6. L'opium du peuple

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Le bistrot de nos rencontres habituelles, calé sur le boulevard Saint-Germain, a beau être calme et peu bondé en ce vendredi après-midi, il n'en reste pas moins un bistrot. Même avant d'obtenir cette étrange capacité de télépathie, il m'était difficile de supporter le grondement provoqué par la superposition des conversations, l'entrechoquement des verres ou les allées et venues des clients qui laissent planer des courants d'air à chaque fois que la porte valse. Maintenant que je dois, en plus, subir leurs remous émotionnels, leurs préoccupations inintéressantes, leurs secrets malsains ou leurs images fantasmagoriques, la surcharge me noie.

Je baisse les yeux sur mon demi de bière et essaye de me concentrer sur le ballet des bulles à la surface. Je ne tiendrai pas longtemps. Faites qu'Aran se magne !

Il s'est écoulé plusieurs jours depuis le blackout. Des jours durant lesquels je me suis montré particulièrement inactif. Hormis pour la livraison réclamée par Igor, je n'ai pas travaillé. J'avais certes besoin d'argent, mais j'avais encore davantage besoin de repos.

Puisque les « hallucinations » ne désiraient plus me quitter, alors il me fallait apprendre à les apprivoiser. Au moins, les empêcher de me harceler quand je ne les sollicitais pas. Au bout de quelques jours, les songes de mes voisins commençaient à faire partie du paysage sonore, au même titre que le bruit des voitures dans la rue. Le cerveau les intégrait à la ligne de base et soustrayait ce bruit de fond.

C'est armé de cette confiance et de la conviction que ce problème est en passe d'être géré, que j'ai accepté de voir Aran.

Ce dernier m'a appelé mardi, désireux de savoir comment cela s'était terminé avec l'Apollon. J'ai évidemment tiqué, sous l'effet de la surprise. L'entendre parler de quelque chose que j’étais censé connaître ne m'évoquait que trop l'évaporation de mes souvenirs de ce week-end. Il confirma mes craintes : « Mais enfin, tu ne te rappelles pas ? Quand je t'ai envoyé un message samedi pour qu'on se capte, tu m'as répondu que tu n'étais pas dispo, car complètement obnubilé par un Dieu du sexe avec qui tu comptais rester enfermé tout le week-end... »

C'est peu dire que je sentis la douche froide me rincer à ces paroles. Blême, j’ai coupé court à la conversation en lui promettant de le rappeler, et vérifié sur mon portable les messages envoyés ou reçus ce fameux week-end. Chose que j'aurais dû faire bien plus tôt. Je pourrais me servir de la migraine comme excuse ; je crois que j'avais surtout trop peur de ce sur quoi je pourrais tomber.

Finalement, il n'y avait pas grand-chose. Juste un message envoyé à Olga pour la rassurer, des mots d'excuse envoyés à des clients pour décommander des livraisons – ce qui me confirmait que je n'aurais sûrement jamais écrit ces messages. Et pourtant, celui que mon portable avait rédigé à Aran, en plus d'être extrêmement perturbant, me fit douter :

Jay : Sorry beau gosse. Pas dispo ce soir. Je suis avec un mec... Oh putain ! Ton petit cul de pédé en serait tout émoustillé. C'est juste un Dieu du sexe (et pas que). Si je croyais au coup de foudre, je pourrais presque dire que c'en est un. On se voit dans la semaine et je te raconte tout ça ?

Je suis resté figé plusieurs minutes sur mon téléphone, bien incapable de comprendre ce que ça signifiait. Si mon agresseur avait voulu simplement voulu décliner un rendez-vous avec Aran, pourquoi se serait-il fendu de pareils détails ? Et puis « beau gosse » ? « Petit cul de pédé » ? Merde. C'est exactement le genre d'expressions que j'emploie avec Aran. Le type qui avait rédigé ce message avait-il peaufiné son coup au point de parcourir mon historique de conversations avec Aran ? C'est juste invraisemblable.

Alors imaginons. Essayons d'imaginer l'espace d'une seconde que je n'ai pas été séquestré, violé et frappé, que j'ai réellement suivi un inconnu qui m'a séduit au point que j'accepte de passer tout un week-end avec, quitte à sacrifier l'argent facile de livraisons, et que je sois l'auteur de ces messages. Non, je ne suis définitivement pas ce genre de personne. Et j'aime déjà Lucas.

Je regrette presque d'avoir refusé l'offre d'Igor. La curiosité ne me titillait pas tant, mais Aran l'a réveillé comme du citron sur une plaie.

J'ai fini par le rappeler quelques jours plus tard pour lui expliquer la situation et il m'a calé un créneau pour se voir cet après-midi.

Sauf qu'Aran est un perpétuel retardataire, et si cela ne m'ennuie pas de l'attendre un quart d'heure dans les circonstances habituelles, un quart d'heure dans mon état s'apparente à de la torture.

Heureusement, je n'ai pas à souffrir trop longtemps. Je sens son parfum de santal effleurer mon dos, sa main fluette glisser sur mon épaule et ses lèvres douces claquer une bise sur ma joue. Il s'installe avec décontraction sur la chaise en face et ouvre les pans de son blouson noir pour s'aérer dans l'atmosphère étouffante du bistrot. Son usuel sourire étincelant se déploie pour parler.

— Désolé pour le retard, belle brune. Je te commande une nouvelle bière ?

Qu'il paraît resplendissant en contraste avec mon harassement d'ours au sortir de l'hibernation ! Le jeune Kurde, de deux ans mon aîné, mène une vie à la fois similaire et diamétralement opposée à la mienne.

Nous nous sommes rencontrés peu après mon débarquement dans la jungle parisienne, dans une association d'aide pour les immigrés. Contrairement à moi, et étant donné ses origines, Aran a pu obtenir un statut de réfugié. Il a travaillé un an dans un magasin d'alimentation kurde comme esclave moderne, sous-payé à faire des heures impossibles. Il a tout plaqué pour se lancer dans la prostitution, à son compte. Oh, bien sûr, il préférerait vivre de sa passion : le dessin. Mais si cet état capitaliste et autoritaire était à même de rétribuer l'art à sa juste valeur, cela se saurait. En attendant, il fallait bien gagner sa vie. Et la prostitution est un métier comme un autre, aux yeux d'Aran. Les affaires marchent comme sur des roulettes pour lui.

En même temps, quel homme saint ne se damnerait pas pour son corps glabre et son teint de miel ? Aran sait se mettre en valeur. Cela se ressent dans sa manière d'arranger savamment la masse de ses boucles en une crête sur le sommet de son crâne, dans ses mouvements de tête qui exhibent l'ossature fine et dessinée de sa mâchoire ou dans le papillonnement de ses longs cils sur des iris appétissants comme deux carrés de chocolat. Mais son arme de séduction la plus efficace reste son sourire diamanté. Aran ne s'en dépare jamais et il semble toujours l'empreindre d'une sincérité naïve et doucereuse.

Si j'ai déjà couché avec lui ? Un paquet de fois, oui. Mais sans jamais entacher notre relation de sentiments au-delà d'une amitié pure et honnête. J'ai renoncé à nos communions charnelles dans le cocon de l'intimité, lorsque j'ai commencé à sortir avec Lucas. Je n'ai pas eu le cœur à recommencer après la rupture. Désormais, nos échanges de fluides et le frottement de nos corps n'opèrent plus que dans le cadre mercantile de nos duos avec des clients.

C'est aussi pour cette raison purement intéressée que je considère mon amitié avec Aran comme précieuse. Il donne régulièrement mon contact à ses bons clients, lui qui n'a aucun mal à s'en faire. Je saisis ces offres avec la reconnaissance pathétique d'un mendiant dans les mains de qui on se déleste d'une pièce de deux euros. Les rendez-vous pourvus par Aran ont cet insigne avantage de ne pas être lourdement taxés comme ceux d'Igor. Lorsqu'il en a assez de m'entendre me confondre en remerciement, il m'envoie une tape sur le bras et son crédo éthique : « L'entraide et la solidarité entre putes sont naturelles. » Car oui, Aran a aussi son côté militant, de préférence très à gauche et libertaire. J'essaye de le soutenir comme je le peux, mais je ne l'accompagne jamais dans ses actions illégales – du moins considérés comme telles par ce gouvernement autoritaire. J'ai bien trop peur de me faire arrêter.

— Excuse-moi Aran, j'ai l'impression d'étouffer dans ce bistrot. Tu ne voudrais pas qu'on s'achète des bières chez l'épicier et qu'on les descende sur les quais ?

Il lève un sourcil intrigué devant mon état. Je ne lui ai pas parlé de mes « superpouvoirs », mais il suppute que mon malaise est probablement lié au blackout et à l'agression dont je lui ai parlé. Il ne pose pas de questions et relève le cul qu'il venait de poser.

— Pas de problème, Jay.

*

Cinq minutes plus tard, nous dévalons la rue, direction le quai de la Tournelle. La chaleur précoce et anormale de ce mois de mars nous cuit la nuque et réchauffe nos bières. Le long du quai, nous croisons l'alignement habituel de sans-abris. Nous avions prévu le coup. Nous distribuons alors les fruits, achetés en même temps que les bières, ainsi que des « bonjours » à ces inconnus. Je sais que j'appréciais ce genre d'attentions, même pittoresque, quand j'étais à leur place, alors il me semble naturel de rendre la pareille. En deux ans, je suis effaré de constater à quel point les rangs de ces « indésirables » se sont grossis aux couleurs de l'Asie du Sud-Est. L'un d'entre eux m'a même remercié en tagalog. Il faut dire qu'avec le changement climatique, les insulaires font partie des peuples les plus touchés. Le littoral disparaît, leur gagne-pain et leur lieu de vie avec. Ils n'ont plus d'autre choix que de bouger.

Aran décapsule deux Grendel avec un briquet et m'en tend une alors que nous descendons sur les bords de la Seine. Même si les rassemblements de plus de dix personnes sont interdits dans cette zone, depuis les émeutes des États-Populaires en 2027, cela n'empêche pas les danseurs ou adeptes de bolas de tisser autour d'eux des attroupements de badauds, ni les groupes d'étudiants au sortir de la fac de former des cercles de beuverie sur le ponton. Tout ce beau monde sera dispersé à la prochaine ronde de Robocops, mais les gens sont habitués. Et ils s'adaptent.

— Alors, comment tu te remets, Ejay ? me demande Aran en descendant une longue rasade d'alcool.

— J'imagine que ça pourrait être pire. J'ai passé la semaine à me reposer. Ça m'a fait du bien.

— Tu peux te le permettre ?

Ma bouche se tord en un rictus. Aran ne pose pas la question innocemment ; je l'embête suffisamment avec mes problèmes d'argent. Mais il ne dit pas cela pour enfoncer le clou, il s'agit d'une main tendue : il n'hésitera à me prêter du blé si je lui réponds que je suis dans le besoin. Je plonge en lui subrepticement. Je suis touché de constater que son esprit est aussi pur que la personne qu'il affiche. Pas une once de malice ou d'hypocrisie. Aran a un cœur généreux et sincère. Cela me touche de savoir qu'il porte à notre amitié la même estime que moi. La seule ombre à ce tableau serait peut-être la pitié qu'il ressent à mon égard. Mais je ne peux pas lui en vouloir pour ce que je renvoie. Au moins lui suis-je reconnaissant de ne pas l'afficher.

Je repense à sa question. Les cinq cents euros magiques ont eu tôt fait de passer dans le loyer. Néanmoins, Olga a partagé le cadeau qu'Igor lui a offert pour son silence. Je ne suis pas du genre à me laisser acheter avec de l'argent, mais il fallait au moins cela pour que je lui pardonne sa trahison. Et je lui ai pardonné beaucoup trop vite, sachant qu'elle l'avait fait en pensant m'aider. Je n'arrive jamais à lui en vouloir trop longtemps. Le petit pécule m'a aidé à subvenir à cette semaine de « vacances », aussi je peux répondre à Aran sans mentir.

— Oui, ça va. J'avais encore quelques réserves. Mais il va falloir que je m'y remette la semaine prochaine.

Mon soupir las en dit long sur la motivation que je ressens à cette perspective. Je lance ma pièce dans le puits à vœux, en espérant qu'Aran l'exauce.

— J'aimerais recommencer avec un plan tranquille. Le genre rodé et pas prise de tête. Quelque chose de calme qui ne me demande pas d'entretenir et de broder une conversation désuète.

— Je peux te proposer à mon papy du jeudi. Il réclame juste une fellation et des doigts dans le cul. Il parle beaucoup, mais a juste besoin qu'on l'écoute. Il n'attend pas que tu lui répondes.

— Parfait.

— Tu es sûr ? Il n'est pas ragoutant, me taquine-t-il d'un claquement de langue.

— Si tu savais comme je m'en fiche.

Il rigole et sort son Blackphone pour envoyer un message au papy en question.

Il a l'air complètement distrait. Je n'ai qu'à tendre le bras et...

Je sursaute et cherche du regard l'origine de cette pensée attrapée en vol. Après plusieurs jours, je commence à améliorer la maîtrise de ce pouvoir, suffisamment pour discerner la provenance des bribes captées au fil de l'air. Mes yeux se posent sur un type en jean-basket, l'air nonchalant du pickpocket à la gueule et la casquette vissée sur le crâne pour se masquer partiellement des caméras. Il a pris le téléphone d'Aran pour cible.

Je fonds sur lui pour le repousser de mes deux mains, quitte à le bousculer.

— Oh, ça va pas, mec !

Son exclamation de fausse surprise outrée m'exaspère davantage.

— Dégage !

Il hésite entre me lancer une mandale et s'éclipser. Par chance, il choisit la deuxième option. Derrière moi, Aran est largué.

— C'était quoi ça, Ejay ?

— Ce type allait t'arracher ton téléphone !

— Vraiment ? Merde, j'ai rien vu.

Il est perplexe, mais se reprend.

— Je ne sais pas comment t'as fait pour l'anticiper, mais merci.

J'hésite à lui parler de mes nouveaux pouvoirs. Contrairement à Olga, je sais que je peux faire confiance à Aran, et connaissant son grand cœur, j'imagine qu'il m'acceptera de la même façon. Pourtant, l'aveu ne quitte pas ma gorge. C'est comme si tout un pan de ma personnalité souhaitait enterrer cette histoire et ce « don » avec. Je refuse de m'intéresser aux recherches d'Olga, je ne veux rien savoir en ce qui concerne ces Alters et ces histoires de complots. Je voudrais juste oublier que j'ai oublié, et poursuivre ma vie comme si de rien n'était. Peut-être que lorsque j'aurais davantage accepté ce bouleversement, j'aurais plus de facilités à me confesser.

On continue notre balade le long du fleuve. Aran tente de me demander si j'ai pu retrouver des informations sur ma mésaventure du week-end. Mon « rien » clôt rapidement l'affaire et je change de sujet en m'intéressant à ses dernières productions artistiques. Des estampes, m'explique-t-il.

J'ai beau essayer de me concentrer sur ce qu'il raconte, un afflux de touristes m'inonde de nouvelles visions et rend le processus laborieux. Pour refocaliser mon esprit, je tourne la tête sur l'imposante Notre-Dame, insolente sur son îlot et drapée des sempiternelles bâches d'un chantier interminable. Il s'est écoulé plus de dix ans depuis que sa flèche a brûlé et les travaux de restauration stagnent malgré les belles promesses. Comment pourrait-il en être autrement ? Il a fallu des siècles pour bâtir cette cathédrale. Même avec des outils modernes, il serait prétentieux de croire que dix ans suffisent à lui rendre sa jeunesse.

— La volaille descend du pont.

Le ton plus prosaïque d'Aran ramène mon attention à lui. J'observe dans sa direction une ribambelle de Robocops qui se dirige sur les quais. Je n'ai pas besoin d'expliquer la suite à Aran. Nous prenons l'escalier, tout de suite à notre gauche, et remontons vers Saint-Michel. Même si nous ne faisons rien de mal, le combo Kurde plus Philippin augmente les « chances » d'un contrôle d'identité inopiné. Ce qui n'est pas un souci pour Aran. Pour moi en revanche...

Nos pas nous emmènent du côté d'une église de laquelle surgit une brochette de fidèles endimanchés. Le sermon vient de se terminer et la plupart en retirent le sentiment d'une bonne chose de faite. Je ne peux m'empêcher de fixer cette tribu avec une certaine nostalgie. Je ne me rappelle que trop bien les visites, environ trois jours par semaine, dans la somptueuse chapelle d'Iglesia ni Cristo à Caloocan. Je n'aimais jamais m'y rendre, mais ressortait pourtant ragaillardi par l'esprit de communion et contaminé par la foi béate des autres pratiquants. Même si ma paroisse m'a répudié, je ne pense pas pour autant avoir renoncé à Dieu dans mon cœur. Même si je ne l'honore plus en le priant ou en rendant visite à sa demeure.

Je sais que cela ne suffit pas à rattraper ces trois années d'égarement, mais comme mû par un relent de spiritualité, je décide d'ouvrir mon esprit et d'accueillir les pensées et émotions de ces fidèles. J'en retire une épiphanie bienfaitrice. C'est donc cette quiétude qui nous emplit lorsqu'on laisse Dieu entrer dans nos cœurs ?

— Pff, regarde-moi tous ces pingouins ! Ce qu'ils sont ridicules avec leurs chemises repassées et leurs cheveux tirés. Comme si leur Dieu en avait quelque chose à foutre !

En bon anarchiste, Aran est profondément athée. D'ordinaire, son esprit libre et rebelle suscite mon admiration. Pour une fois, je me sens blessé par sa remarque. Par empathie, c'est presque moi qu'il insulte en se moquant de ces croyants. J'adopte une répartie neutre pour ne pas laisser entrevoir qu'il m'a touché.

— J'ai l'impression qu'ils sont de plus en plus nombreux à chaque fois.

Il n'en fallait pas plus pour inspirer à Aran une tirade engagée.

— C'est normal. Notre monde est en perdition depuis des décennies. Le capitalisme a englué les gens dans une voie sans issue et le bus de l'humanité glisse sur une pente lente. Même le progrès stagne ! On ne donne plus de financement à la recherche publique, on laisse cette charge entre les mains de multinationales qui ne réfléchissent qu'en termes de rentabilité. Quand est-ce que tu as eu vent pour la dernière fois d'une innovation utile ? Je ne parle pas de la 5D sur ton écran de Blackphone, je parle d'un truc vraiment utile, qui sauve des vies ! Le capitalisme ne sauve pas de vies, il les condamne. Les gens commencent à le réaliser, mais il est déjà trop tard pour relever la tête, ils se sont déjà perdus dans les temples de la consommation. Ils douillent pour se payer ce dont ils n'ont pas besoin et finissent par se consoler dans les contes de fées de cet ami imaginaire haut placé. Cette institution à la con qu'est l'Église se frotte à peu près autant les mains que les prometteurs immobiliers de la grande Couronne. Mais c'est idiot ! Ce n'est pas en jouant les autruches sur les bancs d'une église que les gens vont arranger leurs problèmes. La seule solution est de faire tomber le capitalisme !

Je trinque avec lui en scandant un slogan révolutionnaire sans énergie. Aran n'a pas tort. Dieu ne nous sauvera pas. Il a eu maintes occasions de le faire et n'a plus levé le petit doigt pour nous depuis deux-mille ans. Hélas, je crois avoir autant perdu espoir en la foi en la religion qu'en la révolution. Des décennies qu'ils la préparent, l'annoncent imminente, mais rien. Les gens continuent à consommer égoïstement, à se plier à la routine du salariat et à vanter l'action de « notre brave police » contre les dangereux rouges.

Parfois, je rêve d'être cette étincelle qui fera flamber le système. Puis je me réveille : il me manque au moins le tiers du courage d'un Aran. Et je ne suis qu'une pute sur la paille. Mais une pute avec des pouvoirs, désormais.

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