Chapitre 2

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Réveillée par la lumière du jour filtrant à travers les rideaux de la couchette du bus. Je me lève sans faire trop de bruit, les autres dorment encore. C'est la tête embuée, la bouche pâteuse par l'alcool et la drogue ingurgité de la veille, que je rejoins la cuisine. Je me fais couler un café via le percolateur et m'installe à ma place habituelle. Je salue au loin Romain notre chauffeur de bus, tout en admirant les différents paysages défiler sous mes yeux.

Je vérifie mon portable, j'ai une multitude d'appels, des notifications ainsi que des messages d'Erik. Je m'empresse de les ouvrir, il a peut-être changé d'avis. Hé bien non, au contraire, il me demande de joindre rapidement la maison de disque. Je soupire blasée en passant une main dans ma chevelure brune, parsemée de mèches rouges.

Ce sont les doigts tremblants que je compose le numéro de notre label.

Après trois sonneries, la standardiste décroche et me demande de patienter avec une mélodie à faire gerber. Quelques secondes s'écoulent puis elle reprend la communication.

- Bonjour, c'est Alia du groupe The Sweet Girl Rock je souhaite parler à Roger Red s'il vous plaît.

- Ne quittez pas, je vois s'il est disponible.

- Merci.

- Alia ! Bonjour, c'est monsieur Red.

- Bonjour, Erik m'a demandé de vous joindre.

- En effet, écoute... Je ne sais pas trop comment m'exprimer, mais ton comportement impulsif nuis sérieusement à la maison de disque. Il a été décidé de t'envoyer un nouveau manager plus jeune et dynamique. Tu vas devoir écouter à la lettre ses conseils. Si lui également décide de démissionner, nous romprons le contrat définitivement. Il va falloir te ressaisir toi et ton groupe, tu m'entends !

- Oui, je vais fournir l'effort nécessaire. Reponds je en soufflant et triturant mon bas de tee-shirt.

- Nous verrons bien si tel est le cas, c'est le dernier avertissement Alia ! Me dit il avant de raccrocher.

Énervée et en colère, je balance mon portable sur la table qui glisse et finit sa course sur la moquette grise du sol. Je me penche afin de le ramasser, mais Alice a été plus rapide.

Elle s'installe en face de moi, fronçant les sourcils d'incompréhension. Ma meilleure amie croise ses bras sur sa poitrine, signe qu'elle attend que je m'explique. Je me prends la tête entre mes mains, expire un bon coup avant de lui apporter les réponses à ses questions.

- Je viens de raccrocher avec Monsieur Red, nous allons avoir un nouveau manager. Il nous attend à l'hôtel demain quand nous serons à Paris et j'ai eu un dernier avertissement de sa part. Dis-je en me saisissant de ma tasse de café, les mains tremblantes.

- OK, tu sais qu'il n'a pas tort à ce sujet. Me réprimande t-elle.

Je sais déjà tout ça, mais je n'arrive pas à me défaire de cette angoisse qui me bouffe intérieurement et mentalement.

- Bref, sinon il t'a donné des infos sur lui ? Me questionne mon amie attrapant une viennoiserie posée sur la table.

- Ouais, il est jeune et dynamique enfin, on verra une fois arrivée. Réponds-je en déviant mon regard vers Nathan le seul blond, aux yeux marron de la bande qui à son tour émerge de son sommeil.

- Salut, les filles bien dormis ? Nous demande t-il en s'asseyant à côté d'Alice un sourire radieux.

Nous lui répondons en même temps et continuons la discussion au sujet du nouvel agent, tout en essayant de nous l'imaginer.

Tom est le dernier à se lever et se joindre à nous, comme à son habitude ce beau brun aux yeux noirs chambre sa cousine, qui rit aux éclats.

La journée se passe plutôt dans le calme. Enfin, s'est vite dit, quand les garçons jouent à la console se sont de vrais gamins, ils font un raffut incroyable en se chamaillant. Ce qui nous empêche par moments de nous concentrer avec Alice sur les écrits et notes pour nos prochaines chansons. Après plus d'une heure à réfléchir, trouvez les rimes nous abandonnons en soupirant.

Notre second chauffeur John prend le relais de Romain, faisant une halte sur une aire de repos. J'en profite pour descendre et me dégourdir les jambes, tout en fumant une cigarette.

Une fois ma tige consumée, nous reprenons la route direction Paris. Nous ne sommes plus qu'à deux heures de la grande métropole et mon angoisse commence déjà à m'envahir.

Mon cœur palpite à grande vitesse, des frissons parcourent l'ensemble de ma peau et le souffle me manque. J'ai l'impression de suffoquer et ma peau est recouverte de frissons. Je dois boire un verre d'alcool fort pour me détendre et de cesser de penser à l'homme qui va remplacer Erik.

Je me lève et me dirige vers le bar, me sers un verre de vodka orange et l'ingurgite rapidement. Ce liquide m' apporte un bien immense, les sensations que je ressentais s'évanouissent aussi rapidement qu'elles ne sont apparues. Je m'en sers un deuxième et rejoins Alice qui prépare des pâtes carbonara pour le dîner.

- Alia, les gars, c'est prêt ! Hurle Alice alors que nous sommes tous proches d'elle.

- Putain ! Tu n'es pas obligé de gueuler comme une truie, rétorque Tom son cousin.

- Ferme ta gueule cinq minutes, sinon je te promets que tu ne mangeras rien, tu te démerderas pour te faire à bouffer, c'est clair ! Le menace mon amie avec sa cuillère en bois.

Tom lève ses mains en l'air afin de s'excuser, comme il a l'habitude de faire, puis s'installe à table. Nathan débouche une bouteille de vin rouge pour accompagner le repas. Au dessert après avoir enquillé un verre de manzana, j'ai la tête complètement en vrille. J'en connais un qui ne va pas aimer nous voir arriver tous les quatre quasiment ivres. Il va être sacrément surpris le coco. Je m'esclaffe toute seule dans la rue à cette pensée, sous les regards ahurit de mes camarades. Quand je leur explique pour qu'elle raison, je ris, ils me suivent tous dans mon délire.

Devant les portes de l'hôtel, nous reprenons notre souffle, essayant de retrouver notre calme. Lorsque nous pénétrons dans les lieux, nous ne prêtons même plus attention à la décoration. Les palaces étant tous les mêmes, le luxe est le mot roi dans ce genre d'endroit. Fleurs fraîches coupées tous les jours et renouvelées, colonnes en marbre, tapis rouge, chandeliers en cristal.. Et j'en passe.

Alice la plus sobre d'entre nous se dirige vers l'accueil où une hôtesse vêtue d'un tailleur bleu marine, blonde aux cheveux tirés en un chignon parfait, l'attend un sourire radieux figé sur les lèvres. Je la vois lui transmettre les pass magnétiques et lui indiquer notre étage.

Le groom fait son apparition devant nos yeux, nous demandant l'autorisation de prendre nos sacs pour les faire transporter. À son retour, nous le suivons dans l'ascenseur.

Une fois dans ma suite aux couleurs chaudes et épurée, je m'allonge un petit moment sur le sofa beige du salon. Après mettre reposer une petite demie-heure, je me dirige vers la baie vitrée et admire la vue qui se profile. La Tour Eiffel scintille de mille feux sous mes yeux, mais un bruit à ma porte me sort de ma contemplation. Je me dirige vers la porte et découvre Alice vêtue d'une robe rose poudré avec ses rangers noires qu'elle ne quitte jamais.

- Bon sang ! Alia mais tu n'es pas encore prête, sourit elle avant de se ramasser contre la moquette, morte de rire.

- Non, je me suis reposée et j'allais partir à la douche avant que tu frappes. Dis-je en l'aidant à se relever et s'asseoir sur une chaise.

- Ouais, et ben bouge ton cul, le nouveau manager nous attends dans vingt minutes dans un des petits salons de l'hôtel.

- Merde ! Reste là je me dépêche. M'excuse je.

Je cours en vitesse, du moins c'est l'impression que j'ai, mais avec tout l'alcool ingurgité, je pense que mon cerveau me joue des tours. J'ai plus l'impression de sautiller vers ma valise que de courir. J'attrape la première tenue qui se présente à moi et pars à la salle de bain. Je ressors un quart d'heure plus tard, habillée d'une jupe en jean noire avec une chaîne qui dépasse de la poche, un débardeur de couleur rouge et ma veste en jean de la même couleur que le bas. Je me chausse d'une paire de bottines et nous quittons ma chambre, bras dessus, bras dessous en nous orientant vers l'ascenseur.

Dans le Hall, Nathan et Tom nous attendent avec un homme brun aux yeux noirs et une barbe de trois jours parfaitement taillée. Il me paraît légèrement plus vieux que nous. Je vérifie son accoutrement et suis surprise par sa tenue. Il est vêtu simplement d'un jean et d'une chemise grise qui lui colle comme une seconde peau, faisant ressortir ses biceps ainsi que ses pectoraux. Mon observation terminée, je fixe droit dans les yeux les garçons se tenant devant moi et attends une explication.

L'inconnu s'avance vers nous, pour se présenter et serrer nos mains. Alice rougit légèrement et bégaie quand il se saisit de sa main. Je la comprends, je reconnais qu'il est pas mal et vraiment bien foutu ce con.

Bordel ! Vu sa musculature et le regard noir qui me lance à cet instant, j'ai bien l'impression que mes conneries vont s'arrêter plus tôt que prévu, quoique pas forcément. Erik n'a jamais réussi à me faire décrocher depuis un an. Je vais devoir la jouer fine avec ce type qui m'a tout l'air d'un fils à papa et sorti tout droit d'un magasine de pub pour les sous-vêtements masculins. Rien qu'en y songeant une grimace doit se dessiner sur mon visage. Je hais ce genre de mec. Un raclement de gorge me sort de mes pensées et je me présente à la suite.

- Bonjour .. Euh Liam c'est ça ? Je suis Alia, mais suis je bête tu le sais déjà. Réponds-je d'un sourire forcé.

- Bon, maintenant que les présentations sont faites, suivez moi nous avons une mise au point à faire avant la représentation au stade de France, de demain soir. Annonce Liam avançant d'un pas rapide.

Je soupire déjà en pensant aux réflexions qui vont fuser sur chacun d'entre nous. Alice me murmure à l'oreille qu'il est charmant, mais qu'elle ne le sens pas du tout. Je confirme d'un hochement de tête. Rien que de voir ce mec, je dessoûle aussi vite que je peux boire un verre d'alcool.

Nous pénétrons dans un petit salon qui a été réservé pour nous en cette occasion. Sur la table basse, sont disposés plusieurs mets, des petits fours et sucrerie. Nous nous vautrons sur les canapés attendant les nouvelles consignes de Liam, qui tourne en rond dans la pièce en se triturant sa barbe, une fois son défilé terminé, il se positionne derrière le canapé où je suis installée avec Alice et se lance.

- Pour commencer plus aucune bouteille d'alcool vous sera servi dans la loge et vos chambres.

Je me lève furibonde et grogne, non mais il se prend pour qui ce connard !

- Hors de question ! Je ne pourrai jamais assurer le show sur scène, si je ne bois pas, m'écriée je nerveuse en me mettant face à lui.

- Ma chère Alia, je n'en ai rien à foutre, on trouvera un autre moyen pour te détendre et sans alcool. Répond-il d'un sourire narquois.

Il commence déjà à me pomper l'air, j'ai une envie de lui faire bouffer son sourire à la noix.

- Idem pour vous les gars et Alice. Dit il en les regardant un à un.

Nous soupirons tous et il enchaîne, j'ai l'impression d'être une gamine face à ses critiques, pas de si, pas de ça, vous ferez comme je vous le dis un point c'est tout ! Il termine son éloge en nous demandant si nous avons des questions. Au vu de nos tronches d'enterrement, je pense qu'il a lui-même déjà sa réponse. Liam nous informe que la réunion est close. Je suis la première à sortir de la pièce, maudissant les labels, la maison de disque et mon manager. Je ressens une envie folle de consommer de l'alcool et fumer de l'herbe pour me détendre. Je n'attends pas les autres pour rejoindre ma suite.

Une fois à l'intérieur de celle-ci, je me jette sur le mini bar, mais plus aucune mignonnette n'est dans le mini frigo. Je fulmine, la rage s'empare de moi, mon sang bouillonne, je vais exploser dans quelques minutes. Ça ne loupe pas, lorsque je remarque que cet enfoiré à même fait fouiller mes affaires. Je m'empare de tous les objets et les brises un à un afin d'extérioriser ma haine.

Au bout d'une bonne heure à tout saccager, je suis assise sur le sol me balançant d'en-avant en arrière, les bras croisés sur ma poitrine, un flot de larmes dévalant mes joues. Je sens des bras robustes me soulever et m'allonger sur le matelas, une main me caresse les cheveux et je finis par m'endormir épuisée physiquement et mentalement.

Fin de ce chapitre.

Bonne lecture à vous.

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