Chapitre 2 : La Halte de Verbourg

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« La halte du Verbourg »... C'était le nom donné par quelques itinérants à leur groupuscule, une sorte de village provisoire. Jusqu'aux dernières rigueurs de l'hiver, ils reprendraient leur vie de nomade si chère à leur coeur mais en attendant, ils prenaient surtout à coeur la ripaille et la concupiscence qu'ils offraient aux voyageurs itinérants. Assez immoral pour capter le badaud, trop honnête pour provoquer le chaos, les promesses de la halte du Verbourg causaient bien des détours.

Là où le calme se fait rare, le trouble s'installe dès que cesse la clameur. Alors une saveur particulière planait sur le campement, étrangement silencieux. Deux hyliennes fixaient une affiche, sur le mur externe d'une taverne de fortune ; elles ne savaient pas lire mais comprenaient leur teneur... La rumeur disait qu'elle appelait au meurtre de l'ermite qui vivait sur la colline. En échange, de ce travail, l'affiche promettait un arc extraordinaire fait de rubis ainsi qu'un cheval. Lesquels devaient être présentés à la halte, la semaine prochaine, au soir.

Mais le plus notable était la cible : un soignant si réputé pour sa bienveillance qu'il était fort probable que chacun des éventuels assassins lui était redevable d'une façon ou d'une autre... Personne ne pouvait décemment vouloir sa mort. D'où une récompense si élevée.

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Il y avait par terre quelques indiscrets qui reposaient, assomés. Le lieu du rendez-vous pour un premier contact était précisé sur l'écriteau mais le trio voulait s'assurer qu'aucun autre concurrent n'entravent leur coup. Après tout, ils avaient décidé de mettre au point un plan infaillible pour décupler leur gain.

« C'est pourtant simple : vous cherchez l'identité du pollicitant et moi, je deviens le garde du corps de la cible. Comme aucun d'entre nous n'arrivera à remplir sa tâche, on demandera une surprime. Et on se laisse un mois pour voir jusqu'où ils peuvent monter les enchères. Facile et sans risque.

- Mais s'il sait qu'on travaille ensemble, on n'aura jamais sa confiance !

- Relax, vous n'aurez qu'à dire que je joue au gardien pour mieux tromper sa vigilance... Et pour éviter que n'importe quel quidam s'empare de notre récompense.

- Je sais pas, j'ai pas trop confiance en ce travail... D'ailleurs, on attend encore celui qui l'a affiché ! »

C'était bien vrai, personne ne s'était montré. À part quelques simplets qui avaient servi d'exemple. L'employeur mystère avait-il peur des trois ritos, et de leurs pratiques térébrantes de mercenaires vétérans ? Non, il était simplement trop prudent. Bien plus qu'ils ne l'auraient cru possible.

« Une lettre est tombée pendant que vous parliez, mais je n'ai vu personne la lancer... L'un de vous peut la lire ? »

Valgor semblait troublé qu'un morceau de papier leur soit parvenu sans qu'il n'ait entendu le moindre individu, plus qu'il ne l'était d'être incapable d'en lire le contenu. Mais pas autant que Sparclige était pressé d'en saisir la substance.

« À vous qui lisez ces lignes, sachez qu'elles signent mon bon vouloir.

Pour obtenir la prime due, vous devrez exécuter mes consignes :

Rendez-vous deux cents pas au sud, où la solidago répend sa gloire,

Et pour me retrouver sur la colline, fouillez le sens que révèlent mes signes. »

Incapable de donner un sens à ces "signes", Ardolon adressa un rictus malsain à ses comparses. L'énigme était bien au-delà de ses facultés et il ne chercha pas une seule seconde à la résoudre, ni même à comprendre où voulait en venir l'employeur.

« Retrouver l'auteur du contrat promet d'être amusant, quel dommage que l'on doive se séparer ! ... Ne m'en voulez pas, mais le devoir m'appelle et ce serait embêtant que quelqu'un vole notre salaire, pas vrai ? »

Valgor répondit par un jurement mais n'eut pas le temps de retenir son ami. De son côté et après trois relectures, Sparclige n'était toujours pas sûr d'avoir saisi cette boulimie de rébus - ou quoi qu'il fût !

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