La page blanche - partie 3

14 minutes de lecture

Je fais en voiture un trajet de 10 minutes qui m'en aurait pris 40 à pieds. 10 minutes à l'issue desquelles je me gare devant la maison de la personne de mon entourage à qui j'ai demandé de bien vouloir supporter ma présence cette après-midi.

Une maison facilement reconnaissable grâce au fait qu'elle a fait sa décoration avec des fleurs aux fenêtres, aux portes et sur les terrasses.

Une fois garé – en cul –, je sors de la voiture, sans l'enthousiasme qui m'aurait animé en temps normal, après avoir empoigné le sac dans lequel mon ordi sommeillait dans l'attente d'être à nouveau sollicité. Je verrouille ma voiture puis me dirige vers la porte d'entrée en marchant tranquillement, sans vraiment me presser.

Les pieds sur le palier, je sonne. J'aurais juré que mon hôte s'était tenue au garde à vous entendant ma voiture arriver car la porte fut ouverte dans les 30 secondes qui suivirent la première sonnerie.

De la même taille que moi, elle a attaché ses cheveux châtain en queue de cheval, ce qu'elle fait de temps en temps. Et je vois qu'elle a opté pour un chemisier blanc ainsi qu'un pantalon jeans bleu pour démarrer sa journée ce matin.

Je souris, amusé.

– Toujours aussi réactive. Au moins je sais à qui m'adresser quand j'ai une urgence.

Elle s'écarte pour me laisser entrer.

– J'ai cru comprendre qu'en l'occurrence, c'en était une, me répond-elle.

– En quelque sorte, oui. Ça pourrait être un détail pour toi, mais pour moi ça veut dire beaucoup.

Elle émet un petit rire à ma référence et m'invite à m'asseoir sur le canapé en me proposant quelque chose à boire, ce que je refuse.

Je sors mon ordinateur pendant qu'elle s'installe à mes côtés sur son canapé ; il ne lui en faut pas plus pour saisir la nature du problème.

– Arrête-moi si je me trompe… Tu as du mal à démarrer ?

– Tu as l'esprit toujours aussi aiguisé.

– Dis-moi à quoi d'autre te sert ton ordinateur si ce n'est pas pour t'aventurer à droite et à gauche sur Internet ? Les jeux vidéo, ce n'est pas ton truc, for aught I know.

« Pour autant que je sache », traduis-je systématiquement dans mon esprit. Il m'arrive d'oublier que ma collègue littéraire parle un anglais très courant, ce qui n'est pas commun dans notre petite communauté. Il y a seulement deux autres personnes comme ça qui parlent espagnol pour l'une et allemand pour l'autre. En ce qui me concerne, j'estime avoir un niveau d'anglais correct.

– Good point, réponds-je d'un ton amusé. Je suis en train d'essayer de démarrer un nouveau roman depuis hier soir, mais j'ai un frein dans la tête. Ça ne veut pas se mettre en route. Je suis venu quémander de l'aide.

– Ça a le mérite d'être franc, nota-t-elle.

– Je n'ai jamais été doué ni pour les mensonges, ni pour les tergiversations. Ce n'est un secret pour personne. Bref, tu veux bien avoir la gentillesse de m'aider ?

– Absolument ! lance-t-elle. À quoi servirait-il d'écrire, dans le cas contraire ? En communauté, qui plus est.

Je souris et allume enfin mon engin.

– Je suis la première que tu es venu voir depuis hier soir ou bien y a-t-il eu quelqu'un d'autre avant moi ?

– Tu es la deuxième.

– D'accord.

Elle ne m'en demande pas plus. À son air soucieux, je crois deviner qu'elle craint de ne pas être capable de savoir comment m'aider à résoudre mon problème, même si elle en connaît déjà la nature…

Le démarrage de mon ordinateur s'achève ; j'ouvre mon Word et je me confronte derechef à ma page blanche, soutenu cette fois par ma partenaire.

– Voilà, dis-je. Le syndrome de la page blanche. Diagnostiqué par le précédent.

Elle ne dit rien. Un ange passe.

– Tu veux que je te raconte les grandes lignes ? Ou bien les petits changements que j'ai envisagés depuis tout à l'heure ?

– Non, je réfléchis… Si tu sais déjà quel sera le début de ton histoire, c'est-à-dire, le passage exact par lequel elle va démarrer, tu ne devrais pas avoir un tel problème.

– Et pourtant, ça me turlupine.

– Je vois ça. Tu sais, si l'autre personne à qui tu as exposé ton problème n'a pas trouvé de solution pour toi, je ne vois pas vraiment ce que je peux t'apporter de plus…

J'hésite avant de lancer ma proposition :

– Des conseils… ?

– Des conseils en quoi, pour faire quoi ? Ton problème, c'est de commencer ton histoire. Tu m'as proposé de me la raconter, ça veut donc dire que tu sais déjà ce que tu vas écrire, donc c'est un problème à éliminer d'entrée de jeu.

– En effet.

– Qu'est-ce qui te bloque, au juste ?

– Je n'arrive pas à mettre la main sur des mots qui sonnent suffisamment juste pour les garder.

– Ah… fait-elle, eh bien là, je crois que le problème vient de quelque chose en toi dont tu ne t'es pas encore aperçu de l'existence.

J'arque un sourcil avant d'avouer :

– Je ne comprends pas.

Elle change de position sur le canapé avant de continuer.

– Tu as l'air d'avoir tellement envie que ton nouveau livre soit ton masterpiece que tu voudrais qu'il soit d'une qualité inestimable, une sorte d'ouvrage légendaire, accessible seulement aux esprits les plus sophistiqués. Je me trompe ?

Je ne sais quoi répondre, surpris, je l'avoue, par cette hypothèse quelque peu fantaisiste.

– Ça fait combien de temps que tu travailles ton histoire ? reprend-elle.

– Grosso merdo, un an.

– Un an… Ça explique un peu que tu te soucies autant de trop bien faire. Il faut qu'une aussi longue préparation valle le coup. Tu ne veux te manquer à aucun prix. Je suis sur la bonne voie ?

Je trouve cohérent tout ce qu'elle me dit. Plus elle progresse dans son analyse, plus j'ai l'impression que c'est exactement la nature de l'embarras dans lequel j'ai le sentiment d'être.

Je hoche la tête, curieux de connaître la suite de ses réflexions fichtrement logiques.

– Peux-tu me refaire part de ton propre point de vue concernant ton problème ?

– Je peine à trouver les mots justes, répété-je sans marquer la moindre hésitation.

Elle me regarde et me sourit. J'aurais juré qu'elle venait de comprendre quelque chose de capital.

– Tu en as essayé ?

– Plein.

– Alors je crois que le vrai problème, ce n'est pas de trouver les premiers mots, mais plutôt de leur trouver la suite.

Elle ne me livre pas son hypothèse d'un coup mais par petits morceaux. Seulement, je commence déjà à me perdre, surpris par une telle conclusion…

– Je ne suis pas sûr de te suivre, là, je t'avoue…

– Alors dans ce cas, essaie de te rappeler ce que tu ressentais exactement quand tu écrivais tes mots d'accroche pour écrire ta première page.

J'essaie de suivre son conseil. Je fixe ma page blanche sans la regarder réellement, concentré sur ma recherche d'un quelconque souvenir de mes sentiments suite à mes échecs quant à écrire le début de mon récit…

Ma collègue attend patiemment mon verdict. Je ferme les yeux.

Je me rappelle certaines fois où j'ai trouvé des bons mots, où je les ai retranscrits de mon esprit sur ma page pixellisée, où je les ai lus et relus parfois une dizaine de fois. Je me souviens à chaque fois de la frustration que me causait le fait de trouver que finalement, ces mots ne seyaient pas du tout au début de mon récit, qu'ils ne collaient pas assez bien à ce nouvel univers…

Je me souviens également avoir été satisfait d'un groupe de mots trouvés… mais ayant pourtant décidé de les supprimer car je n'arrivais pas à continuer.

Je rouvre les yeux.

Elle n'a pas détourné son regard. Je le sens.

– Alors ?

J'hésite et songe encore quelques secondes, voulant être sûr de ma trouvaille introspective. Je tourne finalement la tête vers elle.

– Comme tu dis, je me souviens effectivement avoir trouvé parfois les mots justes, mais déphasés par rapport au ton de mon récit. Cependant, je ne suis pas sûr que tu aies raison… que ce soit vraiment la suite qui soit problématique…

– Tu as trouvé des mots assez bons pour les laisser tels quels, puis tu leur as cherché une suite sans la trouver, c'est oui ou c'est non ? insiste-t-elle patiemment.

J'hésite encore. Je suis un peu décontenancé.

– Oui, il me semble…

– Alors je ne crois pas qu'il faille aller chercher plus loin que ça. Si tu trouves des mots qui te plaisent mais que tu bloques ensuite, ça veut dire que le problème essentiel ne vient pas d'eux. Il vient de ce qui doit se trouver après.

– Mais… ça ne devrait pas être comme ça, normalement, protesté-je. Une fois la page blanche vaincue, ça va tout seul.

– Pas toujours, objecte-t-elle. Tu sais, il m’est arrivé plusieurs fois de commencer une histoire facilement et de me trouver dans une impasse au bout de deux pages. Dans ces cas-là, je récris toujours et ça finit par s’arranger. Je bloque à la deuxième page, je retombe à zéro et je grimpe jusqu’à 200 pages. Comme un trampoline, ajoute-t-elle avec un sourire amusé. D’ailleurs, j’ai appelé ça arbitrairement « l’effet trampoline » ! « The rebound effect » pour les plus intimes.

Je laisse échapper un petit rire en réaction à son anecdote en dernière partie puis médite attentivement ce qu'elle vient de me dire.

– Mais le problème, persisté-je, c'est que je sais à peu près de quoi je vais parler… J'ai du mal à concevoir ce que tu me dis. Même si c'est possible.

– Ça ne t'est jamais arrivé de ne pas trouver les mots exacts pour décrire une situation que tu te représentes clairement dans la tête ?

– Si, mais pas à ce point-là.

– Pourquoi ?

Nouveau silence. En me confrontant à ma partenaire, je m'aperçois par étapes qu'ayant travaillé mon chantier pendant un an pour une histoire dont je connaissais le film par cœur, je ne savais pas comment la mettre en page de manière concrète, littéraire…

– Ça me paraît si limpide…

– Pas tant que ça. Ou alors un peu trop. Tu n'as pas songé que ce pouvait être un problème d'inspiration ?

– J'y ai songé, plusieurs fois.

– Et donc ? Verdict ?

Je ne réponds pas, mais hoche négativement la tête.

– Écoute… je ne vais probablement rien t'apprendre, mais je vais te le dire quand même.

Je la regarde d'un air curieux et attentif, tandis qu'elle se repositionne dans son canapé.

– Ce n'est pas parce que tu connais l'histoire que tu vas écrire que l'inspiration est forcément au rendez-vous. Tu le sais, non ?

Je hoche cette fois positivement.

– Bien sûr. Si moi je ne le sais pas…

– Ça ne t'empêche pourtant pas de faire l'amalgame entre idées et inspiration. Ou même un problème de motivation…

« Motivation »… Le mot est venu tout seul dans sa phrase, de façon fluide, mais il m'est tombé dessus comme le contenu d'un seau d'eau.

Un problème de motivation ? Moi ?

Le pire, c'est que c'est tout à fait possible.

Elle se blottit au fond de son canapé en croisant les bras.

– Tu veux peut-être lire le début d'un de mes livres pour comprendre ce de quoi je parle ? Et, pourquoi pas, y trouver une inspiration ?

– Bien volontiers ! lancé-je, ne m'étant pas attendu à cette proposition.

Sur ce, elle se lève et s'élance en direction d'une pièce au fond du couloir que je suppose être sa chambre – je n'y suis jamais allé ; je n'ai jamais vraiment visité les maisons de mon entourage –, me laissant continuer à méditer seul son raisonnement.

Je n'ai pas même le temps de pousser très loin ma réflexion qu'elle revient déjà avec une édition d'une de ses œuvres entre ses doigts fins. Un livre qu'elle me tend avant de se rasseoir sur le canapé. Je le prends.

Elle aime faire graviter ses originaux autour de 200 pages, le nombre qu'elle a cité un instant auparavant. Dans cette édition, le livre en question en comprend entre 250 et 300.

Je l'ouvre pour lire le début en souriant à une remarque rassurante et taquine de sa part me disant que je n'étais pas obligé de le lire en entier, encore moins s'il ne m'intéressait pas. J'arrive sur la page d'ouverture du premier chapitre et lis le premier paragraphe. Comme me l'avait décrit le précédent, je suis happé. Son début et ses tournures semblent l'avoir fait naviguer de phrase en phrase sans s'arrêter, comme c'est le cas pour le lecteur – moi, en l'occurrence –. Je tourne la page et décide de m'arrêter à la fin du premier paragraphe de celle-ci.

Je lève les yeux vers elle. Elle sourit.

– Alors ?

Je lui souris à mon tour.

– C'est bien écrit et bien tourné. Et l'histoire a l'air captivante. Tu as trouvé les premiers mots et su leur trouver la suite qui leur correspondait, c'est ça ?

– Oui, mais j'ai été grandement aidée par mon inspiration, me rappelle-t-elle.

L'inspiration. La motivation… C'est ça qui me manque ?

– Tu sais, my friend, poursuit-elle, interrompant ma réflexion, le blocage de l'écrivain prend aussi sa source dans une grosse panne d'inspiration ou, moins directement, d'une grosse baisse de moral qui provoque cette panne. Il a beaucoup de sources. Tu es peut-être sujet à l'un de ces symptômes.

– Le premier m'a dit que je me mettais trop la pression en voulant faire trop bien. Un peu comme toi, en fait.

– Alors si nous sommes deux à en venir au même diagnostic, c'est qu'il y a de fortes probabilités pour que ce soit le cas.

– Une panne d'inspiration, peut-être causée par une baisse de régime, ou alors une trop grosse pression ?

– Oui. Ça peut aussi être autre chose. En plus ou entre autres. Si tu veux mon avis, tu devrais aller voir une troisième personne. Je ne sais pas, qui tu veux.

– Il va me dire les mêmes choses…

– Justement, ça ne t'aiderait pas si c'était différent. Fais-moi confiance. Éteins ton ordinateur et va voir quelqu'un d'autre.

– Ou alors je rentre chez moi et je continue à essayer de commencer ?

– Comme tu veux. C'est toi qui vois. Mais va quand même voir quelqu'un d'autre, ça ne pourra que t'aider.

Je hoche la tête. J'éteins ma machine, la replie et me lève du canapé.

– Merci de m'avoir consacré un peu de ton temps.

– Il n'y a pas de quoi ! Repasse quand tu veux. On est tous collègues, de toute manière. Je peux te prêter un livre si tu as besoin.

Je souris encore.

– Non merci, ça ira.

Elle me raccompagne à sa porte, je sors et, après un dernier geste d'au revoir, je m'en vais retrouver ma voiture.

Trop de pression… panne d'inspiration… baisse de moral. Ça m'aidera peut-être.

C'est la première fois que je fais face à un tel problème. Ça doit être la raison pour laquelle je me sens si désarçonné.

Le temps avait passé pendant ma discussion avec ma collègue de plume. À mon arrivée à la maison, l'après-midi se trouve à un stade avancé et commence à céder la place aux premières lueurs du crépuscule.

Je me gare, prends mes affaires, quitte ma voiture et rentre sous mon toit après l'avoir verrouillée. Je retourne de suite dans ma chambre pour y réinstaller mon ami électronique et, constatant que ma batterie avait eu le temps de s'épuiser pendant la journée, le mets en charge.

Ainsi, le problème est réglé. Si j'avais voulu rendre visite à quelqu'un d'autre, cela aurait été contrariant.

Pendant que le lien entre ma batterie et ma prise électrique fait son œuvre, me condamnant au passage à rester ici pendant une paire d'heures, je rouvre ma page, cette peste qui m'enquiquine depuis hier soir. J'appuie mon menton sur mes doigts croisés, puis sur une paume de ma main. Au bout d'une dizaine de minutes je croise les bras devant mon clavier et pose ma tête sur mes avant-bras en poussant un long soupir.

Ma rencontre avec mes deux conseillers m'a mis un sévère doute : je ne suis même plus sûr de savoir comment commencer mon histoire. Au final, j'ai l'impression grandissante que je sais parfaitement quelle histoire je vais raconter, mais que je n'ai aucune idée de comment la commencer.

Je décide donc de rédiger un passage de mon récit que je suis certain de savoir mettre en scène par écrit ; je me redresse et pose mes mains sur les touches de mon clavier, qui semble prêt à être frappé de toutes parts. Je commence enfin à taper les premiers mots dudit passage, jusqu'à finir un paragraphe de trois lignes.

Un début !

Ça m'a pris une dizaine de minutes. Ce constat est plutôt décourageant… J'ai fait en 10 minutes ce qu'avant je faisais en une vingtaine de secondes…

Serais-je victime d'une baisse de régime ? C'est probable. Mais d'où est-ce que ça sortirait ? Y aurait-il une raison à cela ? Je l'ignore. Et le fait qu'il n'y ait pas eu de précédent n'arrange rien à mon déconcertement.

Je ne sais même pas si au moins un de mes collègues est déjà passé par là. Je ne peux que me dire que d'après leurs témoignages et les arguments qu'ils m'ont livré, ils ont peut-être déjà vécu ça et en ont tiré leurs conclusions, mais je n'ai pas de preuve concrète. Si je savais, je pourrais facilement trouver quelqu'un à qui confier ce souci qui me pèse tant.

Je suis démuni.

Il faut que je me rende à l'évidence : l'impression s'impose de plus en plus à moi que ma rencontre avec mes deux collègues ne m'a pas grandement aidé dans mes interrogations.

Je sens que j'ai envie d'écrire mon histoire… mais je n'arrive pas à faire danser mes doigts sur le clavier. J'ai l'impression qu'un problème psychologique m'a enchaîné, paralysé les mains et les doigts. Ou alors que mon histoire telle que j'ai envie de l'écrire – et non comme je l'imagine – n'arrive pas à se former de manière suffisamment concrète dans mon esprit.

C'est très difficile à expliquer. En grande partie parce que je peine moi-même à y trouver une explication quelconque…

Je suis dans une impasse et incapable d'en sortir. Je ne vois pas la sortie, ou alors je la vois mais il m'est impossible d'y accéder.

Je désespère.

Je ne suis peut-être tout simplement plus capable d'écrire…

Quelle frustration… ! Tant de temps à peaufiner une histoire qui m'apparaissait de plus en plus travaillée, réussie, grandiose à mesure que j'y ajoutais des détails qui me passaient par la tête et que j'estimais assez valeureux pour pouvoir les ajouter à mes fiches… et ne pas être capable d'en écrire un mot.

C'est un supplice.

Pour un écrivain, c'est probablement le pire des supplices.

J'ai une montre-bracelet, mais ayant l'heure au coin inférieur droit de mon écran, j'y jette un œil sans me poser la question.

Il est 19h. Le bar le moins loin est encore ouvert, d'autant plus que le propriétaire fait partie de mon entourage proche – il est lui aussi écrivain à ses heures perdues mais n'est pas un membre officiel de notre communauté –.

J'éteins mon ordinateur mais ne le prends pas, ne voulant pas interrompre sa charge encore en cours. Je le remplace momentanément par un cahier à spirales et un stylographe. On ne sait jamais, j'aurai peut-être un éclair de génie sur la route, au bar ou au sortir de l'établissement.

Le cahier et le stylo bien au chaud dans la poche de poitrine intérieure de ma veste en cuir, je sors derechef de chez moi, prends la voiture, et mets le cap en direction du bar de mon ami.

J'ai besoin de quelque chose pour me rafraîchir la tête et m'aider à trier mes idées.

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