17 - Le professeur de l’ombre

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J’avais fini par revenir chez moi. Pour conclure, Axel avait pris les choses en main et il avait réussi à convaincre son ami d’abandonner et de se faire aider. Je m’en sortais bien cette fois, mais je ne me doutais pas que cette fâcheuse histoire avec Quentin présenteraient des répliques inattendues.

Ainsi, un jour, alors que je me rendais seule à un rendez-vous d’affaires, je n’imaginais pas que j’allais rencontrer un homme qui allait bouleverser ma vie. L’homme en question, un quadra au physique plutôt ingrat, attaqua le vif du sujet dès les premières minutes alors que je lui demandais ce qu’il attendait de moi.

- Eh bien voilà. L’autre jour alors que j’étais invité chez l’un de mes amis, patron d’une start up en vue, la conversation dévia vers des propos coquins. Il me raconta alors, l’incroyable histoire d’un de ses brillants jeunes collaborateurs qui avait craqué pour une dominatrice jusqu’à la folie. Menacé d’être viré, le jeune homme lui avait conté son aventure par le menu. Et j’ai su que cette dominatrice, c’était vous.

Je me sentis mal à l’évocation de ma vie privée. Visiblement, Quentin avait trouvé comment se venger de moi. Ma - mauvaise - réputation était faite. Prise de vertiges, j’avais la tête qui tournait. Mais, l’homme me rassura :

- Ce que j’ai entendu de cette histoire, me laisse à penser que la jeune dominatrice aurait dû rencontrer un soumis expérimenté qui l’aurait amenée à s’exprimer sans tomber dans le sentimental.

A son regard d’acier, je compris qu’il parlait en fait de lui. Il enchaîna :

- J’ai découvert le plaisir obscur alors que je créais mon premier site marchand voilà bien des années. Et, depuis, je ne peux plus m’en passer. Régulièrement, je rencontrais une domina tarifée qui me suffisait jusque là. Mais, depuis quelque temps, je recherche quelque chose d’autre. De l’inattendu.

J’ouvris de grands yeux interrogateurs :

- Si je comprends bien, vous me proposez de devenir mon soumis ?

Il continua sur le ton de ceux qui ont l’habitude qu’on ne leur résiste pas :

- Exactement ! Et lorsque je vous ai vu, j’ai su que c’était une évidence. Je peux vous aider à devenir celle que vous devez être. Je peux vous apprendre.

- Comme un professeur ? Bafouillai-je.

A ces paroles, son regard s’illumina de joie :

- Les bons soumis font les bonnes dominatrices. Laissez moi vous apprendre ce que vous ne savez pas.

- Je suis flattée de votre proposition, mais je ne pense pas que la domination soit le but de mon existence. Je suis venue à ces expériences par hasard. Et, finalement, j’ai trouvé ça plutôt ennuyeux et terriblement perturbant pour moi. Par ailleurs, pour être franche, vous ne m’attirez pas du tout physiquement. Donc, désolée, mais je dois décliner.

J’avais balancé mes quatre vérités de façon plutôt brutale. L’homme m’avait écouté sans broncher comme buvant chacune de mes paroles.

- J’adore votre voix grave et autoritaire. Vous me faite terriblement frissonner. Je n’ai qu’une envie, c’est de me coucher à vos pieds et de lécher vos magnifiques escarpins. Je veux être à vous de tout mon être et de toute mon âme.

- Vous avez entendu ce que je vous ai dit ? C’est non et plutôt trois fois non !

j’étais exaspérée. Je me levai d’un bond, mais il me rattrapa par le poignet avant que je ne parte. Puis, il me murmura :

- N’ayez pas peur de devenir qui vous êtes. J’ai très peu de limites. Vous connaissez mon numéro. J’espère que vous changerez d’avis.

Puis, il lâcha mon bras. Très perturbée, je quittai le restaurant d’un pas décidé.

Dehors, je hurlai ma rage. Etais-je condamnée à devenir la proie de types de plus en plus pervers ? Sous couvert de vouloir que j’exprime mes penchants dominateurs, ils souhaitaient tous prendre du plaisir obscur grâce à moi. Et, je me demandais de plus en plus, si je maîtrisais vraiment la situation, ou si ce n’était pas plutôt eux qui en dominant mes pulsions, obtenaient ce qu’ils recherchaient.

Au matin suivant, mon boss me convoqua dans son bureau. L’agence avait obtenu un énorme budget pour un projet d’envergure. Quand il cita le nom de la société, je compris que « le professeur » était loin d’avoir abandonné. Mon patron me félicita pour avoir convaincu le dirigeant de l’entreprise en question qui avait explicitement demandé que ce soit moi qui supervise le projet. Alors que j’aurais du sauter de joie à l’idée d’obtenir ce contrat juteux pour ma boîte, je me sentis accablée. J’étais juste prise au piège, sans pouvoir me justifier de renoncer à une telle opportunité. Je quittai le bureau en réfléchissant à la suite des évènements.

J’appelai immédiatement notre nouveau client. Le type m’indiqua qu’il attendait mon appel. Je haussai le ton et l’exhortai de revenir sur sa décision. Dans le même temps, je reçus un mail de sa part. Il y avait une photo jointe où on le voyait nu à quatre pattes et la langue pendante. La pic semblait récente et prise à l’intérieur même de son bureau. « Faites-moi payer l’embarras que je vous cause maîtresse ! » Dans le corps du mail, il y avait les coordonnées de chez lui ainsi qu'une heure de rendez-vous.

Le soir même, je ne sais pas pourquoi, je me présentai chez lui. L’homme avait acquis une jolie demeure bourgeoise dans un des quartiers les plus chics et chers de la capitale. L’intérieur était entièrement décoré en meubles et tableaux signés des plus grands artistes de notre époque. Il me fit prendre place sur un canapé en cuir immaculé. Le quadragénaire portait une tenue plutôt inhabituelle : t-shirt Ramones, kilt écossais et bottines. Je songeais que ces nouveaux maîtres du monde voulaient casser tous les codes. Peu après, il disparut et revint rapidement avec une bouteille de Pétrus, dont il me servit un verre.

- J’ai lu sur votre Facebook que vous n’aimiez que le vin rouge Maîtresse.

Puis, avant que je ne réponde, il se mit à genoux face à moi en baissant la tête en signe de soumission.

- Tu peux rester normal un instant ? Criai-je en lui jetant le verre de vin au visage.

Il se leva et revint avec une badine :

- Maîtresse, punissez-moi ! Je le mérite. Je vois que vous êtes en colère à cause de moi.

Alors que je voulais le frapper avec l’objet, il me lança :

- Pas le visage !

J’étais exaspérée. Je l’attrapai par les cheveux et le poussai violemment contre un fauteuil. Là, je relevai sa jupe écossaise découvrant - comme par hasard - ses fesses nues. Après une seconde d’hésitation devant les cicatrices apparentes sur ses fesses, je le fouettai sans ménagement tout en l’insultant copieusement. J’avais laissé cours à la violence et à la colère qui bouillaient en moi. J’arrêtai au premier sang que je vis perler sur son séant. Il se releva et me remercia, visiblement satisfait de mon traitement. Je regagnai le canapé et il me resservit un verre de Pétrus avant de s’agenouiller dans un coin de la pièce. Je bus le verre, ne cessant de le fixer.

- Peut-on arrêter le jeu là ? Je veux parler à Simon.

Par la suite, comme retrouvant visage humain, il releva la tête et s’approcha :

- Tu es parfaite Julia ! Tu es la domina dont j’ai toujours rêvé !

Je bredouillai soudain intimidée :

- J’espère que tu n’as pas trop mal ? Je n’ai pas réussi à doser pour tes fesses.

- Le premier sang est une limite effectivement, sinon c’était parfait. La voix était magnifiquement autoritaire comme j’aime aussi. Tu peux en rajouter encore plus dans l’injure. J’adore. Je t’autorise à me brutaliser comme tu le souhaites. Mais, pas touche au visage, ni aux mains. Pour le sexe, c’est no limits !

Puis, il me guida vers la salle à manger où m’attendait un repas ainsi qu’un cadeau dans mon assiette. J’ouvris le paquet. Il y avait à l’intérieur une cage en métal et gravé dessus : « Propriété de maîtresse Julia ». Mon hôte retira sa jupe et découvrit son sexe. Il s’approcha de moi et me fit signe d’enfermer ce dernier. Je m’exécutai un peu gauchement, mais le membre fut rapidement emprisonné. Peu après, il accrocha la petite clé au milieu d’un sublime collier moderne fait d’or blanc et de diamants qu’il passa autour de mon cou. Avant de me murmurer à l’oreille : « Je t’appartiens. »

J’avais l’impression d’être tombée dans un Mommy porn. Mais, très vite, la conversation redevint tout à fait légère et Simon s’avéra être un homme tout à fait passionnant et passionné. Je le quittai tard dans la soirée un peu ivre de paroles et de vin. Le « professeur » avait su retourner la situation à son avantage. Nous avions pris rendez-vous pour le week end suivant et établi ensemble la trame du scénario associé. C’était de la folie totale et c’était ma vie.

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