1. Ariana Shaffer

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La sonnerie de mon réveil me sort brutalement du sommeil. Je soupire, cherche l'objet à tâtons et l'éteins. J'ouvre enfin les yeux et sors de mon lit si confortable. Je me dirige d'un pas lent vers mon armoire et prends de quoi m'habiller. Après m'être douchée, j'enfile un jeans noir, un débardeur blanc et un pull gris Nike. Une fois ça fait, je descends déjeuner. Mon frère, Jordy, est installé sur le canapé devant la télé, son bol de céréales et sa tasse de chocolat chaud devant lui, sur la table basse. Je dépose un baiser sur son front, embrasse la joue de ma mère et m'assois à table.

Je suis sur mon téléphone, j'ouvre Facebook et tombe sur une photo de Kayla, mon ancienne meilleure amie, qui occupe aujourd'hui le poste de pire ennemie. C'est moi qu'elle affiche une nouvelle fois, ma tête est collée sur le corps d'un porc, nouvelle preuve de sa grande maturité.

[ Enfin débarassée de cette salope d'Ariana ! ]

Je vois que la photo a été aimée, partagée et commentée par de nombreuses personnes. Je ferme l'application en sentant les larmes me monter aux yeux. Mes vieilles Nike blanches aux pieds, je quitte la maison dans laquelle je vis depuis une petite semaine.

Mes écouteurs dans les oreilles, je marche sur le trottoir, mon sac sur le dos. Arrivée devant l'imposant bâtiment en pierre, je pénètre dans le lycée. Ma capuche rabattue sur la tête, je tente de me frayer un passage entre les lycéens euphoriques ou dégoutés de leur classe. Je parviens enfin devant la porte du directeur, j'entends quelques cris. J'attends patiemment, adossée au mur.

- Alexis, je t'ai dit que j'allais faire en sorte qu'elle soit dans ta classe, mais ça ne se fait pas en claquant des doigts, tu sais ? Alors maintenant, dehors, j'ai d'autres élèves à accueillir, déclare fermement l'homme qui vient d'ouvrir la porte.

Une brune sort en rouspétant du bureau et part en traîtant le proviseur de tous les noms d'oiseaux. Je reste impassible et retire ma capuche et mes écouteurs lorsqu'il me fait signe d'entrer.

- Ariana Shaffer, c'est ça ? demande-t-il.

Je hoche la tête, c'est pas comme s'il avait mon dossier sous les yeux.

- Bien, tu es en terminale L 3. Je vais demander à Mme Collins de t'accompagner dans ta classe et de te donner les papiers essentiels, fit-il en appuyant sur l'un des deux boutons de son minuscule micro.

- Esther, peux-tu venir, tu as une nouvelle à conduire dans sa classe.

Quelques secondes plus tard, une jeune femme blonde, la trentaine débarque dans le bureau. Je me lève et la suis.

- Tout le monde m'appelle par mon prénom, ici. Tiens, voilà le règlement intérieur et le document que tes parents doivent signer pour finaliser l'inscription.

Je récupère les papiers qu'elle me tend et les fourre dans mon sac.

- Voilà ta classe, déclare-t-elle avant de toquer.

Elle ouvre la porte et me fait signe d'entrer.

- Une nouvelle élève, explique-t-elle.

- Peux-tu te présenter, s'il te plaît ? me demande la professeure en face de moi.

- Je m'appelle Ariana Shaffer, j'ai 17 ans et je viens de Californie. C'est bon, ça suffit ? dis-je, las.

- Parfait. Je suis Madame Mayers, professeure de littérature et ta professeure principale cette année, se présente-t-elle.

Je fonce m'assoir au fond de la salle et sors ma trousse, une feuille et mon cahier de brouillon.

L'heure passe et la sonnerie retentit, il est dix heures, c'est l'heure de la pause. Je n'ai déjà qu'une envie, c'est quitter cet endroit horrible. Je veux rentrer chez moi, me mettre sous la couette et disparaître à jamais. Je marche dans les couloirs quand je percute quelqu'un.

- Excuse-moi.

Je repars mais une main me retient en tirant mon poignet en arrière. Je me retourne et vois la fille de tout à l'heure. Elle serre fort mon bras, super, je vais avoir une belle marque.

- Tu te prends pour qui, la nouvelle ? crache-t-elle.

- Je me suis excusée, répliquais-je.

- Parle-moi sur un autre ton ! s'énerve-t-elle.

- Mais...

- La ferme ! crie-t-elle.

- Mais ça va pas, je...

Je suis coupée dans ma phrase par son poing qui atterrit dans ma joue. Ça fait un mal de chien. Elle me fixe intensément et me plaque contre les casiers. J'ai la tête qui tourne, cette scène m'est trop familière, moi qui pensais être loin de tout ça. Voilà que ça recommence. Je lutte difficilement contre les larmes qui menacent de couler.

- Dégage, pauvre conne, grogne la brune en me lâchant.

Je glisse le long des casiers et tombe au sol. Elle s'éloigne et hurle à un garçon qu'elle le tuera s'il poste la vidéo sur les réseaux. Je me prends la tête entre les mains, calme mes tremblements et me relève sous le regard amusé ou peiné des autres étudiants. Je me dirige rapidement vers la sortie. Cachée derrière un mur, je m'assois dans l'herbe et ferme les yeux.

" Il n'y a que l'espoir qui apaise la tristesse " - Boualem Triki

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