6. Alexis Morales

5 minutes de lecture

Je rentrais en classe pour le cours de onze heures. Je pénétrais dans la salle de littérature et me fis reprendre par Madame Mayers. À la surprise générale, je m'excusai, puis partis m'installer près de Carli. En passant près de sa table, je croisais le regard de Shaffer, puis je m'installa à ma place sans rien ajouter. Je tendis une feuille à Carli qui paraissaît inquiète.

Après un long silence, je sentis sa main sur mon bras et relevais la tête.

- Je suis désolée, tu veux que je vienne avec toi ? demanda-t-elle tristement.

J'hochais la tête, si je parlais, je crois que je fondrais en larmes et c'est bien la dernière chose qu'il me faudrait. Je passais le restant du cours la tête cachée au creux de mes bras, tentant de faire le vide dans mon esprit.

- Alexis, soupira ma prof en s'approchant de moi.

- Hum...

- Tu pourrais te concentrer un peu, s'il te plaît ? demanda-t-elle, las de mon comportement.

- Ouais, je vais essayer, assurais-je, fatiguée de me battre.

La femme me sourit et revint à son cours.

- Donc, comme je le disais, nous allons commencer une nouvelle séquence sur les mythes. Pour débuter, nous allons étudier un passage de l'Odyssée, qui raconte comme vous le savez sûrement l'épopée du héros, Ulysse. Nous nous concentrerons pour quelques séances sur son passage à Ogygie, où il sera retenu pendant sept ans par la nymphe, Calypso, commença-t-elle.

Je me figeais, incapable de faire le moindre mouvement. Pourquoi ? Pourquoi elle ?

Des images de ma soeur défilèrent devant mes yeux, je serrais les poings. La sonnerie retentit et je me précipitais hors de la salle de classe. Carli me rejoignit derrière le lycée très peu de temps après mon départ.

- Lex ? m'appela-t-elle.

- Carli... soufflais-je avant de m'effondrer à genoux sur le goudron.

- Alexis ! cria-t-elle en se jetant sur moi pour me prendre dans ses bras.

- Pourquoi maintenant Carli ? pleurais-je.

- Ça va aller, ça va aller.

- Ils vont l'enterrer, bordel ! Ils ont même pas de corps, c'est pas juste ! Imagine qu'elle soit retenue quelque part, elle a sûrement besoin d'aide ! m'énervais-je en me relevant.

Je me mis à faire les cent pas.

- Lex, calme-toi. Tu sais aussi bien que moi que c'est terminé, soupira-t-elle.

- Non ! Tu mens, tu mens !! hurlais-je, horrifiée que ma meilleure amie croit ma soeur morte.

- Eh ! Je suis là, d'accord. Je vais t'aider, tu seras pas seule, Lex, jamais, promit-elle.

- Carli... Excuse-moi, je voulais pas m'énerver, bredouillais-je, honteuse.

Après avoir mangé, on retourna en cours, anglais, génial.

- Mademoiselle Morales qui nous fait honneur de sa présence ! s'exclama la voix insupportable de Mme Lordween.

- Mme Lordween, c'est un plaisir de savoir que ma présence vous honore, raillais-je.

- Asseyez-vous donc devant, Morales, ordonna-t-elle.

- Si c'est ce que vous souhaitez, Majesté, répondis-je en faisant la révérence.

Elle ne répondit rien et commença son cours.

Après quelques minutes, je reçus une boulette de papier dans la nuque, je la ramassais et me retournais vers le fond de la classe. Cette pétasse de Vanessa me regardait avec un sourire carnassier. J'ouvris la boulette et lut : " Alors ça roule, ma poule ? T'as l'air triste. ". Mais de quoi je me mêle ? Je me retournais et lui fit un doigt. Le toutou qui lui servait de petit-ami me lança un regard noir, auquel je répondis en brandissant mes deux majeurs en même temps. Je reposais ma tête sur la table, quand je sentis un objet plus dur frapper ma tête. Je me retournais vivement et vit la gomme de cet abruti derrière ma chaise. Je la ramassais et la lançais sur Vanessa, en plein dans l'oeil, bien fait. Rick se leva, menaçant, mais je n'y fis pas attention et fixais le tableau, sans pour autant écouter le cours. Soudain, ma tête claqua violemment la surface de la table. Je me relevais d'un bond, légèrement sonnée. Rick se tenait à mes côtés, un sourire fier sur les lèvres. Mon poing atteignit sa lèvre avant qu'il ne puisse faire le moindre mouvement. Il me poussa, me faisant trébucher, je me rattrapais sur le bord de ma table et le poussais à mon tour, lui envoyant une droite dans le ventre. Il se plia en deux et j'en profitais pour lui donner un bon coup de genou dans le nez. Il se redressa et m'attrapa par le col. Sa tête frappa la mienne à trois reprises, je sentis le sang coulait abondament de mon nez. J'étais complêtement sonnée, mais je continuais à me battre, mon genou frappa son entre-jambe au moment où il entoura mon cou de bras. Plaquée contre son torse, son bras appuyant contre ma trachée, j'ettouffais. Carli s'était levée depuis un moment, elle se jeta sur Rick et lui donna un bon coup de poing dans les côtes. La pression sur ma gorge diminua et j'en profitais pour lui donner un violent coup dans le tibia. Je le frappais à plusieurs reprises, il finit à terre et y resta. Je ne pouvais plus m'arrêter, j'avais besoin de faire souffrir, je devais le briser, le tuer. Carli entoura ma taille de ses bras et m'obligea à reculer.

- Eh ! Eh ! Alexis ! Calme-toi, ordonna-t-elle en posant ses deux mains sur mes joues, collant son front contre le mien.

Je tentais de calmer mon coeur, battant bien trop fort.

- Carli, me sens pas trop bien, soufflais-je à ma meilleure amie.

Ma vue se teinte de tâches noires et blanches, ma respiration se fait sifflante et ma tête me fait atrocement mal, sans parler de mon nez qui me lance douloureusement.

- Lex, reste avec moi ! me supplia Carli.

Elle me fit sortir de la salle et me plaqua contre un mur, m'aidant à glisser le long de ce dernier. Je termina assise par terre, la tête entre les bras, Carli frictionnant mes épaules.

- Chut, ça va, je suis là.

Ma vue redevint normale et je vis la prof d'anglais revenir vers sa salle qu'elle avait quitté pour prévenir des surveillants.

- Elle est là, indiqua-t-elle.

Deux surveillants s'approchèrent de nous.

- Vous deux, chez le proviseur, immédiatement ! ordonna Klaus, l'un d'eux.

On les suivit jusqu'au bureau du directeur. Je me figeais en arrivant, ma mère était devant la porte, l'air énervée. J'allais passer un sale quart d'heure. Quand son regard croisa le mien, je pus voir toute la déception dans ses yeux, encore une fois. Carli glissa sa main dans la mienne, la pressant doucement. Ce n'était décidément pas mon jour.

" La tristesse survient parfois à l'improviste, discrètement et sans bruit " - Yves M.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire WriterWoman ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0