Chapitre 6: Entraînement et amitié sous le regard de la Lune.

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Un mois s'était écoulé depuis le mariage d'Eldah et Kilvar, et Lirinah commençait à s'impatienter. Sans nouvelle de Kendraff, elle se demanda s'il avait l'intention de tenir sa promesse. Elle finit même par désespérer d'où sa surprise quand un corbeau se posa à la fenêtre de sa chambre, un message à la patte :

«Rejoins-moi dans trois jours, à la tombée de la nuit, à la sortie de mon village »

Juste une phrase en guise de message, voilà de quoi vexer Lirinah. Pas étonnant qu'elle pensait qu'il se moquait d'elle, une princesse qui avait toujours eu ce qu'elle voulait quand elle en avait envie. Elle était tout de même rassurée, tandis qu'elle mettait le morceau de papier en miettes afin qu'il ne soit pas lut par un autre. Kendraff n'avait pas oublié sa promesse, même s'il ne lui avait rien dit de plus concernant entraînement qu'il lui avait préparé. Elle appréhendait ce rendez-vous sachant que Kendraff l'avait averti de la difficulté qui l'attendait, car la voie des armes et du combat était une chose impitoyable.

Certes, mais n'était-ce pas ce qu'elle devait apprendre ? Sinon, à quoi bon vouloir s'entraîner ?

Je soulignais seulement la différence entre ce que Lirinah savait en tant que princesse et la réalité. Puis, pour rappel, il reste pertinent de mentionner la méthode, quand on sait qu'il y en avait une autre...

Sauf que celle-ci on l'avait abandonné depuis longtemps, et on c'est pas sans raison. Donner directement du pouvoir à des pseudo héros qui s'en servaient pour faire la guerre, c'était clairement pas la meilleure des idées qu'on ait eues.

Justement, on a pris la solution où Lirinah va souffrir, et il faut bien le raconter, sinon à quoi bon perdre notre temps à en parler ?

Parce qu'il n'y a plus à en dire que...

Oui mais ça, on va le garder plus plus tard. À ce moment de l'histoire, ce n'était pas encore d'actualité. Donc revenons-en à Lirinah qui eu une très bonne idée pour quitter discrètement le palais, puisque ses parents la faisaient surveiller depuis le mariage.


Elle avait toujours su comment faire semblant d'être malade quand elle voulait éviter des réunions diplomatiques au qui l'ennuyaient, et s'était bien arrangé ce pour que tous soient persuadés qu'elle allait rester le lit toute la nuit. Trois jours plus tard, elle mit donc son plan à exécution, et rejoignit Kendraff dans la forêt à mi-chemin entre son village et le palis, dans une clairière bien connue pour eux. Elle se montra surprise en voyant qu'il l'attendait avec un énorme sac qui semblait très lourd.

  • Bonsoir, comment vas-tu depuis la dernière fois ?

  • Plutôt bien, si on oublie que j'ai passé tout le mois à la forge pour toute punition, répondit Kendraff en montrant des traces de rougeur due à la chaleur du feu sur son visage et son coup. Et toi ?

  • On m'a juste interdit de quitter le palais, et fait surveiller, mais ça ne m'a pas empêché de venir ce soir !

  • Je vois que tu es toujours aussi...

  • Sauvage? C'est ce que tu voulais dire, non ? Tu peux le dire, je prendrais ça comme un compliment.

  • J'aurais dit insouciante et imprudente.

  • Et sinon, c'est quoi ce gros sac, là ?

  • On s'occupera ça plus tard. Pour l'instant, je vais te monter où auront lieu nos entraînements.

Kendraff emmena la princesse au plus profond de la marée verte en direction du roc, où cette dernière fût alors surprise, quand Kendraff dégagea un passage de ronce qui masquait le chemin. Celui-ci les conduisit au pied de la montagne, dans un lieu un spectacle des plus inhabituels dans cet océan de végétation. Lirinah resta les yeux pétillant d'émerveillement en voyant le décor se situant de l'autre côté d'un épais tunnel de ronce. La forêt formait une clairière autour d'une source chaude dans laquelle se reflétait le clair de Lune, et une caverne était creusée par l’érosion causée par la vapeur d'eau. Devant la beauté du décor, la jeune fille semblait être comme dans un rêve irréaliste, et elle se montra curieuse en savoir plus :

  • Comment as-tu trouvé cet endroit ?

  • Disons qu'à force de voir cette montagne, depuis mon village, j'ai eu envie d'explorer les environs. C'est ici que je viens quand je souhaite rester seul et faire le vide dans mon esprit. On sera bien caché, mais il vaudrait ne l'utiliser que part nécessitée.

  • Bien pensé, mais pour ce qui est du sac ?

  • Tu ne renonces jamais toi. Là-dedans, il y a du matériel pour nous entraîner, tu comprendras avec le temps. Cependant, tu devras le garder chez toi sans te faire prendre, pour limiter nos rendez-vous nocturnes si on veut éviter d'éveiller les soupçons.

Kendraff ouvrit le sac, et il en sortit son contenu : une longue et large épée de fer, une chemise de mailles d’acier, ainsi que des bracelets et des jambières de même matière. Le tout était volontairement conçu pour être très lourd, afin de forcer les guerriers débutants à développer une force, une vitesse et une résistance, largement supérieures aux capacités physiques d'un adulte normal. Tel était le secret de la puissance du clan de Kendraff, car ils étaient les seuls à savoir concevoir ce genre d'équipement très lourd, tout lui en conservant une taille normale. Lirinah comprit vite que cet équipement serait pour elle puisque Kendraff portait déjà le sien.


Lui, se tourna pour qu'elle puisse se changer en toute tranquillité, et se retourna vers elle quand elle eût finie afin qu'il puisse lui attacher bracelets et jambières. À mesure que Kendraff l'équipait, Lirinah était écrasée par tout ce poids, ainsi que gênée dans ses mouvements. Lorsqu'il eût terminé, elle se retrouva immobilisée à quatre pattes au sol, ne pouvant plus bouger aucun de ses membres, et ne manqua pas de le faire remarquer, tandis qu'elle fournissait un effort incroyable pour ne pas finir à plat ventre :

  • C'est beaucoup trop lourd ! Comment veux-tu que je m'entraîne, je ne peux même plus bouger !

  • Arrête de te plaindre ! C'est justement ça la première partie de ton apprentissage : réussir à te déplacer normalement avec tout ce poids.

  • Mais tu plaisantes j'espère ?

  • Pas du tout ! Quand tu te seras habituée au poids, on passera à la suite.

  • Mais cela va me prendre des semaines, même des mois.

  • Je t’avais prévenu que ça serait difficile ! Tu peux toujours abandonner si ça ne te plaît pas. Je te signale que je risque gros en acceptant de t'entraîner, alors si tu me fais perdre mon temps pour rien, je ne vois pas l'intérêt de continuer à m'attirer des ennuis.

  • Jamais ! répliqua farouchement Lirinah, en rampant au sol pour se mouvoir dans un premier temps.

Lirinah passa des heures à essayer de s'habituer son équipement en commençant par tenter d'avance à quatre pattes, tel un nourrisson qui apprenait à se déplacer. Elle qui était une princesse, jamais elle n'avait ressenti ce sentiment : dans cette position de faiblesse, elle se sentait honteuse comme si le seul but de cet exercice avait été de l'humilier. À la fin de cette première séance, même après que Kendraff lui enleva le poids qu'elle avait aux bras et aux jambes, elle pouvait à peine à se relever et se mouvoir. Quand par la suite, la fatigue l'empêcha de rester sur ses appuis plus longtemps, Kendraff l'avait fait ramper au sol quand afin qu'elle continue de se muscler. Épuisée, elle au moins fut soulagée d'avoir la force de retirer elle-même le son équipement, lui évitant une situation des plus gênantes. Une fois de retour dans ses habits normaux, la jeune fille se sentait si légère qu'elle eut l'impression d'avoir retrouvée instantanément une partie de ses forces. Elle rentra au palais avec beaucoup difficulté, devant en plus emporter son lourd équipement, après que Kendraff lui ait indiqué comment revenir ici, sans qu'elle se perde.


Bien que pressé de progresser, Lirinah eût besoin de beaucoup de temps pour finir cette partie de l'entraînement, ne pouvant pas s'y consacrer autant qu'elle l'aurait voulu car elle se devant être discrète. Pour compenser, elle dormait avec la nuit, moment où elle savait que personne ne viendrait la voir. Quand ses parents devaient s'absenter, elle simulait la fatigue ou la maladie, afin de pouvoir rester seule dans sa chambre et s'habituer cette fois-ci à bouger et se déplacer. Au bout de quatre mois, Lirinah arrivait parfaitement à se mouvoir et même à courir avec, bien qu'elle devait se limiter à faire le tour de sa chambre.

Je tiens à signaler qu'avec son corps frêle et fragile, elle aurait dû mettre plus de temps.


Je tiens à rappeler qu'elle a déjà réussi à ne pas se faire prendre, et ça grâce à nous. Alors elle n'était plus à une petite aide de plus.

Mais ça commençait à faire beaucoup, surtout pour nous qui avions une interdiction d'intervenir.

Pas le droit d'intervenir directement. Là, c'était de façon détournée, quelques bénédictions par-ci par-là, ça va, non ?

Oui, tant qu'on en abuse pas. Mais il faut rappeler qu'elle a fait le plus dur par elle-même, donc ça passe.


Retournons donc à la formation de notre princesse, qui put enfin commencer l'étape suivante : le maniement de l'épée. Kendraff lui donna rendez-vous pour une nouvelle séance d'entraînement, et il fallut encore beaucoup de temps à Lirinah pour valider cette partie de sa formation. Il lui avait montré tous les mouvements de base à l'épée, pour qu'elle puisse essayer de les reproduire elle-même, car, comme pour la première étape elle dû travailler chez elle afin de limiter leur rendez-vous nocturne. Une fois cette phase finie, Kendraff lui annonça qu'elle n'avait plus besoin plus cet équipement, pour le reste de son apprentissage, et Lirinah ne comprenant pas pourquoi.

  • À quoi ça a servi que je m'habitue à tout ce poids ?

  • C'est simplement, ton corps est trop adapté au poids actuel, du coup tes muscles se développent beaucoup moins.

  • Et c'est quoi la suite ?

  • L'apprentissage du combat.

  • Ce n’est pas trop tôt !

  • Ne te réjouis pas trop vite, ça sera encore plus difficile.

  • Mais moins ennuyeux.

Lirinah rentra chez elle, impatiente de commencer sa prochaine, et s’endormit rapidement, épuisée. Au réveil, elle affichait un visage anxieux, ne sachant pas ce que lui réservait Kendraff. Elle repensa à la première fois qu'il lui avait fait portait son équipement, et de l'humiliation qu'elle avait ressentie, commençant à avoir le cœur serré dans sa poitrine, ainsi que la respiration rapide et saccadée. Pourtant, elle ne reçut pas de message de Kendraff pendant presque un mois, se montrant frustrée de rester dans le doute et l'ignorance.


Quand Kendraff lui donna enfin rendez-vous, Lirinah en fut alors soulagée. Elle le rejoignit, ravie, au point de rencontre habituel, mais dut se faire plus discrète : ses parents commençaient à s'inquiéter sur que leur fille se couche si tôt par moment. Par chance, la jeune princesse réussit à justifier son comportement comme les simples conséquences de son entrée dans l'adolescence. Elle arriva enfin au rendez-vous fixé par Kendraff, bien qu'en retard et son premier réflexe fut de s'expliquer :

  • Excuse-moi de t'avoir fait attendre, mais ça devient de plus en plus difficile de quitter le palais.

  • Je comprends bien, et c'est pourquoi je t'ai prévu une étape de plus.

  • Comment ça, une de plus ?

  • Je vais t'apprendre à te déplacer furtivement. Ce sera plus facile pour toi de sortir du palais car pour la suite de ton entraînement, il nous faudra nous voir beaucoup plus souvent.

  • Pourquoi n'a-t-on pas fait ça dès le début ? On aurait gagné du temps et prit moins de risque.

  • Ça aurait été une bonne idée si ta constitution physique avait déjà été convenable, expliqua Kendraff en passant son épée le long de ses jambes pour lui en indiquer l'épaisseur qu'elles avaient acquise au niveau des cuisses. C'est pour ça que je t'ai forcé à porter un équipement aussi imposant, afin de te solidifier le corps.

Bah voilà, preuve qu'on est pas intervenu tant que ça. Sinon, elle n'aurait pas eu besoin d'apprendre la furtivité.

Oui, mais elle devait quand même, surtout quand on sait les conséquences de cette étape.

En effet, mais là, Lirinah avait surtout une toute autre question tête...

  • Et tu comptes t'y prendre comment maintenant, pour m'apprendre la suite ? Tu vas encore t'attaquer à mon physique avec des trucs super lourds ?

  • C'est très simple, tu vas devoir réussir à te fondre dans le décor, à te déplacer sans que je puisse te repérer.

  • Tu me demandes donc de devenir invisible ? Mais c'est impossible, ça n'existe pas des gens comme ça, sauf par magie.

  • Effectivement, mais je te propose plutôt d'essayer d'être la plus effacée et discrète que tu le peux. À chaque fois que je te saisirais ou que je te verrais, on recommencera. Et quand je te dis t’attraper, je parle surtout de te plaquer au sol, histoire que tu puisses apprendre aussi à esquiver.

Ils passèrent donc les semaines suivantes à pratiquer un petit jeu de traque, auquel Lirinah semblait prendre beaucoup plus de plaisir qu'avant. Elle progressa plus vite dans cet exercice que dans les autres. En moins de deux mois, elle était devenue suffisamment rapide, et discrète pour pouvoir échapper plus longtemps au pistage de Kendraff, bien qu'elle n'ait jamais réussi à gagner contre lui à leur petit jeu. Lirinah pouvait désormais plus facilement entrer et sortir du palais sans se faire repérer.


Kendraff décida donc d'en revenir à l'étape de l'apprentissage du combat. Il avait choisi de commencer par les techniques à mains nues. Lors de la séance d'entraînement, Lirinah fut surprise de le voir quand même arriver avec un sac, alors qu'il lui avait dit qu'elle n'utiliserait plus son équipement. Lirinah semblait avoir un mauvais pressentiment, affichant un air d'incompréhension.

  • Il y a quoi dans ce sac ?

  • Une nouvelle panoplie de combat pour toi.

  • Mais je croyais que j'en avais fini avec ça ?

  • Celui de l'autre fois oui, mais je n'ai jamais dit que tu n'en aurais plus à porter. Celui-ci est bien plus lourd que l'ancien, mais cette fois-ci, tu devras t'habituer à son poids tout en apprenant le combat à mains nues.

  • Ça ne va pas plutôt tout compliquer ?

  • Si, mais ça sera plus efficace ! s'énerva Kendraff, qui commençait à désespérer d'entendre la jeune fille remettre ses méthodes en question. Tu es encore trop frêle pour pouvoir tenir le rythme d'un affrontement réel.

  • Trop quoi ? Si ça continue, je pourrais difficilement cacher que je m'entraîne avec toi si je ressemble à un tas de muscles sur patte.

  • Cesse de te plaindre, ce n'est pas près d'arriver, car il faudrait déjà que ton corps ait fini de développer une carrure beaucoup plus épaisse pour ça. Et si c'est ta féminité qui t'inquiète, il fallait y penser avant de me demander ce service.

La jeune femme prit le sac en faisant la moue, puis, quand le guerrier eût le dos tourné, elle mit son nouvel équipement avec beaucoup de peine. Elle constata qu'il était beaucoup plus lourd que ce qu'elle avait imaginé. Lirinah estimait qu'il exagérait de lui faire porter ça, avec tout le mal qu'elle avait eu pour s'habituer à son ancien équipement. Elle se sentait frustrée de devoir recommencer quelque chose d'aussi dur et pénible. Lirinah commença par apprendre les techniques à mains nues, tout en s'acclimatant à sa nouvelle panoplie.


Quand elle fut un minimum à l'aise dans ses mouvements, Kendraff la fit combattre contre lui, afin que celle-ci s'habitue aux affrontements en condition réelle. Au début, Lirinah avait tendance à frapper dans lentement et souvent à côté de sa cible. Avec le temps, elle commença à placer des coups plus précis et plus rapides, même si cela restait très mou pour Kendraff. Il s'en amusait en esquivant avec facilité les attaques de Lirinah.


Un soir, Kendraff choqua en arrivant avec un sac entier de pierre de la taille d'un œuf de poule. En voyant cela, la jeune fille en fut intriguée, mais eut surtout un très mauvais pressentiment le regardant tracer un large cercle autour d'elle.

  • C'est quoi toute cette mise en scène ? Tu comptes faire quoi avec ces pierres ?

  • C'est très simple. On va travailler ton esquive et pour cela, tu vas devoir t'exercer à éviter les projectiles que je vais te lancer.

Lirinah regarda les roches dans le sac avec ses yeux écarquillés, affichant un visage apeuré et tremblant de la tête aux pieds. S’il arrivait de temps en temps, à la jeune princesse scandinave de remettre en question l'entraînement qui lui était dispensé, cette fois-ci elle s'en indigna et se révolta:

  • Tu es complètement fou ! On doit être discret, et toi, tu veux m'esquinter tout le corps à grand coup de pierre ?

  • Ton équipement de protection, tu crois que ce n'est fait que pour t'habiller ? Et puis, si tu ne veux pas être blessé, tu n'as qu'à les éviter. Mais si tu préfères tu peux rentrer chez toi !

La jeune fille ne répondit et se replaça dans le cercle, tout en conservant son indignation sur son visage. Kendraff, lui, avait déjà saisi une pierre dans sa main. Il la lança avec force et précision en direction de Lirinah qui reçut le projectile directement et de plein fouet dans la hanche droite. À genoux, elle se mit à gémir de douleur. Kendraff ne plaisantait vraiment pas concernant cet exercice et il continua à lui envoyer pierre après pierre jusqu'à la fin de leur nuit d'entraînement. Elle rentra chez elle endolori, les larmes aux yeux, et le lendemain matin, elle constata que son corps était couvert d'hématomes violacés. Elle fut bien à heureuse à ce moment-là qu'elle soit suffisamment âgée désormais pour qu'on la laisse se laver seule, et que personne ne sache pour entraînement en voyant les conséquences. Une chance aussi, que Kendraff ait volontairement visée des zones que ses vêtements cachaient aisément.


La séance de torture se prolongea durant des mois entiers. À la fin de cette période, Kendraff constata qu'elle réussissait au moins à éviter deux pierres sur trois, il mit un terme à l’exercice, estimant que ses capacités d'esquive s'étaient améliorées. Cependant, ces divers exercices avaient, avec le temps, créé un scénario que Kendraff n'avait pas prévu et qui commençait à gêner leurs séances d'apprentissage. Cela faisait bientôt deux ans que Lirinah avait débuté sa formation, lorsque pour ses seize ans, elle reçut un cadeau spécial de la part de Kendraff. Elle avait connu une croissance fulgurante et les vêtements d'entraînement ainsi que son équipement était devenu trop petit pour elle.

Il aura quand même mit du temps à s'en rendre compte. C'est pas comme si elle venait juste de grandir sous ses yeux.

Disons surtout que son regard vis-à-vis d'elle n'était pas le même. Passant d'élève à jeune femme. Mais soit, ce n'est pas si important.

Ho que si! Deux adolescents de seize ans, seuls la nuit en forêt, c'est déjà un miracle que ça n'ait pas dégénéré.

Mais ce n'est pas ce qui nous intéresse pour l'instant. Leur relation était purement amicale et guerrière. Alors pas la peine de s'étendre sur le sujet. Regardant plutôt le reste des cadeaux de Lirinah.

Et on va devoir faire toute la liste ?

Bien sûr, car ce n'est pas rien: avec ça, elle n'était plus seulement une apprentie guerrière dans son âme et son corps mais en avait presque la même apparence que les membres du clan de Kendraff. En plus de l'épée et la dague d'argents qu'il avait décidé de lui offrir, il en profita pour lui donner une tunique noire sans manche, rallongée au niveau des jambes. Mais aussi, des bracelets de bronzes, ainsi que des bottes et des gants de combat. Puis enfin, une chemise de mailles en acier trempé sombre.

  • Merci, je ne sais vraiment pas comment te remercier pour ça, dit-elle en rougissant.

  • Désolé, mais j'imagine que ce n'est pas le genre de présent, que l'on fait à une jeune fille de seize ans, et encore moins à une princesse. Mais en vérité, je ne savais pas quoi t'offrir d'autre.

  • Ne t'en fais pas, je n'aurais jamais pu espérer de meilleur cadeau. C'était vraiment une bonne idée.

Elle s'absenta quelques instants essayer son nouvel équipement, et put constater qu'il était parfaitement adapté à ses mensurations. Le tout était très léger, y compris sa dague et son épée devenues ainsi très faciles à manier. Elle comprit alors pourquoi le clan de Kendraff avait acquis une telle réputation pour la forge. Kendraff s'adressa Lirinah avant de prendre congé pour le reste de la nuit :

  • La dernière étape de ton entraînement sera longue, mais ensuite tu seras prête à te défendre toute seule.

  • Et en quoi va-t-elle consister ?

  • Tu vas devoir finir d'apprendre le maniement de l'épée en développant ton propre style de combat. Je pense t'avoir mis sur la voie, en te donnant les armes qui, à mon avis, te correspondent le mieux.

  • Je suis impatiente de commencer, car avec les cadeaux que tu m'as offerts je me sens prête à affronter le monde entier.

  • Ça n'a rien d'amusant et tu risques de détester cette partie de l'entraînement. Tu vas devoir faire le plus gros du travail seule. Mais tu devras attendre un peu.

  • Pourquoi ça ?

  • Les membres de mon clan doivent passer une épreuve initiatique l'année de leurs seize ans. Et comme cela fait quatre mois que je les ai eus, celle-ci est donc pour bientôt.

  • Et en quoi va consister cette épreuve ?

  • C'est une quête, mais je ne peux pas t'en dire plus. Même moi, je n'ai pas le droit de savoir à l'avance ce que j’aurais à affronter.

  • En tout cas, promets-moi d'être prudent, s'il te plaît.

  • C'est toi qui me parles de ça ?

  • Je suis très sérieuse !

  • Ne t'inquiète pas, je te promets d'être prudent.

Kendraff n'avait pas voulu insister, pour éviter une dispute inutile avec Lirinah. Elle lui souhaita bonne chance pour son épreuve, puis sans prévenir elle l'embrassa sur la joue, et le remercia une dernière fois pour ses cadeaux avant de rentrer chez elle.

Comme c'est mignon...


Mais chut ! Vous venez de gâcher ce moment tendre et émouvant ! Donc concentrons-nous sur Kendraff, qui resta déconcerté, incapable de comprendre ce qu'il lui était arrivé, et pourquoi. Il était vrai qu'ils étaient devenus de bons amis, avec le temps, mais il trouva qu'elle y allait un peu fort, là. Cependant, il préféra ignorer ça pour l'instant, car une grande épreuve l'attendait, même s'il savait qu'il n'oublierait pas un tel geste de la part de Lirinah.

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