Marina est atteinte d’une maladie, pas grave, presque cool, un peu embêtante. Ce n’est pas une maladie à proprement parler, mais c’est comme ça qu’elle le voit. Et ce qu’elle craint par-dessus tout, c’est qu’on le découvre. Elle n’en a parlé à personne, jamais. Ni à sa sœur aîné qui la soutient constamment, ni à son petit frère qu’elle aime plus que tout. À part Kmron, rencontré sur le Net, elle n’a aucun ami, il lui suffit.

Synesthésie. Le voilà, ce mot qu’elle hait tant. Une synesthésie de personnification. C’est ce qu’elle a découvert en faisant des recherches sur internet après avoir visionné un documentaire à la télé.

Pour elle, les personnes deviennent des couleurs. Elle les classes en catégorie : elle sait qu’elle ne doit pas approcher les Noirs, ils sont méchant et vicieux, que les Oranges ont un fort caractère mais qu’ils sont attentionnés, ou encore que les Bleus Clairs sont timides et renfermés mais pas moins gentils.

Tout ça, ce monde coloré, elle en a peur, terriblement peur.

Ce syndrome, il lui pourrit la vie, elle le déteste. Il provoque des crises incontrôlables et pour son entourage, inexpliquées.

Elle est déterminée à garder son secret bien caché au fond d’elle, jusqu’au jour où ses parents, inquiets de sa solitude, l’obligent à se rendre à un club pour ados. Elle n’en a pas envie et pourtant ce club va changer sa vie.