Je suis attiré par un je-ne-sais-quoi

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Nous sommes mardi après-midi. Je suis presque arrivé au restaurant quand je me sens attiré par quelque chose dans l’air. Comme un enfant gourmand qui sent soudainement l’odeur d’un bon gâteau fraîchement sorti du four qui repose sur un rebord de fenêtre, je suis instinctivement attiré. Le nez au vent, je me détourne de mon chemin habituel et me dirige quelques rues plus au Nord. J’arrive dans la rue Magnant, une vieille rue à l’écart des grands boulevards, et mes pas me mènent non loin d’un grand portail donnant sur le chemin d’une grande maison à l’abandon cachée par une haute palissade puis la couche épaisse du feuillage de platanes. Etrangement, l’impression qui me titille ne ressemble en aucune façon à l’impression sinistre et lugubre de l’environnement. Au contraire, celle-ci est chercheuse et séduisante, qui m’émoustille et attise ma curiosité. Je cherche tout autour de moi, lorsque je vois un homme sortir par le portail puis refermer un gros cadenas. On dirait qu’il porte la misère du monde sur ses épaules. Celles-ci sont abaissées, son teint est grisâtre et son expression faciale affiche une expression lasse et dépitée. N’écoutant que mon instinct, je me dirige vers lui.

« Bonjour Monsieur. Excusez-moi de vous déranger mais je serais curieux de savoir si vous habitez cette maison. », dis-je de mon air le plus innocent.

En premier lieu surpris, puis, à l’évocation de cette demeure, l’homme sembla s’affaisser un peu plus.

« Non, mais elle m’appartient. Je l’ai acquise aux enchères à Londres, sans l’avoir vue, et maintenant je cherche à la vendre. Mais je ne comprends pas : chaque client que j’emmène pour visiter ressort soit hystérique, soit effrayé, et tous jurent de ne jamais vouloir l’acheter. C’est à ne rien comprendre ! Bon, il faut l’avouer, son allure est un peu… comment dire ?... pas très engageante, mais la charpente est en très bon état et les fondations sont solides. C’est le rêve pour quiconque sait bricoler ! De plus, mon prix est raisonnable, et cependant, personne ne veut l’acheter ! »

Je souris en le laissant finir sa tirade.

« Pensez-vous qu’elle soit hantée ?, demandais-je.

- Si je croyais à toutes ces sornettes, je vous dirais que c’est bien possible ! »

Mon sourire s’agrandit au mot « sornette ». C’est ce que je trouve admirable chez l’homme : son ignorance qui le protège.

« Et vous, Monsieur, me dit-il, êtes-vous intéressé ?

- Non, plutôt curieux, répondis-je. Mais je m’y connais un peu en vieilles maisons, j’en ai retapées plusieurs. Je pourrais peut-être aller y jeter un coup d’œil.

- Avec plaisir !, répliqua-t-il de joie. Allons-y. »

Mais ma montre me rappelle soudainement que le restaurant ouvre dans vingt minutes. Je suis en retard ! J’explique à mon interlocuteur, qui me dit s’appeler Pierre Belot, que je repasserais bientôt. Nous échangeons nos numéros de téléphone et je m’en vais en vitesse.

Deux jours plus tard, je reçois un appel de Pierre, qui me dit qu’il a une nouvelle cliente qui voudrait voir la maison le soir-même et qui aimerait en profiter pour me faire visiter. Je lui réponds dans l’affirmative et nous nous donnons rendez-vous à vingt-deux heures. Après avoir raccroché, je me fais la réflexion qu’il est étrange de visiter une maison dans la nuit. Puis le micro-onde sonne et je passe à autre chose.

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