Le Flash des jeux – Mésaventures textuelles

7 minutes de lecture

– Non, je sais, Jean-Patrick, je… Oui, je vous comprends ! Vous avez traversé une expérience traumatisante dans tous ces labyrinthes et… C’est que… Oui, vous avez le droit de prendre des vacances, même de les faire démarrer en pleine semaine si vous voulez, mais vous ne pouvez quand même pas partir en congés comme ça, pas maintenant… Imaginez, nos spectaliseurs pourraient croire que la fête est finie alors que la remise des médailles n’a pas encore eu lieu et la clôture non plus… Souvenez-vous de vos fans et de toutes ces surprises que nous avons prévues pour nos athlètres Scribayens ! Revenez à mes côtés Jean-Patrick, remettez votre micro, votre oreillette… et installez-vous tranquillement pendant que je salue nos pixéliseurs… On n’est pas bien là ?

– Si…

– Paisible, sans stress… Décontractés du lobe. Et on chroniquera quand on aura envie de chroniquer… Bon… Hé bien bonjour à vous chers Oulipadeptes de nos cœurs ! Rassurez-vous, rassurez-nous ! Non les Jeux ParaOulipiques de Scribay ne sont pas terminés, non Jean-Patrick Maurice-Bernard et moi-même, Raoul-Gonzague Paul-Hervé, nous ne sommes pas encore partis en vacances de la Toussaint. Et même si notre ami Jean-Patrick souffre encore épisodiquement du contrecoup de sa résurrection interdimensionnelle, il en a encore sous le clavier, n’est-ce pas cher confrère ?

– Oui, c’est vrai Raoul-Gonzague… Je vous prie de m’excuser, depuis que je suis de retour, j’ai comme des sautes d’humeur, de page, de paragraphe. Je me demande si cet exorciste a bien fait son boulot, finalement, à moins que ce soit ces gélules d’anti-tromatose qui me vrillent les neurones. Mais me revoilà !

– Ah, ça fait plaisir à lire, ça, Jean-Patrick !

– Oui, et je sens monter en moi une de ces envies de chroniquer, je ne vous raconte pas !

– Mais si, au contraire, racontez-nous ! Parce que si mes compteurs sont justes, et ils le sont, ce ne sont pas moins de 22 labyrinthes que nous auteurs nous ont construit de leur plume pour ce défi N°5, soit autant de réponses que le défi N°4 et soit, sans vouloir vous ôter les chiffres de la bouche, 42 763 mots pour trouver la sortie de ces Jeux en apothéose.

– Tout à fait, Raoul-Gonzague, et vue la qualité des textes proposés, il serait dommage de ne pas en profiter pour les mettre en avant dans cette émission.

– Alors avant votre disparition, vous nous aviez laissés sur un « mot perdu » de l’Oncle Dan… Et par la suite, dans quels dédales vous êtes-vous perdus ?

– Hé bien cher Raoul-Gonzague, après avoir enfilé mon casque de lecture en réalité virtuelle, j’ai d’abord vu un tunnel noir, celui de Kuraikaze et celui d’une petite Lucie très mal dans sa peau et avec qui j’ai dû traverser de sombres, de très sombres tourments pour voir enfin la lumière, « au bout du tunnel »… Mais le sulfureux mélange de plaisir (de lecture) et de supplice (d’égarement) ne faisait que commencer puisque, les textes se succédant automatiquement, je suis tombé dans un autre cerveau malade, celui du fou de Romane Rose qui passait en boucle sur son « Oulipidisque », encore et encore, la mélodie de l’Oulipo en détaillant chaque lettre, chaque courbe, dans une inextricable chair à saucisse, rendez-vous compte !

– Ça fait peur en effet !

– Heureusement le prochain texte de Lala m’accorda un répit bienvenu, en faisant la connaissance de Tom, un petit garçon palindrome qui nous a tous les deux aidés à comprendre « La puissance des mots ». Grâce à lui, son courage et à sa sensibilité, nous avons pu reprendre le contrôle de nos vies… Et je m’apprêtais à le remercier lorsque je fus projeté soudainement dans un maelstrom de lettres machiavélique et quasi incompréhensible, un « labyrhonte » tout droit sorti de l’esprit malicieux de Niala92. Errant plusieurs heures durant dans cette construction, j’ai fini par en comprendre le sens en rasant les murs qui présentaient des lettres plus sombres. Le titre du prochain texte de tizef m’a donné un espoir : « Qu’on ne me parle plus jamais de labyrinthe ! ». Hélas, je suis tombé sur une autre âme en peine, hallucinée, désespérée, ne parlant qu’en alexandrins et vociférant irrationnellement sur l’architecte des lieux à en désespérer d’en sortir… Presque de soulagé de quitter cette dimension, j’ai bien cru retrouver le monde « normal » chez Nog Lhuisne… Mais son plateau de tournage de « l’anécroliponyme » où Ariane et Sistrophe tentaient une mise en scène d’une « Fantaisie pour labyrinthe de lettres » de Théo Taguore, a failli me rendre dingue. L’issue était alors bien incertaine jusqu’à ce que j’atterrisse dans ce qui ressemblait à l’adaptation cruciludique de Tomb Raider, « La dernière croisade » de Matt Curare, hélas, sans Lara Croft et son double barillet qui tient tous les magnums au garde à vous. Là, aux côtés de H, une néanmoins vaillante exploratrice rat de bibliothèque et de V un faux mercenaire, nous partîmes explorer une grille labyrinthique improbable, où chaque mouvement nécessitait de résoudre une énigme, un véritable festival de mots croisés jusqu’au dénouement final. Je poussai un ouf de soulagement. Mais à peine ce souffle avait quitté mes lèvres qu’une nouvelle épreuve m’attendait…

– Mon dieu, Jean-Patrick, je commence à comprendre à quel point vous avez souffert, je n’avais pas idée… Et pourtant, je vous écoute et je ne peux m’empêcher d’avoir envie que vos malheurs continuent, comme dans un bon roman d’aventures…

– Alors comme ça vous aimez me voir souffrir, hein ?

– Hé bien, je…

– N’en dites pas plus, Raoul-Gonzague, je poursuis… J’arrivai donc dans cet endroit, humblement nommé « Le labyrinthe de l’alphabet » par Kiel Kinimo, sans me douter ce que cet auteur génial et sadique avait concocté pour tous ceux qui viendraient se perdre dans ses lettres : une véritable aventure dont vous êtes le héros ou la victime ! À choix multiple ! Avec des pièges et des boucles infinies ! Et des défis à l’intérieur des défis ! Et des salles cachées ! Et le pire, figurez-vous, ou le meilleur, c’est qu’en le parcourant, on en vient à trouver l’inspiration en tant qu’auteur… Une torture remarquable dont je suis finalement ressorti revigoré. Et là, dans les mots d’amour d’Ariane et Thésée soufflés par Noëli Thex, j’ai bien cru avoir droit à ma belle histoire romantique… Hélas, encore hélas, son « ciseleur de labyrinthe » s’est révélé d’une cruauté impitoyable et la pauvre Ariane prise au piège m’en a brisé le cœur. J’en pleurerais encore si le sort ne m’avait pas fait atterrir aux côtés d’un enfant qui avait perdu le nom de sa maman et que je me devais d’aider. Là, dans un royaume au bord de la paralysie, ce fut une course folle pour tenter de rejoindre le roi, afin que le petit Stéphane puisse lui transmettre « Le dernier message » d’Essaime. Encore essoufflé de ces péripéties, j’eus à peine le droit à une expiration avant d’arpenter les tourments dépressifs du pauvre « Laby éreinté » de Max-Louis. Et j’ai bien cru y rester tant cette vie sans fin s’est avérée sombre à faire mal… Lessivé, au bout du rouleau, je me traînais sur mes dernières lettres lorsque j’entendis les mots de ChrisH dans le lointain et je compris que l’heure de mon « l’ultime défi » avait sonné. Un défi qui me fit cette fois plus l’effet d’une caresse que d’un supplice et dont le « merci » articulé au bout du tunnel me remplit d’émotions et d’espoirs. Je quittai alors ces douces lettres pour rejoindre le monde des exorcistes de Sangre13. Là encore, cela aurait pu tourner au vinaigre, mais j’eus de la chance, voyez-vous. Car celui que je rencontrai venait de retrouver ses ailes d’ange et me propulsa de nouveau jusqu’à vous… Et me voilà aujourd’hui de retour au clavier, cette fois pour ne plus le quitter, je vous le promets, Raoul-Gonzague !

– À la bonne heure, Jean-Patrick et…

– Toutefois, j’ai encore un petit bout d’aventure à vous révéler…

– Ah bon ? Mais où ça ? Comment ça ?

– Hé bien en traversant le trou noir de la création littéraire entre nos deux mondes, les lois de la logique oulipienne m’ont fait retraverser de nouveaux chapitres et je suis repassé chez Sly King pour en finir avec son « chemin des âmes égarées », un titre qui me parlait à ce moment, voyez-vous.

– Ah, c’est cette histoire d’Alice si je me souviens bien.

– Oui, Alice et son enfance, Alice et ses rêves, Alice et ses merveilles, Alice et son bout d’âme à sauver des flammes juste à temps… juste à temps pour me réveiller dans la tête d’Édouard Fincher mis au défi par le mystérieux Thot dans « l’affaire Carpenter » de Jb Desplanches. Imaginez mon effroi lorsque je vis cinq aiguilles de seringues à quelques centimètres de mes yeux, prêtes à m’injecter des poisons mortels si je ne répondais pas bien aux questions ?

– Et ?

– Et Édouard ne m’a pas laissé tomber, heureusement, et c’est enfin là que je me suis réveillé chez moi, endormi à ma table, mon casque de réalité virtuelle de lecture toujours sur la tête…

– Quelle aventure, Jean-Patrick !

– Quelle aventure, c’est vrai, mais quelle joie aussi, malgré les tourments, de découvrir ces histoires aux premières loges. Et avant de révéler le palmarès de ces jeux, je crois que nous pouvons à nouveau féliciter tous nos auteurs pour la passion qu’ils et elles ont mis à nous offrir ces labyrinthes de lettres, de mots, d’énigmes et de clins d’yeux tous aussi savoureux les uns que les autres.

– Merci Jean-Patrick et j’appuie à mon tour ces félicitations ! Félicitations qui seront d’ailleurs assorties de petites récompenses comme nous le verrons dans les jours à venir, ici même sur notre antenne : podium du jury pour le défi N°5, podiums de la communauté, remise des badges Scribay, sans oublier la cérémonie de clôture à laquelle sont conviés tous les membres de la communauté, mais aussi tous les auteurs et lecteurs de Scribay, jusqu’aux bonus de fin multiples et variés…

– Alors c’est décidé, Raoul-Gonzague, je ne pars plus en vacances ! Enfin, pas avant la fin des jeux ;-)

– Bonne journée et à très bientôt chers ami(e)s !

https://www.scribay.com/communities/community/124/les-jeux-paraoulipiques-de-scribay/talk/7263/flash-du-mercredi-19-octobre-2016


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