17. La Clé

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Assis, mais tendu sur la banquette arrière du taxi, je caresse timidement les contours du Smith et Wesson glissé dans la doublure de ma veste, comme pour m'insuffler du courage.

J'ai demandé au chauffeur de faire un crochet par chez moi, avant de prolonger la course jusqu'à la gare de Lyon. Olga n'était pas encore rentrée. Tant mieux. Je me suis faufilé dans sa chambre et ai fouillé son tiroir de lingerie. Un acte qui ne me vaut pas une grande fierté, mais qui s'avérait nécessaire. J'étais soulagé de constater que l'arme, cachée sous deux modèles 85B en satin mauve, n'avait pas bougé.

Je ne compte pas tirer avec. Je sais vaguement comment ça fonctionne pour avoir eu vent de la « notice » les fois où j'ai fouillé la tête des molosses d'Igor. Néanmoins, je serais très certainement incapable de presser la détente.

Je l'ai pris avec moi, avant tout, pour me rassurer.

Je le comprends maintenant : Aedhan est un génie de la duperie. Il ment comme il respire, use et abuse de son pouvoir d'Alter – car je n'ai plus de doute sur le fait qu'il en soit un, désormais – pour manipuler les gens. Peut-être même que sa capacité lui permet d'influencer les opinions de ses cibles ? Après tout, mon pouvoir peut provoquer d'affreuses céphalées, alors je ne serais pas surpris d'apprendre qu'on peut pratiquer une forme d'hypnose. Pourquoi pas provoquer une amnésie ? En tout cas, cela expliquerait mon attirance irrationnelle pour lui et mon réveil brusque dans un parterre de bégonias, trois mois plus tôt. Il ne restait qu'un élément à éclaircir : pourquoi ?

Une arme pointée sur lui le dissuadera peut-être d'user de ses tours de passe-passe pour se dédouaner de la réponse.

Et si ça marche, et s'il flippe vraiment et se met à avouer les horribles sévices qu'il m'a fait subir ce week-end-là ? Est-ce que je serai toujours incapable de tirer ?

Je ferme les yeux forts, jusqu'à m'en faire mal aux paupières. La vibration de mon téléphone dans ma poche me ramène au présent. Le nom de « Lulu » apparaît sur l'écran fêlé. J'ai peur de lui parler. Je ne veux pas lui expliquer ce que je vais faire et je m'en veux terriblement de l'avoir abandonné après l'avoir blessé. Mais je dois répondre, pour m'assurer qu'il n'a pas de mauvaises séquelles.

— Lucas ! Tu vas bien ?

— Ce serait à moi de te demander ça... Où est-ce que tu es parti, Jay ?

Je mords l'intérieur de ma joue. Non, je ne peux pas lui dire. Je ne peux pas lui avouer que le client dont je suis pratiquement tombé amoureux est probablement le même salopard qui m'a violenté, séquestré et effacé la mémoire.

— Je dois régler mon problème, Lu.

— Ejay... J'ai besoin de toi...

Moi aussi, j'ai terriblement besoin de lui. Je dois réfréner de toutes mes forces mon désir de retourner là-bas, car ce n'est pas ainsi que j'affronterais mes problèmes.

— Je ne peux pas, Lu. Pas tout de suite. J'ai trop peur que ça recommence. Ton machin a marché. Je sais qui a causé tout ce merdier en moi. Je dois aller le voir. Je dois régler ça.

— Me laisse pas tout seul Jay. Il m'arrive un truc bizarre...

— Quoi ? Comment ça ? Qu'est-ce qui t'arrive ? Je t'ai blessé ?

Des séquelles ? Est-ce que j'ai pu réellement lui griller le cerveau ? Oh mon Dieu...

— Je sais pas, Jay. Non, je pense pas. C'est autre chose.

— Lu...

— Vas-y, fais ce que tu as à faire. Je vais me débrouiller.

Sa voix se ferme. Même au téléphone, je peux sentir toute la rancœur dans son ton. Il ne me pardonnera pas facilement de l'avoir abandonné en pleine montée d'angoisse. Et moi aussi, je suis épouvanté de ne pas savoir ce qui le chamboule au point qu'il réclame ma présence. Lucas aime la solitude. Il est loin d'être du genre à demander de l'attention. S'il en a besoin, c'est qu'il se passe quelque chose, et je suis horrifié de ne pas pouvoir l'aider.

— Lu, appelle Aran si t'as le moindre problème. Je reviens te voir aussi vite que possible !

— Ok.

Sa voix ne sonne pas du tout comme « ok ». Je peste, mais je ne peux pas céder, sinon je demanderai au taxi de faire demi-tour. Or je ne peux pas revenir l'approcher alors que j'ai manqué de le tuer. Alors que je dois absolument régler mes comptes avec Aedhan.

Je me contente de souffler un pathétique :

— Je t'aime Lu.

Il raccroche. Je soupire.

— On est arrivé, M’sieur.

Je tends trois billets au chauffeur pakistanais et descends sur l'avenue Ledru Rollin. Jusqu'à son adresse. Je me fais alors arrêter par l'interphone. Je rigole de ma propre idiotie : je ne sais même pas à quel nom sonner.

Heureusement, une dame sort à ce moment-là. Elle me toise d'un regard froid, mais ne m'empêche pas de passer quand je m'engouffre dans son immeuble. J'étais bourré la fois où il m'a ramené ici, mais je me rappelle avoir grimpé deux étages. Je me souviens aussi de sa porte : la seule qui n'a pas de paillasson à sa devanture.

Pendant quelques secondes, j'hésite à faire demi-tour. Qu'est-ce que je fous là ? Si ça se trouve, il n'est même pas chez lui. Ce serait pour le mieux... Non, stop Ejay ! Je me fustige.

Je me force à inspirer et expirer plusieurs fois. Je n'ai jamais été quelqu'un de courageux. J'ai passé ma vie à fuir. Fuir ma famille, fuir mon pays, fuir la police, fuir la rue, fuir mon proxénète, fuir mon couple... C'est le moment, Ejay. C'est le moment de prouver que tu sais faire autre chose que prendre le large.

Je serre à nouveau la crosse du pistolet dans ma veste, comme un totem porte-bonheur, puis je sonne à la porte.

Mon cœur bat la chamade. Pas de réponse. Je sonne une deuxième fois. Il ne se passe rien pendant plusieurs minutes. Je mets à espérer qu'il ne soit pas là. Puis j'entends des bruits de pas précipités à l'intérieur.

Il ouvre la porte avec une brusquerie qui traduit son affolement.

On est loin de la panoplie usuelle et soignée du parfait employé de banque. Il n'a revêtu qu'un peignoir dans la précipitation, sa mèche blonde si impeccable est de travers et son souffle est haletant.

Il me dévisage avec surprise, alors qu'il savait probablement qui il trouverait derrière sa porte. Je vois son expression faciale se mouvoir progressivement. Ses sourcils se froncent. Je comprends ce qu'il fait : il me scanne. Je ne dois pas perdre de temps et montrer les crocs.

Je dégaine l'arme à feu du revers de ma veste et la pointe sur lui, en essayant d'éviter à mes doigts de trembler.

Je ne dis rien. Il ne dit rien non plus. Il lève les mains en signe intemporel de soumission face au sacro-saint canon. J'avance d'un pas, il recule d'un pas. Je continue jusqu'à ce qu'il batte en retraite dans son propre appartement. Je claque la porte derrière moi, sans cesser de le viser.

— C'était qui ?

Je sursaute. La voix provient de la chambre. Une femme nue, ronde et d'une jeunesse depuis longtemps révolue, en sort. Elle crie quand elle me voit avec l'arme et recroqueville ses bras sur ses parties intimes dans un puéril réflexe pour masquer sa nudité.

Je peste. J'étais si stressé que je n'ai même pas eu le réflexe de scanner les lieux avant d'y pénétrer. Et pourtant, au contraire de la forteresse impénétrable du suédois, je lis clairement le cerveau de la dame. Ils ont couché ensemble. Pourquoi pas ? Il peut bien faire ce qu'il veut.

Et pourtant, je ne peux réprimer un haut-le-cœur. Qu'a-t-il bien pu trouver à cette femme flasque, vieille et dont l'expérience sexuelle se limitait, avant ce soir, au missionnaire ? Je ne peux même pas dire que sa personnalité rattrape le reste. Elle est aussi fade qu'en apparence. Je rirais presque de ma jalousie déplacée. Je ne peux hélas m'empêcher de me sentir pathétique de me voir remplacé par une si piètre concurrence.

— Fichez le camp !

J'essaye d'imiter le ton péremptoire d'Igor pour lui crier mon injonction. J'ai l'impression que l'ordre sonne pitoyable dans ma gorge. Heureusement, la présence de l'arme suffit à terroriser la pauvre femme. Elle sursaute et pousse un cri de souris. Elle ramasse à toute allure ses affaires éparpillées, prenant seulement le temps de passer sa robe. La quinquagénaire reprend son sac à main, puis se dirige vers la sortie. Elle tâche d’esquisser le cercle le plus large possible pour garder ses distances avec moi et me contourner en rase-motte. Exaspéré par son manège alors qu'elle n'ose plus avancer pour passer la porte, je crie une nouvelle fois.

— Dehors !

Elle sursaute à nouveau et se met à trembler comme une feuille. Face à moi, Aedhan – sur qui je m'efforce de garder un œil, mais qui demeure d'un calme olympien – intervient pour rassurer sa conquête d'un soir. Sa voix est aussi douce qu'un voile de satin.

— Tout va bien, Lisa. Il ne me fera pas de mal. On a juste un contentieux à régler. Inutile d'appeler la police. Je te recontacterai. Toutes mes excuses pour... pour ceci.

Comme hypnotisé, la brune voluptueuse bat des cils, avant de hocher la tête en signe d'assentiment. Puis elle quitte l'appartement.

J'espère finalement que les psycho-pouvoirs d'Aedhan lui permettent vraiment de convaincre les gens, car je devrai déguerpir rapidement si elle prévient la maréchaussée. Tant pis, je prends le risque. Maintenant que je suis devant le fait accompli, je veux aller jusqu'au bout.

— C'est présomptueux de ta part de te persuader que je ne te ferais pas de mal, commencé-je.

Un rictus fané ourle ses lèvres.

— Tu ne m'en feras pas de manière volontaire en tout cas.

L'allusion électrise ma moelle épinière.

— Tu es au courant pour...

— Pour le Rugen-Hoën ? Oui. Je voulais t'en parler, mais puisque tu as fait le mort cette semaine...

Je me crispe et resserre mes phalanges autour de l'arme. Il domine clairement l'entrevue. Ce n'est plus une longueur d'avance qu'il a sur moi, c'est la distance Terre-Lune ! Infuser ma rage au travers du Smith me donne l'illusion de me hisser à sa hauteur.

— Tu n'as pas besoin de me menacer, Ejay, ose-t-il dire de sa voix sirupeuse. On peut discuter calmement. Ce sont les émotions fortes comme la colère ou la peur qui risquent de faire rejaillir le Rugen-Hoën.

Un rire sinistre agite un spasme en moi. Lâcher mon arme ? Pourtant, tant que je l'ai en main, tant qu'elle me donne la sensation, même fausse, de maîtriser la situation, cette facette de mon « talent » reste sous contrôle.

— Alors tu as plus peur de ce pouvoir que d'une arme à feu ? Pourquoi l'avoir réveillé dans ce cas ?

Toujours ce sourire, dépité et navré. Le manque d'empressement avec lequel il déblatère ce que je veux savoir m'exaspère et signifie qu'Aedhan a vraisemblablement des choses à se reprocher. Cet enfoiré parlera, même si je dois m'en donner des crampes aux bras à force de le braquer.

— Je ne voulais réveiller que ton don de télépathie. Si j'avais su quelle boîte de Pandore cela ouvrirait, je me serais ravisé.

— Comment ! Comment tu as fait ça ?

Ma voix se perd en trémolos. Je repense à mon état à la suite de ce week-end effacé. Je repense à tous ces témoignages qui parlent de « choc » ou « d'expérience traumatique » comme déclencheur...

— Oh mon Dieu, Ejay... Mais qu'est-ce que tu vas t'imaginer comme horreurs ? Je ne suis pas un saint, mais je suis quand même loin du monstre que tu te figures.

Je serre les dents. Cet enfoiré demeure toujours si impassible, camoufle ses méfaits sous sa belle gueule et ses paroles mielleuses. La colère reprend le pas ; je hausse la voix.

— Alors pourquoi je me suis réveillé avec des marques sur tout le corps ? Tu n'y étais pour rien, peut-être ?

— Tu étais consentant.

Je m'étouffe presque face à son culot. Je m'attendais à toutes les réparties, sauf celle-là !

— Fous-toi de ma gueule ! Si j'étais d'accord, pourquoi avoir pris soin d'effacer ma mémoire ?

— Je ne t'ai pas effacé la mémoire ! Tu t'es infligé ça à toi-même.

Je me fais l'impression de virer hystérique à secouer mon corps de rires nerveux entre chaque spasme. Ce qu'il raconte ne fait aucun sens.

— Bien sûr, je sais parfaitement comment me provoquer à moi-même des amnésies. Tu veux bien arrêter ton cirque ?

— Je ne dis pas que tu l'as fait consciemment. (Il soupire.) Le Rugen-Hoën a surgi. Et il a probablement fait ça pour te protéger. Paradoxalement.

Alors que je pensais que cette conversation ne pouvait pas devenir plus farfelue, Aedhan part en roue libre sur la voie de l'absurde. Je rétorque sur le même registre. Du second degré, car je vais virer fou si je commence à lui accorder du crédit.

— Mais bien sûr. Et il fait aussi le café ce Rugen-Hoën ? Tu vas me dire qu'il a sa propre conscience et qu'il agit comme une entité autonome ?

Il s’esclaffe, sur la même octave sinistre que moi. Je vois qu'il commence à manifester des signes de stress. Ses muscles se tendent, alertes, ses yeux se plissent avec nervosité... Ce n'est pas mon arme qui l'inquiète. Il le sent. Ce bourdonnement qui n'est jamais très loin, qui menace de prendre le pas à chaque mot de travers qu'il prononcera.

Comment a-t-il pu se mettre dans cette situation ? Pourquoi avoir joué cette comédie de la pute et du client alors qu'il aurait pu prendre ses jambes à son cou ?

— Pour le café, je ne suis pas certain. En revanche, bien que le sujet reste encore très inconnu, j'ai bien l'impression que le Rugen-Hoën permet de réaliser à peu près n'importe quoi sur le plan mental. Sauf que personne ne peut le contrôler. Donc oui, on peut voir ça comme une entité propre, j'imagine.

Ce qu'il me dit me perturbe au plus profond de mon être. Je ressens cette chose dont il parle, comme si j'hébergeais un parasite dans mon corps. Dans mon esprit, plutôt. Il me dévore. Le bourdonnement s'intensifie.

La voix, auparavant sereine, d'Aedhan prend des accents anxiogènes.

— Ejay, calme-toi, s'il te plaît. Je ne te veux aucun mal et je ne t'ai jamais voulu le moindre mal. Je veux simplement t'aider.

M'aider ? M'aider ? Une partie de moi voudrait exploser de rage et appuyer sur cette foutue détente et une autre s'efforce de me raisonner, de suivre son conseil. Si je le tue, que ce soit avec le Rugen-Hoën ou d'une balle, je n'aurai jamais de réponses.

Je tente le déni pour tenir mon mal à distance.

— M'aider ? Comment veux-tu que je croie ça alors que tu me mens depuis deux mois ?

— Je ne voulais pas te tromper, mais je n'avais pas le choix. Quand je t'ai retrouvé, que j'ai vu que tes souvenirs s'étaient volatilisés et que le Rugen-Hoën s'était remis en veille, alors j'ai jugé préférable de ne pas réveiller le démon une deuxième fois. Je voulais faire en sorte de devenir quelqu'un sur qui tu pouvais compter, quelqu'un que tu pourrais appeler si cette chose refaisait surface. Je voulais te protéger toi, ainsi que tes proches.

Je ne sais plus ce que je ressens à ces mots. Je ne sais pas si je dois les croire. Ils se noient de toute façon dans le magma d'émotions contradictoires qui bouillonne en moi. Mes bras finissent par me lâcher et je baisse mon arme. À quoi bon de toute manière ? Je sens des traits humides rouler sur mes joues. Des larmes ? C'est rare. De moins en moins, ces temps-ci.

Je finis par poser la question. Celle dont j'ai besoin de la réponse autant que je la redoute.

— Qu... Que s'est-il passé après ce huit mars ?

Aedhan se détend un peu en face. Il décrispe ses membres et esquisse des pas tranquilles pour aller s'asseoir dans un fauteuil. Il me fait signe de prendre place dans celui en face. Je n'ose pas bouger. L'angoisse colle mes pieds sur place.

— Je ne peux pas te rendre tes souvenirs, mais je peux te montrer les miens.

— Pour que tu en profites pour les falsifier et te dédouaner ?

— Quelle autre alternative as-tu sinon de me faire confiance ? Tu pourras toujours chercher les témoins pour confirmer ce que je vais te montrer, même s'il y en a eu très peu ; nous sommes pratiquement restés enfermés tous les deux pendant tout ce week-end. Sinon, tu peux aussi attendre que les souvenirs te reviennent d'eux-mêmes, mais j'ai comme la sensation que tu n'oseras pas retenter l'expérience de la DMT de sitôt, n'est-ce pas ?

Je grince des dents. Je hais la facilité avec laquelle il se faufile dans mon crâne et décortique mieux que moi mes problématiques internes. Je commence à comprendre la crainte et l'anxiété que suscitent les Alters auprès des gens normaux.

Je finis par me laisser happer, encore une fois, par ses paroles envoutantes. J'ai peur de ce que je vais découvrir dans son cerveau, et en même temps, tant qu'il m'accompagne, je me sens paradoxalement rassuré.

Mes jambes se décident à bouger et je viens prendre place sur le fauteuil blanc et design devant lui.

— Montre-moi, alors.

Il esquisse ce sourire en demi-teinte. Ce sourire que l'on adresse à un proche en phase terminale pour le soutenir et le rassurer, sachant pourtant que l'issue ne sera pas confortable. Je n'ai pas envie de le voir. Je ferme les yeux et je sens, pour la première fois, Aedhan libérer l'accès à son esprit.

Je me plonge dans ces vagues étrangement apaisantes et je revois le souvenir de cette nuit du huit mars. À travers ses sens.

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