Comment faire pour tenir la route ?

Comment faire pour ne pas succomber au doute ?

Ou plutôt si, il faut douter,

Ne pas avancer tête baissée.

Alors levons le menton,

Rivons nos regards vers l'horizon.

Il suffirait de se cacher les yeux pour ne pas voir,

Pour ne pas voir l'injustice, la cruauté, la famine et l'absurdité du pouvoir.

Nous les enfants d'aujourd'hui,

Les enfants de l'avenir,

Notre regard abîmé par ce que nous voyons,

Par ce qui est en train de nous détruire.

Il suffirait de fermer les yeux,

Mais on verrait quand même, malgré nos yeux fermés.

Alors on les ouvre,

Alors on affronte le monde que l'on découvre.

Notre coeur saigne, nos bras sont écorchés par le monde que l'on nous a laissé,

Et on nous force à avancer.

Les mains qui nous poussent sont celles qui ont détruit notre existence

Avant même qu'elle ne commence.

Ces mains ensanglantées,

Qui nous forcent à avancer,

Car elles l'ont décidé.

Ces mains qui vont pourir,

Ces mains qui vont mourir,

Ces mains qui nous ferment la bouche car on pourrait les détruire.

Alors on avance, notre rebellion silencieuse bâillonée

Par ceux qui nous ont tués.

Nous sommes condamnés à un monde que nous n'avons pas provoqué.

On pourrait fermer les yeux, mais on les ouvre,

Et on s'évade dans les cieux.

En rêve, nous cassons nos chaînes invisibles,

En rêve, nous nous croyons invincibles.

Nous pourrions fermer les yeux et tout oublier,

Nous, les enfants endommagés.

Mais guidés par un espoir de bon sens,

Nous éteignons les écrans

Et réveillons les consciences,

Connectés au vivant.

Je me nourris de mes espoirs de liberté,

Je me construis grâce à ma rebellion en secret,

Je m'instruis de mon indépendance à moitié volée.

Les bras écorchés par la vie qu'on m'a laissé,

Pas à pas, je gravis la pente et sème des mots envolés.