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Tout est noir. Mes yeux sont lourds et refusent de s'ouvrir. J'entends des bips réguliers. Je ne peux pas bouger non plus. Je dois rêver. Le genre de rêve qui fait paniquer : engluée dans une panade noire, incapable de voir, d'entendre, de sentir, de bouger. Une panade qui s'infiltre par tous mes pores pour envahir mon cerveau. Mais j'entends les bips. J'essaie d'inspirer fortement. Ça marche pas. Je recommence en me concentrant. Un peu mieux. J'ai un peu de contrôle. Pas la peine de paniquer. Mes paupières me semblent de plus en plus lourdes. Je veux pas retourner dans ce rêve. Je veux pas.

Je perçois des voix. Je ne les comprends pas. Toujours cette fatigue. Je me focalise sur les voix :

– Il faut être patiente, Angelina. Elle se réveille doucement. Peut-être qu'elle nous entend. Mais ça peut prendre encore quelques heures, voire quelques jours.

– Je comprends.

– Vous devriez rentrer chez vous et vous reposer.

– Je veux être là quand elle ouvrira les yeux.

Tout redevient calme. Qui est cette Angelina ? J'aimerais bien me réveiller comme cette fille. C'est flippant ce noir. Contrôle. Angelina a une voix douce. Je lutte encore contre le sommeil. Je veux en savoir plus. Mes oreilles sont mon seul lien vers l'extérieur. Je sens des douleurs diffuses partout. Essaie de bouger. Encore. Ça marche toujours pas. Je sais que je ne vais pas résister davantage à la fatigue. J'aurais bien voulu voir à quoi ressemble Angelina, moi.

J'ai soif. Je sais toujours pas où je suis. Enfin... bips veulent dire hôpital non ? Mes paupières semblent moins lourdes mais j'hésite à les ouvrir à vrai dire. Que vais-je découvrir ? Je sens... quelque chose qui bouge sur... ma main, je crois. C'est agréable. J'ai pas envie que ça s'arrête. Un peu de lumière filtre par mes paupières. Oh ! Ça, c'est pas agréable. J'ai l'impression de regarder le soleil en face. Ce qui bougeait sur ma main s'est arrêté. Quelque chose se rapproche de moi. Ne pas paniquer. Ne pas bouger.

– Jordan ?

Je connais cette voix. Je me rappelle pas mais je connais. Une voix douce. La voix d'un ange... Je suis au paradis ? En enfer ? Ah, non ! Y'a pas d'anges en enfer. Enfin, je crois.

Ma vision est trouble. Sur ma gauche, il y a quelque chose. Je tourne légèrement la tête. Un visage, il me semble. Angelina ? Mes yeux s'accommodent à la lumière progressivement. Entre deux clignements, je distingue des cheveux courts, bruns. Un visage pâle, des lèvres rosées, fines, un nez fin et droit. Des yeux d'un bleu pur et éclatant.

– Jordan, ne bouge pas. Je vais chercher un médecin.

Bouger ? La bonne blague... Médecin donc hôpital, c'est sûr. Oh ! Jordan ? C'est mon nom ? Je me rappelle pas. Je me rappelle pas de mon nom ! Ça craint.

Un mec soulève mes paupières et me met dans la lumière en pleine face. Je suis toujours impuissante à bouger, à parler. Au prix d'un effort surhumain, soulève mes doigts du drap. Une main douce et chaude se plaque dessus, anéantissant tout effort.

– Tout va bien, Jordan. Reste calme.

Elle est bien gentille, la demoiselle, mais bon... j'ai toujours soif. Je parviens à articuler péniblement :

– Boire.

Je suis fatiguée mais j'arrive à garder les yeux ouverts.

Je vois une espèce de tube arriver à ma bouche. Par réflexe, je referme mes lèvres dessus et un peu d'eau arrive dans ma gorge desséchée au compte-gouttes. Cela me fait du bien. Je me sens happée par le sommeil de nouveau.

J'émerge à nouveau doucement. J'évite d'ouvrir les yeux pour rester un peu avec moi-même. La première chose dont je prends conscience, c'est une main dans la mienne. C'est réconfortant. Résumons : je sais toujours pas qui je suis, aucun souvenir, ma tête est vide. Beaucoup moins embrumée mais vide. Angelina, la jolie brunette m'a appelée Jordan. Soit. Je ne sais pas qui elle est non plus. Je ne sais même pas à quoi je ressemble. Mon corps ne semble pas très en forme mais pas très douloureux non plus, je dois être sous calmant, vu que je ne peux pas bouger. OK, ça, c'est le constat. Objectif : trouver des infos, retrouver l'usage de mon corps.

J'ouvre les yeux. La brunette est là, elle s'est assoupie dans un fauteuil. Sa main gauche dans ma main droite. Je suis quand même plus mobile. On semble proche vu qu'elle me tient la main mais je sais toujours pas qui elle est. Amie ? Sœur ? Vraiment, ma mémoire s'est vraiment fait la malle, on dirait. Je devrais paniquer plus que ça, non ? C'est embêtant mais bon, pour l'instant, je gère. J'ai encore soif. Je jette un œil sur mon coté gauche pour y voir un meuble tablette avec d'un verre d'eau. Je lève péniblement mon bras droit pour tenter de l'attraper.

– Aïe !

Je suis arrêtée nette par une douleur au niveau de mon avant-bras. Une perfusion ! Je relève la tête en quête d'une solution et je rencontre un regard bleu des mers du sud, interrogateur. Oups ! J'ai réveillé mon ange gardien.

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