Chapitre 8

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Le concert à Nantes, c'était très bien passé malgré l'interview merdique qui s'était déroulée quelques heures auparavant. Le public était présent et cela me convenais parfaitement. J'aime être proche de mes fans, c'est grâce à eux que nous sommes au summum de la gloire. Sans nos groupies, nous ne serions rien aujourd'hui.

Je repense aux années précédentes, où nous enchaînions chaque week-end des concerts dans les petits bars et pubs de notre ville natale, Bordelaise.

C'était laborieux, on quémandait, on harcelait les patrons de chaque établissement pour qu'ils nous laissent notre chance. Nous avions finalement réussi à nous faire connaître via les réseaux sociaux. Nous commençâmes à être connus et faire de plus grandes scènes Alexia était heureuse, nous étions proche de son rêve le plus fou, devenir célèbre. Elle aurait tant aimé tout ce que l'on vit actuellement. C'était le cinquième membre du groupe, notre pianiste. Elle était à deux doigts de réaliser son souhait. Mais cet accident tragique, à tout bouleverser dans nos vies... J'ai perdu mon aînée, mon petit ami du moment James. Tom quant à lui a dû faire son deuil, il était le fiancé de ma sœur. Alexia est morte lors d'un festival à la Rochelle. Renversée par un chauffard qui s'était endormi au volant. Ma sœur est décédée sur le coup. Depuis sa mort, nous n'avons pas cherché à la remplacer au sein du groupe. C'est elle qui avait trouvé le nom, The Sweet Girls Rock. On s'était bien moqués sur le coup en particulier les gars.

– Les douces filles du rock ! Non mais tu plaisantes, j'espère ? Lui avait demandé Nathan.

– Non, pourquoi ?

– Alexia... Sans déconner, il n'y a que toi qui est douce, Alia et Alice sont de vrais diablesses.

– Faux, c'est toi qui ferme les yeux sur leur tendresse, nous défendait elle.

Je me demande encore à cet instant à quoi sert le mot "Sweet", Nathan avait raison, Alice et moi ne sommes aucunement douce, ma sœur, elle l'était. Nous avons gardé ce nom en sa mémoire.

J'essuie l'unique larme qui glisse sur l'une de mes joues, avant de quitter la salle de bain du bus et laisser ma place à Tom, qui s'acharne sur la poignée depuis cinq minutes.

– Ah pas trop tôt ! S'énerve t-il en se maintenant l'entre-jambe.

– Désolée, réponds-je en le contournant.

– Alia, tu as pleuré ? Me questionne t-il en me saisissant le bras.

– Non je me suis mis du shampooing dans les yeux, balbutié je en me détachant de son emprise.

– Tu penses à elle n'est ce pas.

– Oui, à chaque instant même sur scène je l'imagine avec nous. Je n'arrive pas à oublier son sourire et sa joie de vivre. Elle me manque tellement, sangloté je.

– Alia.. Alexia était une jeune femme extraordinaire et je l'aimais tout autant que toi. Cependant, tu dois faire ton deuil. Tu te détruis et tu sais que ta sœur ne l'apprécierait pas.

– Je ne sais plus comment arrêter tout ça Tom, je sais que j'ai besoin d'aide, mais, je le refuse pour le moment.

Des bruits de pas qui se dirigent vers nous, interrompent notre conversation. Je relève ma tête et aperçois Liam, j'espère qu'il ne va pas me prendre la tête. Je ne vais pas supporter longtemps ses remarques désobligeantes. Il a l'air de le comprendre qu'il nous dérange. Il nous contourne en silence, nous observe l'un et l'autre en s'avancant vers la cuisine à quelques mètres de nous. Je soupire de soulagement, pars m'asseoir avec mon carnet de notes pour commencer à écrire des paroles qui me sont venus dans la nuit.

Titre : Souvenirs

Oh toi ma belle étoile, protège là.
Elle était tout pour moi.
Elle t'a rejoint depuis peu.
Tu verras qu'à tes côtés, elle égaiera le ciel la nuit, apportant sa joie de vivre à toute personne, levant ses yeux vers elle.

C'est un bien précieux qui se trouve à tes côtés.
Oh toi ma belle étoile, protège là..

Je relève mon crayon à papier de ma feuille raturée. Je viens de perdre mon inspiration en peu de temps. Le parfum musqué de Liam s'est insinué dans mes narines. Il est assis en face de moi sa tasse de café en main.

– Que veux-tu ? Demande je en raturant mes écrits.

– Te comprendre, que caches tu  ? Me questionne t-il en attrapant mon calepin.

– Rien qui ne te concernes, réponds je sèchement reprenant mon carnet.

Il fronce les sourcils, pince ses lèvres avant de se lever en secouant la tête. Je le regarde un instant, essayant de comprendre son changement soudain envers moi depuis la veille. Pourquoi ma vie t'intéresse t-elle autant Liam ? Que souhaites-tu faire pour me déstabiliser ? Toutes ses interrogations se mélangent dans ma tête avec les images de ma sœur. Je dois prendre l'air ou un remontant. Je ferme mon cahier quitte la table où j'étais tranquillement installée et me dirige vers l'avant du bus.

– Romain, est ce que tu peux faire un arrêt à la prochaine aire de repos, s'il te plaît ?

Il détourne sa tête légèrement, un sourire aux lèvres.

– Dans cinq kilomètres, il y en a une, je m'arrêterai si tu veux ?

–  Ouais, Merci. Dis je en lui serrant légèrement l'épaule.

– De rien.

Je m'avance vers ma couchette et lève le matelas. Je me saisis de la petite boîte que m'a donnée Gabin. Je reste pensive devant cet objet dans mes mains. Les doigts tremblants, je l'ouvre et prends l'un des comprimés. Je ferme les yeux inspire et expire un instant puis m'apprête à le glisser dans ma bouche. Je vais enfin découvrir l'effet qu'il peut me procurer, mais je reçois une tape sur mon poignet qui me fait lâcher mon bien. Je sursaute de peur tout en me cognant la tête.

– Que comptais-tu faire Alia ? Me questionne Liam en ramassant le cachet au sol.

– De quoi je me mêle, m'énervé je en soupirant.

– Bordel ! Tu te bousilles la santé avec toute cette drogue, me crie t-il dessus.

– Et alors c'est ma vie ! Hurlé-je en me redressant les poings serrés.

– Je sais, mais j'ai donné des consignes et tu ne les respectes pas. Tu es adulée, Alia par tes fans malgré tes frasques, tu dois arrêter toute cette merde. Il y a des personnes qui tiennent à toi, bon sang ! S'égosille t-il en m'arrachant la boîte à bonheur.

– Tu ne comprends pas, avoué je en le poussant de toutes mes forces.

– Explique moi alors ?

– Hors de question.

Liam retient mes mains collées à son torse avec les siennes et m'observe avec de la peine ou de la pitié. Je n'arrive pas à le déterminer et ça je ne le supporte pas, qu'on éprouve une telle compassion à mon égard. Alors j'essaye tant bien que mal de me défaire de ce lien, en gesticulant dans tous les sens. Mon manager encaisse les coups, pendant que moi, je m'épuise et verse toutes les larmes de mon corps en m'échouant au sol dans ses bras.

– Chut... Calme toi, je vais tout faire pour te sortir de cette spirale infernale qui t'entraîne dans les bas fonds de l'obscurité, murmure Liam en caressant mes cheveux.

– Tu n'y arriveras pas, personne ne pourra me sauver... Chuchoté-je tout en m'essuyant les larmes qui s'échappent pour se déverser au sol, goutte par goutte comme par un temps gris et pluvieux.

– Alia... Laisse-nous une chance de t'aider, s'il te plaît ?

– Non et surtout venant de toi ! Lâché je en colère d'avoir abaissé l'une de mes barrières devant lui.

Je me relève, tremblante saisis une cigarette et descends du bus. Je m'éloigne légèrement de mes amis en allant m'installer seule sur un rocher regardant le ballet des voitures circulant sur l'autoroute. Les paroles de Liam me reviennent en tête. Mon cœur se serre à nouveau et la bile me monte à la gorge. Je sais que je me détruis de plus en plus la santé, que je ne mérite plus le bonheur. Je suis comme on m'appelle la salope du show-business. Cette jeune fille de vingt et un an qui essaye par tous les moyens d'oublier, la mort de sa sœur. Mais même le sexe, la drogue et l'alcool ne me font plus l'effet escompté.

Je souhaiterais tant revenir un an auparavant et prendre la place de ma sœur, qui elle faisait le bonheur de nous tous. Elle était ce rayon de soleil qui éclairait nos vies. Son sourire faisait des ravages, mais surtout s'était elle la meilleure aux yeux de tous, particulièrement de mes parents. Moi, je n'étais que la petite dernière, traînant avec moi une multitude de casseroles.

J'étais la honte de la famille, nulle à l'école, pensant à faire la fête en permanence. J'ai perdu ma virginité, complètement saoule avec le premier des abrutis à l'âge de seize ans, dans une chambre miteuse d'un hôtel.

Aux regards de tous, je reste aujourd'hui cette gamine inconsciente.

Je sais que je suis qu'une moins-que-rien, une personne faible, qui cherche pour une fois à essayer de s'en sortir seule. Finalement, j'y crois grasse à la gloire et la musique. Je peine encore à surmonter ce mal-être profond, que je ressens dans chacune des parcelles de mon corps. Mais je finirai par montrer à tous, que je m'en sortirai en vie et changée.

Fin de ce chapitre.

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