Ménestrel d'une lointaine taverne

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Je franchis la porte de bois et me dirigeais comme à mon habitude vers une table dans le fond de l'auberge, observant autour de moi les aventuriers, écoutant leurs rumeurs et leurs conquêtes avec attention. Un barde fit son entrée sur la petite estrade au centre de la pièce, son luth en main, prenant place sur un haut tabouret. A peine a-t-il joué quelques accords que le silence s'abat sur la foule. Tous les regards sont rivés sur la scène. Même le tavernier s'était un instant arrêté pour écouter.

Aux délicates notes se joignit la voix du ménestrel. L'histoire qu'il contait était aussi sanglante que triste. Tant d'émotion s'échappait de son chant. Tant de beauté en un seul être. Je le fixait d'un air conquis. Et sans le vouloir, je m'approchais. J'étais attirée par son chant comme les marins vers les sirènes. J'écartais les spectateurs d'un geste doux à mon passage. L'objet de mon admiration arborait de splendides vêtements bleus et or, des bijoux scintillants et une plume sur un cercle de métal, nouée dans ses longs cheveux blancs. Jamais je n'avais ressenti cela. Sa musique m'appelait. J'étais ensorcelée par ce barde. Mais le chant s'arrêta et le charme fut rompu. Je l'observait toujours. Essayant de comprendre pourquoi et comment avait-il fait pour provoquer de telles sensations en mon âme. Soudain, de nouvelles notes s'élevèrent.

" Prouvera sa valeur sur le champ de bataille celui qui y perdra ses frères.

Ainsi se voit rédigé le noble art de la guerre.

Noble a-t-on souvent entendu,

Mais aucun ne compte les précieuses vies perdues.

La terre est brûlée par le sang sacrifié.

La pluie s'abat sur le sol sanctifié.

Le soleil derrière les nuages est dissimulé.

Aucune étoile ne brille dans les cieux voilés.

Le héros se relève abandonné.

Seul dans un monde dévasté.

Le casque au loin, le visage balafré,

L'âme corrompue et le coeur brisé

Un jour viendra où la paix brillera

Où le monde sera vert

Où la pureté vivra"

Ces mots résonnèrent dans mon esprit. Ce musicien devait avoir une part de divin. Il possédait un don si beau. Il savait narrer les histoires et chanter les poèmes, nul ne le surpassait. Pendant que les derniers vers s'envolèrent, il posa son regard sur moi. L'argent de ses iris rencontra le rubis des miens. Je ne fis rien d'autre que le contempler.

Mais j'allais tôt ou tard devoir reprendre la route.

Et quitter ses chansons.

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