Chapitre 1: Bienvenue à Terra Ytris

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— Bienvenue à Terra Ytris ! Le monde dans lequel l'impossible devient possible ! annonça une femme avec un grand sourire.

C'est elle que je vis en premier, vêtue d'une robe fluide d'un blanc vaporeux qui faisait ressortir le teint étrangement bleu de sa peau. Puis, en me retournant, je constatai la présence d'autres jeunes humains, aussi abasourdis que moi. Tous habillés de la même façon : une combinaison moulante blanche et argent, et des chaussures grises, sans lacets, aux pieds. Je ne faisais pas exception.

— À présent suivez-moi, continua la femme bleue, je serais votre guide tout au long de votre séjour en ces lieux. Vous pouvez m'appeler Majah. Une fois de l'autre côté, nous allons vous attribuer un numéro ainsi qu'un cristal qu'il ne faudra surtout pas perdre ! Un seul exemplaire vous sera octroyé !

Tels des automates, nous avancions d'un pas monotone vers un immense portail de pierre blanche. Autour de nous, il n'y avait rien. Enfin si : une brume tellement épaisse qu'elle ne nous laissait rien entrapercevoir. Mieux valait ne pas s'égarer, me criait mon intuition.

Profitant que notre "guide" nous tournait le dos, je jetai un coup d'oeil à la personne la plus proche de moi : un garçon à l'air taciturne, brun, à la peau très blanche. Je me rapprochai un peu plus de lui et lui tapotai l'épaule. Il se retourna d'un coup sec. Je lui demandais :

— Euh excuse-moi, tu sais où nous sommes ? Parce que, tu vas probablement trouver ça bizarre, mais je ne me souviens pas du tout comment j'ai pu arriver jusqu'ici.

Il me dévisagea des pieds à la tête avec une moue peu flatteuse à mon égard.

— Je n'en sais rien non plus mais je sens que ça va être mortel. Et, à l'avenir, évite de me toucher, je déteste ça.

Il s'éloigna sans autre mot. Super sympa le mec. Je n'avais pas du tout apprécié sa façon de me reluquer puis de me parler avec dédain. Espérant que mes autres "camarades" seraient plus coopératifs, je tentai une ouverture avec une fille à ma gauche. Elle était jolie avec ses boucles rousses, ses yeux verts et son regard semblait plus accueillant. Je répétai alors la même question. Elle secoua la tête.

— Non je ne me souviens de rien, comme toi. Ça me fait un peu peur. D'un coup, on se retrouve ici avec cette femme-là ! Non, mais tu as vu son apparence d'extraterrestre ?

Je détaillai à nouveau notre guide : elle était grande, le crâne ovale, de larges yeux bleu nuit, pupille comprise. Et sa peau bleutée semblait légèrement translucide.

Elle venait clairement d'une autre planète.

— C'est vrai que c'est étrange. Je n'aime pas du tout cette sensation d'avoir oublié la raison de ma présence ici. Peut-être aurons nous des réponses quand nous serons arrivés là où elle nous emmène, en tout cas j'espère bien. Au fait comment tu t'appelles ? ajoutai-je avant qu'elle ne s'éloigne.

Elle allait répondre quand sa bouche se referma soudainement. Elle semblait réfléchir.

— Je… je m'appelle… je ne sais plus ! C'est comme si ma mémoire était effacée ! Tout est blanc.

Son visage paraissait horrifié.

— Attends, c'est impossible. Moi, mon nom c'est…

Et je stoppai également ma phrase dans son élan. Plus j'essayais de trouver mon nom, mon identité et plus le vide dans ma tête s'agrandissait. Rien. Un trou noir.

— Mais qu'est-ce qu'il se passe ? murmurai-je.

A cet instant, j'eus très envie de pleurer, mais déverser des larmes n'aurait rien changé à notre situation. Préoccupée par cette amnésie, je ne remarquai pas que Majah, notre guide, s'était arrêtée. Et je heurtai malencontreusement un jeune homme devant moi.

— Oh je suis désolée, ça va ? J'étais dans mes pensées et je n'ai pas vu que le groupe avait ralenti la marche et que…

Je n'achevai pas ma tirade maladroite, le jeune homme s'était retourné et me fixait d'un regard bleu océan d'une profondeur à couper le souffle. Une impression trés fugace de déjà-vu me submergea au même moment.

— Non ça va, t'inquiète, ce n’est rien. On a l'air d'être arrivés à destination. Tant mieux, car j'ai des questions à poser.

Il secoua ses mèches brunes et leva sa main pour les relever sur son front.

— Euh, oui tu as raison, murmurai-je, moi aussi j'en ai pas mal.

Il me sourit puis se détourna. Majah à la peau bleue nous demanda de reculer un peu. Elle s'apprêtait à ouvrir le portail. Elle écarta ses bras, les leva vers le ciel et prononça d'une voix puissante et vibrante des mots inconnus :

— Inariel hor te la Sohidys !

Un grondement se fit entendre puis la pierre blanche, auparavant solide, devint brillante et glissante comme de l'eau. La lumière qui dansait au centre m'hypnotisait. Majah se tourna vers nous.

— Je serais vous, je me hâterai de me suivre. Qui sait ce qu'on peut rencontrer ici ?

Puis, avec un sourire en coin, elle disparut à travers le portail lumineux. Nous nous observions les uns les autres, se demandant quelle attitude adopter. Les questions nous assaillirent l'esprit à nouveau. Qu'allions nous découvrir en traversant cette lumière "gélatineuse" tout droit sortie d'un roman de science-fiction, et pourquoi n'avions-nous aucuns souvenirs de nos vies ?

Le garçon brun et taciturne fut le premier à franchir la porte, il avait l'air tout excité. Soudain quelqu’un brailla derrière moi :

— Vous allez donc tous y aller sans même y réfléchir ? Moi, c'est hors de question que j'entre là-dedans sans savoir pourquoi je suis là ! Cet endroit est morbide non ? Je veux retourner d'où je viens.

— Alors reste là ! Moi je suis plutôt curieuse, rétorqua une fille brune à la peau cuivrée avant de s'élancer à son tour.

Je me tournai vers le garçon réfractaire. Environ ma taille, c'est à dire plutôt grand, maigre et vert de teint, tout en lui exhalait la peur. Je tentai de le rassurer voyant le désintérêt des autres à son égard.

— Peut-être que tu n'es pas obligé de venir si tu ne veux pas. Une fois que j'aurai traversé, je parlerai à cette Majah pour te renvoyer d'où tu viens. Après tout, nous n’avons pas demandé à venir ici. Par contre, mieux vaut que tu restes ici, prés du portail. On ne sait pas ce qu'il peut y avoir dans ce brouillard.

Il parut se détendre légèrement et hocha la tête. J'espérais ne pas trahir la confiance qu'il venait de placer en moi mais, pour être honnête, je ne savais pas du tout ce qu'il adviendrait de lui. Je hochai à mon tour la tête vers lui, comme pour sceller un pacte silencieux. Nous n'étions plus que deux à n'avoir pas traversé la porte. Ma nouvelle amie, la rouquine, m'attrapa la main, plus par peur que par camaraderie, et souffla :

— Allons-y une bonne fois pour toute ! Peu importe ce qu'on trouve derrière, ça ne peut pas être pire qu'ici.

J'acquiesçai. En réalité, j'avais à présent hâte de savoir où nous allions débarquer, j'aurai pourtant dû avoir peur mais trop de questions envahissaient mon cerveau et puis ce jeune homme aux yeux de saphir était lui aussi passé de l'autre côté et le revoir ne me déplaisait pas. Mon ressenti en le voyant m'avait intriguée. Comptant jusqu'à trois, je tirai ma camarade, fermai les yeux et passai la porte. Un courant froid traversa mon corps, glaça mes entrailles, puis la sensation disparut. J'ouvris alors les yeux.

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