Chapitre 1

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– Alia, je me barre, trouve toi un autre manager. Me crie Erik le regard furieux.

– Putain ! Mais tu ne peux pas me lâcher en plein milieu de la tournée. Hurle-je prête à lui mettre un crochet du droit.

– Oh que si ! Écoute Alia, je me suis battu pendant six ans, pour que vous soyez classé numéro 1 des ventes en Europe et dixièmes dans le monde. Mais aujourd'hui, j'abandonne, ta réputation de dévergondée nuit grandement au groupe.

– Je vais me reprendre Erik, je te le jure. Le supplie-je.

– Ah d'autres, les labels sont en train de te lâcher, tu es tellement aveuglée par tout ce que tu consommes, que tu ne t'en rends même pas compte qu'à tout moment cela peut se terminer.

Je baisse la tête, sachant qu'il a parfaitement raison, mais je n'arrive pas à me défaire de cet engrenage dans lequel je suis plongée depuis un an. J'ai besoin de boire, de prendre mon petit comprimé de couleur à petit motif, pour me sentir à l'aise avant de monter sur scène.

L'angoisse et la fatigue des tournées m'épuise moralement. Si je ne me dope pas à ça, je ne peux pas assurer le show sur scène. C'est écœurée et déçue que je laisse partir Erik, cet homme de quarante ans qui a toujours cru en nous.

Je retourne à ma loge, il me reste une bonne demi-heure avant d'affronter mes fans venus nombreux des quatre coins de l'Allemagne. En pénétrant à l'intérieur de celle-ci, je retrouve Alice ma meilleure amie, la deuxième leader et bassiste du groupe. Elle rigole un verre de champagne à la main à une blague de Tom notre guitariste. Nathan, notre batteur, est quant à lui allongé sur un des divans frappant le rythme sur ses jambes avec ses doigts. Je les observe un instant avant de les rejoindre pour prendre un verre de Rhum coca.

L'alcool me brûle le gosier, mais m'apporte une plénitude totale. Je m'en sers un deuxième que j'engloutis rapidement, la tête me tourne et un sourire immense apparaît sur mes lèvres.

– Merde ! Alia, tu ne devrais pas boire autant avant le concert. Me sermonne Alice.

– Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi, j'ai bu uniquement deux verres, c'est bon fous moi la paix. Dis-je en me relevant du fauteuil.

Alice, Nathan et Tom grimacent, mais je m'en contre fou, je suis prête pour enflammer l'Olympiastadion de Berlin. Je donne le signal en frappant de mes mains et nous sortons de la pièce. José et Greg nos gardes du corps nous accompagne tout le long du couloir qui nous mène à la scène. Fred, notre régisseur, installe nos oreillettes et c'est parti pour le Show.

Nathan est le premier à prendre place derrière sa batterie et nous le suivons l'un après l'autre . Les lumières sont toutes éteintes, mon ami donne le tempo de deux coups sur sa batterie, une rampe enflammé s'allume et ma voix résonne dans l'enceinte du stade. Les projecteurs s'illument et j'aperçois le public bouger au rythme de la musique, du son des guitares et des paroles de notre chanson friends. Mon cœur se réchauffe quand j'entends les fans prononcer les paroles du refrain.

– Bonsoir les amis ! Merci d'être venus aussi nombreux ce soir. Prêts pour plus d'une heure de spectacle avec nous ! M'écriée je à travers le micro.

Des oui et ouais me parviennent aux oreilles, je tourne ma tête vers Nathan et d'un clin d'œil complice, nous entamons la deuxième chansons , puis la troisième jusqu'à la sixième et l'entracte à lieu avant de reprendre la seconde partie.

Nous quittons la scène, je cours vers notre loge, j'ai besoin de me changer le débardeur que je porte qui me colle à la peau. Après avoir revêtu le nouveau, je me serre un vers d'eau en ingurgitant le petit comprimé de différentes couleurs.

Tom secoue la tête, Nathan et Alice soupirent frustrés de mon comportement, cependant, ils ne prononcent aucun mot. Tant mieux, car à n'importe quel moment ils savent que je peux exploser et fracasser tout sur mon passage.

La pause terminée, nous revoilà en piste, je suis en transe et déchaînée. Je descends de scène pendant que Tom exécute son solo de guitare. Arrivée dans la fosse, je frôle les mains tendues de nos fans. Exécute quelques selfies avant de reprendre ma place. Le concert touche à sa fin, une pluie de paillettes va s'abattre sur la foule scellant ainsi notre prestation. Après notre rappel, je salue les personnes présentes en citant les prénoms du staff et un à un, ils défilent devant le public en leur faisant un signe d'au revoir de la main.

Je descends les marches me menant vers le couloir, Fred notre régisseur me retire mon oreillette ainsi que le micro portatif. Il me félicite pour la prestation de ce soir, avant d'aller diriger tel un chef d'orchestre les roadies qui s'occupent d'enlever nos instruments et le matériel.

Une fois sortie de la douche, je m'habille d'un jegging noir avec un top blanc avant d'enfiler ma veste à capuche noire à l'effigie du groupe. Je rejoins le bus de la tournée sans omettre de signer au passage des autographes sur des bouts de papier, poster et tee-shirts, avant de monter dans l'autocar noir et rose à notre nom.

Je m'installe à ma place habituelle, au fond où se trouve une table en chêne massif repeinte en blanc entourée de banquettes en cuir noir. Je sors mon calepin ainsi que mes airpods, balance le son et planche sur l'écriture d'un nouveau texte. Je suis tellement absorbée par mes notes que je sursaute quand Alice prend place à côté de moi.

– C'était génial ce soir, tu as assuré comme un chef. Me dit elle en me mettant un petit coup de coude.

– On a tous assurés, la contre je.

– Ouais... On devrait fêter ça d'ailleurs après demain, quand on arrivera à Paris.

Je la regarde légèrement stupéfaite de son audace soudaine. Elle n'a jamais aimé faire la fête et aujourd'hui elle me le propose qu'est ce que j'ai bien pu louper pour qu'Alice devienne si optimiste ?

– Toi tu veux fêter ça ? Tu en es certaine ? Questionne-je mon amie en mâchouillant mon stylo.

Elle rougit gênée par mes questions et acquiesce d'un hochement de tête. Je pose ma main sur son front pour savoir si Alice n'a pas de fièvre, son front est froid.

– Qu'avez-vous fait de ma meilleure amie ? Lance je en l'observant la tête légèrement penchée.

Frustrée par ma répartie, elle se lève sans oublier de me tirer la langue avec une moue boudeuse.

J'explose de rire sous les yeux de Tom et Nathan qui se sont arrêter de jouer à la console. Alice est de nature timide donc je ne comprends pas cette soudaine proposition de sa part.

– Arrête de te foutre de ma gueule et dis moi plutôt ce qui s'est passé avec Erik ? Me demande t-elle en revenant à la charge.

– Comment expliquer... Hum, c'est simple nous n'avons plus de manager et d'agent.

– Non mais c'est une blague-là j'espère ? S'insurgent les gars en se rapprochant intéressés par ce que je raconte.

– J'aimerais...

– Bordel ! Tu fais chier, s'exclame Tom.

Je me lève de mon assise et lui lance un regard noir, avant de lui répondre.

– Hé mon coco, tu te prends pour qui à me parler comme ça.

– Pour un membre du groupe, tu te souviens ce que c'est où je te donne la définition.

– Non ça ira merci. Soupire-je d'énervement.

Nathan, qui est resté en retrait avec Alice, observe notre dispute dans le plus grand des silences, avant de tapoter l'épaule de Tom et de lui demander de se calmer. Celui-ci part vers l'avant du bus en marmonnant.

J'inspire puis expire essayant de contrôler ma zen attitude, mais ce con m'a tellement énervée, que dix minutes plus tard, c'est la bouteille de rhum à mes côtés qui réussit à me calmer. La moitié de la bouteille vidée, je me relève ivre et titubante me dirigeant vers ma couchette.

Ma vie est vraiment merdique.

Demain, je vais devoir contacter la maison de disque, pour nous dégotter un nouvel agent manager d'ici la fin de notre tournée. Je vais encore en prendre pour mon grade, pff... Putain ! J'en ai ras le cul et c'est sur cette dernière pensée que mes yeux se ferment, m'emportant dans un autre monde où ma vie d'artiste n'existe plus.

Fin de ce tout premier chapitre.

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