Chapitre 3: Demande et bataille de volonté.

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Arrivé devant la maison d'Arkar, tout le groupe entra dans le bâtiment, mais quand Kendraff allait passer la porte à son tour, il sentit quelque chose le retenir. Lirinah l'avait attrapée par le bras, et l'empêchait d'avancer. Kendraff se demandait ce qu'elle pouvait bien lui vouloir, alors qu'elle ne lui avait apporté que des problèmes les deux fois où il avait croisé sa route. Mais il faut croire que ces rencontres étaient inévitables, enfin disons surtout que certains les ont...


Stop ! N'en dites pas plus. Et c'est ici un moment tendre et important de ce récit. Merci de ne pas y ajouter l'un de vos commentaires. Suivons plutôt cette scène attention.


Soit, contons avec assiduité.


Tandis que Kendraff affichait un air d'incompréhension, Lirinah le tirait un peu à l'écart de la demeure. Ils restèrent seuls un moment devant la maison sans se dire un mot, jusqu'à ce que Lirinah s'exprime la première :



  • Excuse-moi, je suis désolé... Cela fait deux fois que je te mets dans une situation difficile.

  • En effet, et pourtant je t'avais prévenu, tu prends des risques inutilement.

  • Je sais...


Bien que sa réponse soit timide, Lirinah paraissait quand même joyeuse en l'entendant rappeler leur première rencontre, comme si elle appréciait qu'il s'en souvienne lui aussi. Cependant, Kendraff, lui, ne semblait pas avoir envie de rire de cette situation, et lui montrait clairement qu'il lui en voulait encore des problèmes qu'elle lui avait créés.



  • Pourquoi avoir refait la même erreur dans ce cas-là ? Surtout qu'à cause de toi, cela fait deux fois que je me retrouve à subir les reproches de mon père, alors que cela n'était jamais arrivé avant.

  • Je souhaitais juste m'excuser auprès de toi, pour la dernière fois. Mais tu n'étais pas avec les autres, donc j'ai regardé chez toi et dans le village sans te trouver, alors j'ai pensé au bosquet.

  • Tu t'es permis de fouiller ma maison! Être une princesse ne te donne pas tous les droits !

  • Non, je te cherchais c'est pas pareil !

  • Ça en revient au même !


Pour une raison difficile à saisir, Kendraff s'énervait facilement vis-à-vis de Lirinah, comme si elle faisait tout pour le provoquer. De plus, le statut de princesse de la jeune fille l'empêchait de lui répondre, alors qu'il ne parvenait pas à cacher qu'il en rêvait. Ce détail était si visible que Lirinah en profita pour lui accaparer encore plus de temps.



  • Tes dagues sont plutôt belles.

  • Pourquoi tu me parles de ça d'un seul coup ?

  • Pour rien, je pensais juste que j'aimerais bien en avoir une comme celles-ci.

  • Et tu ferais quoi avec?

  • Tu m'as bien dit qu'il était dangereux de se déplacer seul, et sans arme. Avec une lame comme les tiennes, je pourrai mieux me défendre.

  • Cela ne sert à rien, si on ne sait pas comment l'utiliser!

  • Dans ce cas-là, apprends-moi.

  • Quoi ?


Cette fois, le visage de Kendraff se figea de surprise. Une princesse, qui voulait manier les armes ? Cela était tout sauf une chose habituelle. Et puis, pourquoi lui demander ça à lui ? Elle lui causait suffisamment de problèmes comme ça, elle n'avait pas besoin de lui en attirer d'autres avec un caprice aussi soudain et irréaliste.



  • J'y ai songé après notre première rencontre quand je t'ai vu t'entraîner dans les bois, tu semblais très fort et très rapide, tu es donc bien placé pour m'apprendre. Et puis, tu es surtout le seul à qui je puisse demander ça, sans que personne n'en sache rien.

  • Mais enfin c'est impossible, je ne peux pas même si tu songeais à m'en donner l'ordre, l'autorité d'une princesse ne pourrait changer la situation.

  • Ce n'en est pas un ordre, mais une faveur que je te demande.

  • Dans ce cas, je ne peux encore moins, et cela ne m'incite pas à y réfléchir. Il nous interdit d'entraîner une personne étrangère au clan. On ne peut que dans de rares exceptions, et tu n'en fais pas partie même en tant que princesse du Domaine de l'Ouest. De plus il faut l'autorisation du chef en place, et je ne l'aurai jamais.

  • Mais si on est discret, personne ne l'apprendra jamais ! Et puis tu as parlé d'exception. Si tu m'expliquais lesquelles, on pourrait peut-être trouver une solution?

  • Je te l'ai dit, c'est impossible. On ne peut pas briser nos règles aussi facilement. Et puis, même si je sais qu'il y en a, cela ne te concerne pas.

  • Je te pensais plus courageux, et plus audacieux que ça. Mais il semblerait que tu sois soumis par vos lois, que tu refuses d'enfreindre alors que je suis sûre que tu n'en connais qu'une partie.

  • Ce n'est pas une question de bravoure, mais de bon sens! Si jamais je cédais à ta demande et qu'on était découvert, avec ton rang ce serait une catastrophe pour moi, mais aussi pour ma famille et le clan. De plus, je sais au moins pourquoi il est interdit d'entraîner quelqu'un en dehors de notre faction.

  • Et pourquoi donc ?

  • Ce qui fait notre réputation ce sont nos capacités exceptionnelles pour le combat et la forge. C'est pour ça qu’on ne forme personne en dehors du clan, car notre méthode doit rester privée.


C'était surtout parce qu'ils devaient absolument de conserver un écart de puissance suffisamment grand avec l'ensemble de la population du royaume, y compris les soldats et autres combattants en dehors du clan. C'est sûrement pour ça qu'ils cultivaient autant le secret et l'entre-soi...


Ne deviez-vous pas éviter tout commentaire ? Je crois que vous vous êtes un peu lâché sur cette dernière information.


C'est faux, c'est une précision utile au récit. Mais plus important, c'est que tous ces arguments ne suffisaient pas pour mettre fin aux débats. Kendraff était loin d'être tiré d'affaire, car Lirinah était bien décidée à insister :



  • Je comprends, même si je te promets de ne rien dire, j'imagine que tu ne céderas pas si aisément. Mais de toute façon, je continuerai à te harceler autant qu'il le faudra, et tant pis si cela doit me prendre des années ! Tu ferais mieux de dire oui tout de suite, ça te facilitera les choses.


Kendraff n'eut pas le temps de répondre, car la porte de la maison s'ouvrit, pour laisser sortir les invités d'Arkar. Ils se saluèrent, avec un calme qui témoignait de la fin du conflit qui régnait entre eux, bien que les parents de Lirinah affichaient de même un visage révélant une chose. Même s'ils la toléraient, ils étaient toujours mécontents de la situation.


L'année s'écoula rapidement, et Lirinah et Eldah s'échangèrent souvent de la correspondance. Cela put se faire grâce à l'enchanteresse, qui avait offert un corbeau messager à la princesse. Elle avait vite deviné que la jeune fille était dans le même cas qu'elle, et elle avait très envie d'apprendre à la connaître mieux, de s'en faire une amie. Durant leur relation épistolaire, Lirinah demandait souvent conseil à Eldah plus âgée de trois ans. Mais sans surprise pour elle-même, la personne à qui Lirinah envoyait le plus de lettres n'était autre que Kendraff.


Ha d'accord ? Donc leur correspondance sera seulement évoquée en quelques lignes ? N'y a-t-il pas plus à en dire ?


Nous aurions pu nous étendre davantage, mais ici, c'est un autre échange épistolaire qui doit retenir notre attention, car il a eu plus d'importance dans cette histoire. Au point, que je ne peux m'empêcher de citer quelques passages, même s'ils sont assez banals, puisqu'ils reflétaient plus que bien la situation entre Kendraff et Lirinah.



«Comment vas-tu en ce moment? J'espère que tu ne m'as pas oublié et que tu as fait l'effort de réfléchir à ma demande».



Kendraff ne comprenait pas pourquoi elle voulait tant apprendre à se battre, il faisait preuve de politesse en lui répondant. Cependant, il faisait bien attention à feindre l'ignorance, faisant tout simplement comme si elle n'écrivait jamais rien à ce sujet.



«Je vais très bien bien en ce moment, je m'entraîne tous les jours comme à mon habitude. Tu m'avais demandé quelques choses ? Je ne m'en souviens pas. En tout cas j'espère tu te portes bien de ton côté également».



Lirinah était vexée qu'il faisait exprès de ne pas comprendre. Mais comme ses parents se rendaient souvent dans le village de Kendraff, elle faisait semblant de se monter plus calme, et plus sage, car ainsi, elle pouvait alors les accompagner à chacun de leurs déplacements. Elle était persuadée que Kendraff ne pourrait pas esquiver le sujet, s'il se retrouvait face à elle. Sauf si les premières fois, Kendraff ne put anticiper les visites de Lirinah, avec le temps il savait que quand Lirinah n'écrivait rien pendant plus d'une semaine, cela voulait dire que sa venue était imminente.


c'est surtout qu'on avait demandé à une certaine personne d'arrêter de se mêler de cette d'affaire, et de faciliter la tâche à Lirinah.


Certes, mais même sans ça, Kendraff aurait trouvé la solution. Il était jeune pas idiot. Et en plus il parvenait toujours à donner un bon prétexte pour s'absenter. Mais Lirinah, elle aussi, était loin d'être stupide, et avait fini par deviner sa façon de procéder. Afin qu'il ne puisse anticiper ses visites, elle se mit à lui écrire avec des intervalles de temps irréguliers.


Sauf que la chance finit par tourner en faveur de Kendraff, car tout comme elle les fêterait bientôt, il venait d'avoir treize ans. Suite à cela, son père commença alors à renforcer ses entraînements de façon plus fréquente et bien plus dure. Kendraff était si fatigué qu'il répondait moins à la jeune princesse. Mais malgré ça, aucun des deux ne renonçait. Le temps s'écoulait ainsi avec un bras de fer mental entre les deux adolescents qui n'évoluait pas du tout, et Lirinah venait tout récemment de fêter son quatorzième anniversaire, quand elle reçut une lettre d'Eldah qui lui fit plaisir:



«Ma très chère Lirinah, bien qu'on ne soit pas les plus proches amies du monde, je tenais cependant à ce que tu sois à mes côtés pour mon mariage. Et puis, je n'imagine personne d'autre qu'une amie comme toi pour ce grand jour, porte-toi bien et j'espère que tu accepteras cette faveur que je te demande.»


Elle trouva le message touchant. Bien sûr qu'elle allait accepter, surtout que cette nouvelle l'arrangeait bien plus que la future mariée. Kendraff serait le témoin de Kilvar, et ne pourrait pas lui échapper. Après avoir eu la permission de ses parents, qui étaient surpris, mais ne trouvèrent rien à redire, elle s'empressa de confirmer sa présence à Eldah. La cérémonie aurait lieu dans un mois. Lirinah cessa donc d'envoyer des messages à Kendraff, puisqu'elle le reverrait bien assez vite.

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