8. Alexis Morales

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On est samedi, je ne suis pas retournée en cours depuis mardi dernier, exclusion provisoire. Carli, elle, s'est pris deux heures de colle pour avoir participé à la bagarre, aujourd'hui de huit heures à dix heures. Elle doit me rejoindre dans pas longtemps.

Torse nu devant mon miroir, je grimace. Un bleu énorme s'étale sur mes côtes.

Depuis que ma mère s'est mise avec Steven, l'homme avec qui elle a eu Morgan, je subis ses colères. Il me bat et personne ne l'a remarqué, tant mieux, je n'ose même pas imaginé ce qu'il ferait s'il apprenait que quelqu'un est au courant. Dans deux semaines auront lieu les funeirailles de Caly, je ne veux pas y aller, je refuse de voir le cercueil de ma soeur descendre sous terre, alors qu'elle est encore en vie. J'en suis sûre, je sais qu'elle attend qu'on l'aide. Je veux qu'elle revienne, j'ai besoin d'aide.

Soudain, j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir. J'enfile un T-shirt à la hâte, impossible de cacher le bleu sur ma pommette, tant pis. Je me retourne vers Carli.

- Salut ! s'exclame-t-elle en venant me prendre dans ses bras.

Je grimace. Bordel ! Ça fait mal ! Elle s'écarte et observe mon visage.

- Qu'est-ce qui t'es arrivée ? s'inquiète-t-elle.

- Rien. Je me suis cognée, mentis-je, en souriant.

- J'te crois pas. Mais, je te laisse le bénéfice du doute. Bref, soirée chez Grant, samedi, partante ? déclare-t-elle.

- J'sais pas trop, Carli. J'ai pas la tête à ça, en ce moment, soufflais-je.

- Oh... c'est pas grave, on peut rester chez toi ou chez moi et se regarder des films, lance-t-elle.

Elle a beau sourire, je sais qu'elle est déçue, ça fait plusieurs jours qu'elle me parle de ce Grant, je crois qu'elle l'aime bien. Plus que bien. Je veux pas qu'elle gâche sa chance de se trouver un petit-ami. Depuis la mort de mon père, Carli a été la pour moi. Elle n'est sortit qu'avec un garçon, qu'elle a quitté trois jours après, pretextant que ça n'allait pas. En vérité, je sais qu'elle ne voulait pas que je me sente à part. Elle se prive depuis bien trop longtemps par ma faute, ça ne peut pas durer.

- Carli, va à cette fête. Tu t'empêches d'avoir des relations pour rien. Tu n'as pas à t'occuper de moi comme tu le fais, je vais bien. Tu dois vivre ta vie, pas la mienne. Je suis vraiment touchée que tu fasses tout ça pour moi, mais pense à toi, Carli, assurais-je en collant mon front au sien.

- Mais... je..., commença-t-elle en balbutiant.

- Quoi ?

- T'aider et être là pour toi me rendent heureuse, je suis bien avec toi, j'ai besoin de personne d'autre, souffla-t-elle.

- T'as besoin de quelqu'un de moins toxique que moi, fis-je.

- C'est faux... T'es pas toxique, Alexis.

Je vis une larme couler sur sa joue.

- Eh, pleure pas, chuchotais-je en l'essuyant.

- Ne me rejette pas, s'il te plaît, supplia-t-elle, doucement, en baissant la tête.

Je la serre dans mes bras, oubliant sans problème la douleur. Je lui murmure que je suis là pour elle, tout en lui caressant les cheveux d'une main, le dos de l'autre. Jene comprends pas pourquoi elle se mets dans un tel état. Je continue à la bercer et finis par attraper ses jambes la portant jusqu'à mon lit, elle reste collée à moi. Installées sous la couette, je lance un film à la télé. Carli est toujours aussi silencieuse, ce qui m'inquiète un peu.

La porte s'ouvre et ma mère entre. Elle nous regarde en fronçant les sourcils, ayant bien compris qu'il y avait un problème. Je lui fais signe qu'on en parlerais plus tard et elle sort aussi vite qu'elle est venue. Je repose mon attention sur Carli. Elle paraît si fragile. En regardant la vérité en face, Carli m'a toujours protégé, elle s'est occupée de moi, elle m'a toujours fait passer avant elle et ses besoins. Et moi, comme la grosse égoïste que je suis, je ne me suis jamais souciée d'elle ou de ses problèmes. Je m'en veux, je me haïs de n'avoir jamais vu que ma meilleure amie souffrait plus qu'elle ne voulait le montrer. Je me déteste de ne pas avoir été capable de comprendre qu'elle souffre.

Alors que Carli vient de s'endormir contre moi, je me surprends à repenser à cette blonde. Ariana Shaffer, pourquoi est-ce qu'elle occupe mes pensées ? Je l'ais rencontrée il y a à peine une semaine ! C'est frustrant de ne pas comprendre. Je n'arrive pas à saisir ce que cette fille à de spécial. J'ai l'impression qu'on est pas si différentes, mais je ne saurais pas dire en quoi. C'est étrange, elle m'énerve et m'intrigue en même temps. Je ne comprends pas et ça m'énerve. Sentant la colère monter en moi, je coupe immédiatement le fil de mes pensées, il ne manquerait plus que je m'en prenne à Carli ! J'ai beau me persuader, me dire que je ne ferais jamais de mal à ma meilleure amie, j'ai toujours peur qu'un jour, mes crises prennent le dessus et me fassent faire quelque chose que je regretterais sûrement toute ma vie.

Le film touche à sa fin et je ne tarde pas à m'endormir, moi aussi.

- Alex' ! Aide-moi ! s'écrie-t-elle.

Je me penche par-dessus la falaise, attrapant le poignet de ma soeur.

- Tiens bon, Caly ! Je suis là ! suppliais-je en tentant de la remonter.

- Je t'aime, p'tite soeur, hurle-t-elle en tombant.

- Noooooon ! hurlais-je en la regardant s'écraser au fond du gouffre.

Je reste à genoux, observant la flaque pourpre qui entoure le corps désarticulé de Calypso. Mes larmes coulent abondament, trempant le sol devant moi. Je hurle de douleur en sentant mon coeur se briser.

" Il est des sourires qui ne savent qu'avouer la tristesse du coeur " - Jean-Raymond Boudou

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