'un de ses escarpins que j'arrachai avec mes dents et fis de même avec le second. Ainsi délivrés, je me délectai de ses petits pieds de velours, les embrassant, les léchant, sur toute leur longueur. C'était la dernière chose que le vrai moi aurait eu envie de faire, mais ces pieds là n'avaient aucun défaut... Je m'en delectais comme le pire des fétichistes et elle me gratifiait de gémissements longs et doux, comme une chatte ronronnante.

Elle était maintenant brûlante et humide. Tandis que je menottais toujours ses deux chevilles entre mes mains moites, nos regards se croisèrent. Brillant de désir, ses yeux magnifiques m'imploraient. Alors je sus que le moment était venu. Mon corps brûlait si fort de l'intérieur que j'avais l'impression de souffrir d'une fièvre inhumaine. Mes yeux descendirent le long de son corps, et le paysage m'émerveilla comme jamais aucun homme ne put s'émerveiller en abordant une terre inconnue.

Le relief parfait de ses seins, la ferme rondeur de son ventre, l'absence de nombril, caractéristique propre à ceux de sa race maudite... J'étais maintenant obsédé par le moindre détail de cette offrande qui devait ruiner ma vie. Je voulais en voir plus. Je voulais voir la beauté de son sexe.

Tout en elle me disait oui. Alors étouffant ma conscience, j'éloignai ces délicieuses jumelles qui lui servaient de chevilles.

Magnifique.

Chaud et humide. Plus lisse et ferme que le plus beau des abricots.

Ainsi était le fruit défendu.

Elle épiait mon visage avec avidité. ne souhaitant rater la moindre de mes réactions, le moindre éclair de désir dans mes yeux. Nu au dessus d'elle, je n'avais jamais eu d'érection plus dure, plus douloureuse. Il ne me restait plus qu'à plonger. M'abandonner. C'était inéluctable, je n'avais plus la force de résister. Je mordais jusqu'au sang mes lèvres qui voulaient embrasser ardemment cette perle cachée entre ses cuisses. Je fermai alors les yeux et me laissai glisser pour de bon.

Le monde était perdu.

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