Laurel et Hardy à la rescousse !

21 minutes de lecture

La lumière du jour me réveille le lendemain matin et j'ai un terrible mal de crâne. Je n'ai pas pour habitude de boire autant la semaine et j'accuse le coup. Il va pourtant bien falloir que je me lève. Toute la nuit, j’ai rêvé d’un regard bleu océan et de cheveux bruns. Le fond de mon pyjama peut témoigner des rêves érotiques qui ont ponctué ma nuit agitée. Laurel et Hardy, m'ont été d'une aide plus que correcte hier soir, mais apparemment pas assez. Je suis encore toute excitée, ce qui ne risque pas de m’aider pour affronter ma journée de boulot.

Vous vous demandez sans doute qui sont Laurel et Hardy ? Et bien ce sont mes joujoux pour mon plaisir solitaire que je cache dans ma table de nuit! Laurel est court et trapu, alors que Hardy est plutôt long et fin. A eux deux, ils me provoquent les orgasmes nécessaire à mon équilibre mental. Pourquoi me faire chier avec un mec, alors qu'il existe tout un tas de gadget qui font la même chose? Personnellement mon choix est fait!

Je me lève en trainant les pieds et finis par atteindre notre cuisine. Elle est spacieuse et parfaitement équipée pour pouvoir cuisiner à son aise. Nico est déjà prêt et me sert mon café.

- T'as une sale tête chérie.

Je m’affale en posant mon front sur le comptoir de la cuisine en poussant un gros soupir.

- Je te remercie pour ce compliment qui me met en joie dès le réveil.

Il pousse la tasse vers moi et je lui souris en me redressant. Je n'ai jamais su faire le café, mais le sien est toujours parfait. Je regarde mon ami en repensant à toutes ces années maintenant derrière nous, tout ce que nous avons partagé, tout ce que nous avons traversé. Il a toujours été d'un grand soutien dans ma vie, il m'a pris en main après mon histoire désastreuse et a fait en sorte que j'arrive à me reconstruire. Même si je sais pertinemment qu'une partie de moi est morte ce soir-là et que jamais, je ne pourrai oublier. Je croise son regard interrogateur qui me sort de ma rêverie.

- C'est avec toi que je devrais me marier, dis-je.

- Oui je sais, je suis parfait. Mais malheureusement il te manque un attribut.

Il me fait un clin d'œil et je lui tire la langue avant d’éclater de rire. Nico aime les hommes, j'espère qu'un jour il trouvera chaussure à son pied. Sa vie n'est faite que de rencontres sans lendemain. Il a le chic pour attirer tous les connards du coin et ça me rend triste, il mérite vraiment de trouver quelqu’un qui saura le rendre heureux.

En ce qui me concerne, j'ai tiré un trait sur les mecs depuis ma séparation cinq ans auparavant. Ce qui bien sûr, avait fait pencher la balance pour mon départ vers Bordeaux, rejoindre mon meilleur ami. Depuis j'ai eu quelques expériences en boite, sans lendemain, sans prénom, sans attache et surtout jamais nue. Ce qui me convient parfaitement bien. Un p'tit coup de temps en temps histoire de faire passer la pulsion du sexe quand elle me prend et puis j'ai Laurel et Hardy, les hommes de ma vie! En y réfléchissant ça fait bientôt six mois que je n'ai pas réellement baiser, ce qui explique sans doute mes envies soudaines en pensant à l’inconnu du bar.

- Tu m'as l'air bien songeuse ce matin. Allez, viens par là on va t'habiller.

Papa est de retour !

Il me prend la main et m'emmène dans le dressing que nous partageons. Nico a toujours su m'habiller avec goût, j'ai des formes généreuses, je ne suis pas grosse mais j'ai une belle poitrine, des hanches assez larges et de belles cuisses, heureusement que je suis assez grande pour équilibrer tout ça. Nico dit toujours que je ressemble aux déesses grecques avec mes formes et mon ventre plat. Malheureusement, je ne suis pas née à la bonne époque, aujourd'hui il faut être filiforme et je dois avoir environ dix kilos en trop, au bas mot. Il y a bien longtemps que j’ai abandonné l’idée de ressembler à toutes les filles des magazines. Je me contente juste de limiter les dégâts et de ne pas prendre plus de poids.

Et puis le gras c'est la vie non? Un bon Aligot sur une bonne tranche de bifteck, mamamia! Ouais, c'est mon côté Auvergnat!

Il opte pour une combinaison fleurie sur fond noir qui révèle un profond décolleté. C’est très sexy et plutôt aguicheur, pas vraiment une tenue pour aller travailler. Mais bon ça ne peut pas faire de mal non plus.

- Heureusement que j'ai une blouse au labo, dis-je en riant.

Il passe à mes cheveux et je me retrouve avec un chignon parfaitement exécuté avec quelques boucles qui s'échappent sur la nuque. Niveau coiffure, je me contente de les lisser ou bien de me faire une queue de cheval pour bosser. De toute façon, je ne sais pas faire autre chose.

Nous nous engageons vers le tram pour rejoindre notre lieu de travail.

Nous avons posé nos valises cours Pasteur, dans une très belle bâtisse dont la façade a été refaite à neuf l'année dernière. Sur la devanture sont apposés en lettres dorées nos noms et fonctions. Nico a un gout très sûr en matière de décoration. Quand le client franchit la porte, il tombe sur un petit salon ultra moderne, un bouquet de fleurs de saison disposé sur la table basse, les murs blancs donnent une impression de grand espace à l'ensemble. De l’entrée on a une vue imprenable sur mon labo qui est entièrement vitré, le but étant de montrer aux clients que les lieux sont impeccables. Nico part du principe que ce qui est caché fait peur. J’ai eu un peu de mal à me faire à l'idée d'être observée par tous ceux qui franchissent le seuil de la porte, où qui passent dans la rue. Mais je me suis vite rendue compte que, quand je suis dans mon monde, plus rien n'arrive à m'en détourner. Mon labo est décoré de plusieurs pièces de concours. J'ai réussi quelques exploits notamment au salon Suggar à Paris où j'ai remporté la première place sur les wedding cake.

Son bureau est situé sur la droite juste après le petit salon, il est attenant à une salle de bain qui nous permet de nous rafraichir, voire de nous doucher quand nous faisons de grosses journées. Cela nous évite de repasser par la maison quand nous sortons. Nico a fait apposer un petit dressing qui contient quelques tenues de dépannage. Le loyer est bien au-dessus de ce que je peux me payer, mais mon meilleur ami est issu d'une famille aisée de Paris et je peux profiter de son aide.

- Au boulot chérie, me dit-il avec une tape sur les fesses.

- Ouais j'y vais, mais avant fais moi un café s'il te plait.

Il lève les bras au ciel.

- Ai-je pour habitude de ne pas te fournir ton litron quotidien ?

Je me met à rire, parce qu'il est dans cette ville depuis environ six ans et il a pris toutes les expressions du sud-ouest, plus farfelues les unes que les autres. J'avoue que parfois il arrive encore à me perdre.

- C'est vrai, tu es un père pour moi.

Après un clin d'œil, je disparais dans le vestiaire pour enfiler ma blouse. Quand j'en sors pour entrer dans le labo, je vois mon café prêt, Nico ayant déjà disparu dans son bureau. Il a toujours été un acharné de travail et au fil des ans, j’ai fini par prendre son rythme, de toute façon ce n’est pas comme si j’avais autre chose à faire ou à penser !

Nous sommes vendredi, je checke mon planning du week-end, je n'ai pas grand chose cette semaine. Je décide donc de commencer ma présentation du lundi matin pour le cabinet d'avocat. La soirée des vingt ans, a lieu le dimanche qui suit et le timing est plus que serré. Heureusement, je suis parfaitement au point pour les mariages qui ont lieu la veille, il ne me reste plus qu'à connaître les heures de livraison. Alors que je suis en train de griffonner quelques croquis de présentation, mes pensées prennent une tournure inattendue. Je vois un regard bleu profond, un visage sculptural, des cheveux bruns, un torse musclé à la perfection et sa bouche aux lèvres pleines...

Bordel, mais qu'est-ce qu'il m'arrive ?

Je secoue la tête pour chasser ces images de mon esprit et reprends mes dessins, en essayant de laisser mes pensées salaces dans un petit coin de ma tête. Mais c’est difficile de me concentrer, je dois bien l’avouer.

Putain de libido, il faudrait inventer un médicament contre ça, j'suis sûre que je ferais fortune! C'est une idée à creuser pour mes vieux jours!

La matinée passe rapidement et je me rends compte de l'heure quand mon ami passe la tête par la porte du labo.

- On va déjeuner ? Je crève de faim.

Je relève la tête de mon ordinateur où j’étais en train de faire quelques devis, me lève et me dirige vers le vestiaire afin de retirer ma blouse.

- Tu veux aller où ? Et me parle pas de restauration rapide, mon cul n'en peut plus, dis-je en me tournant pour lui montrer mon postérieur.

- Bar à salade, ça te convient ?

- Parfait, dis-je en passant devant lui. Allons-y.

En sortant, je suis étouffée par la vague de chaleur. Les hauts immeubles, empêchent toute brise et le soleil qui tape fait chauffer les murs de pierre qui reflètent l'air chaud. Je regrette aussitôt de ne pas avoir apporté une gamelle pour rester manger à l'intérieur où la clim me fait oublier que je déteste cette période. On est tout juste au début mai, ça promet un été caniculaire. Il n’y a pas un nuage à l’horizon.

Je vais mourir ou finir par me liquéfier sur place, au choix !

Notre rue est desservie par le tram, seules quelques voitures l'empruntent, ce qui lui confère un calme certain. J'aime cette tranquillité, je la trouve apaisante. Nous sommes pourtant proches de la place de la Victoire qui, elle, est très animée de jour comme de nuit.

Nous nous installons sous un grand parasol rouge, sur une terrasse qui est rafraîchie par des ventilateurs et une bruine légère.

- Cet aprèm, il faut qu'on se pose un peu pour voir comment on conduit la réunion de lundi, me dit Nico, après avoir reposé la carte sur le rebord de la table.

- Justement, j'avais un peu de temps ce matin, j'ai commencé quelques croquis en partant de ce que tu m'as montré hier.

- Génial, je savais que tu allais assurer, dit-il avec un clin d'œil. Ce projet va nous rapporter un sacré paquet d'argent, garde le cap là-dessus chérie.

- Je sais bien, mais si on se loupe, il signera surtout notre arrêt de mort !

J'ai commencé à me forger une petite réputation dans le coin et j'appréhende cette grosse commande. En général, quand j'accepte un tel contrat, je me mets dessus à cent pour cent. Sauf que là, pour le coup, je me suis déjà engagée dans deux mariages prévus le même week-end et pas des moindres. Je suis déjà épuisée rien que de savoir de quoi va être faite la semaine prochaine.

Il lève les yeux au ciel et se concentre sur son assiette. Il faut que je décompresse un peu avant d’attaquer la semaine qui va suivre. L’énorme boulot qui m’attend, conjugué à l’effet que l’inconnu a produit sur moi, m’ont mis dans tous mes états. J’ai l’impression d’être un élastique tendu à l’extrême, prêt à céder sous la tension.

Faut vraiment que je trouve cinq minutes pour consulter les sites internet, apparemment Laurel et Hardy ne sont plus aussi efficaces qu'avant ! Mais en attendant...

- Ça te dit qu'on se fasse une soirée demain ? On n'a aucun évènement dimanche et j'ai besoin de décompresser avant d'attaquer la semaine qui va me coûter cher en heures de boulot.

J'ai vraiment besoin de me détendre et d'évacuer toute cette frustration sexuelle que l'inconnu du bar a réveillé en moi. Avec un peu de chance, je tomberai sur un mec pas trop mal à regarder qui me fera oublier ces yeux qui me hantent. Peut-être même, que je pourrais m'envoyer en l'air vite fait à l'arrière d'une voiture.

- Toujours partant, me dit-il avec un sourire. Je m'occupe de tout.

Je n'en attendais pas moins ! Et puis c'est quand même de ta faute si j'suis dans cette situation !

- Marché conclu, mais je garde le reste pour moi !

***

La journée se termine et celle du lendemain passe tout aussi vite. Après une douche rapide, Nico entreprend comme toujours de m'habiller et de me coiffer.

J'ai l'impression d'être une poupée entre ses mains. Il me tourne dans tous les sens, me demande d'arrêter de bouger, de lever les bras, de lever la tête, je commence à en avoir le tournis. S'il continue comme ça, je vais être saoule sans même avoir bu un seul verre d'alcool.

La tête inclinée sur le côté, il m'examine de haut en bas. Il m'a dégoté un jean bootcut noir, taille basse et un débardeur entièrement recouvert de sequins argent, révélant mon nombril et ma taille fine. Niveau coiffure, il se contente de les laisser détachés, mes cheveux tombent dans mon dos dans une cascade de boucles. Il sait comme toujours, exactement ce qui me met en valeur. Il m'a fait des yeux charbonneux ce qui agrandit nettement mon regard, faisant ressortir mes yeux bleus gris.

- Parfait !

On n’a pas vraiment la même conception du mot parfait !

- Si un jour tu te désintéresses de l'évènementiel, tu pourras toujours te reconvertir en personnel shopper.

- C'est une idée mais tu es la seule que je kiffe habiller.

Oui, je suis une vraie Barbie, ça se voit au premier coup d'œil !

Il me donne un baiser sur la joue dans un bruit assourdissant. Il en fait toujours trop, mais je l’aime tellement que je passe outre ses petits défauts, et puis qui est parfait? Personne et moi encore moins que les autres. Je chasse cette idée, j’ai l’intention de passer une bonne soirée avec mes amis, ce n’est pas le moment de faire dans le mélodrame.

- On va où du coup ? Lui demandé-je quand nous quittons notre immeuble.

- On va à la plage se trémousser l'arrière-train chérie. Marie, Paul et Jess nous rejoignent.

- Ca me va ! A nous les vodkas citron !

Je suis déjà d’humeur plus légère quand nous arrivons à destination. La plage, est une boite de nuit prisée du Bordeaux nocturne et forcement la queue à l'entrée est longue. Nous attendons depuis une vingtaine de minutes quand le vigile se met à examiner rapidement ce qui se présente devant lui, décidant de qui va pouvoir rentrer ou non.

- Salut mes poulets, dit Jess quand elle nous rejoint, alors on fait la fête ?

Sexy Jess a sorti le grand jeu ! Et ben mon cochon, j'en connais une qui ne rentrera pas seule ce soir !

- Je veux oui ! On va s'éclater jusqu'au bout de la nuit, dis-je.

Nico remet son téléphone dans sa poche et nous dit:

- Marie et Paul auront du retard, elle est coincée aux urgences.

Marie est infirmière aux urgences pédiatriques de l'hôpital Pellegrin, elle et Paul sont en couple depuis deux ans, ils s'entendent à merveille, ma conception du couple parfait, après mes parents bien sûr.

C'est pas prêt de m'arriver ! Et puis de toute façon, aucune envie de me faire chier avec un mec !

Le videur nous interpelle et nous fait signe d'entrer, ce qui déclenche une horde de sifflements mécontents de la part de ceux qui se trouvent devant nous. Je le soupçonne d'avoir flashé sur la tenue de Jess, mini-jupe en cuir noir qui révèle la longueur de ses jambes et un top rouge flamboyant, très près du corps.

- Tu devrais t'habiller comme ça à chaque fois que nous sortons, ça nous éviterait de faire la queue.

Jess me fait un doigt d'honneur et nous entrons sur des éclats de rire. La musique pulse déjà fort, sur un rythme électro ce qui nous oblige à crier pour nous faire entendre. On s'installe sur un canapé encore libre.

- Bon je vais commander !

Je me lève et essaie de me frayer un chemin jusqu'au bar, ce n'est que le début de soirée mais il y a déjà un monde fou. Je me faufile et finis par y arriver. Je m'appuie sur le rebord en essayant de me faire remarquer par le serveur qui semble débordé. J'agite les bras dans sa direction, mais il ne semble pas me voir. C'est bien ma veine. Je pousse un profond soupir et me retourne vers la piste de danse pour prendre mon mal en patience. Je scrute sans vraiment regarder, jusqu'à ce que je tombe sur un regard bleu océan rivé sur moi...

Bordel de merde ! C'est bien ma veine !

Il est là, encore plus sexy que la dernière fois. Il est appuyé sur un mur en train de discuter avec un homme, mais il ne me quitte pas des yeux. Je suis parfaitement consciente de sa présence, mes poils se hérissent sur ma peau, ma respiration s'accélère, mon pouls bat plus vite. Les coins de sa bouche se relèvent en un petit sourire. Je me détourne pour faire face au bar, tapant dessus assez fort pour enfin avoir l'attention du barman. Il relève les sourcils en s'approchant.

- Qu'est-ce que je vous sers ?

- Une bouteille de vodka, de l'eau gazeuse et des rondelles de citron s'il vous plait ! Je lui désigne notre table, il hoche la tête.

- On vous apporte ça !

Je règle l'addition et me retourne, il a disparu. Mon dieu, je n’arrive pas à croire qu’il soit ici ! Je fais le chemin inverse pour retrouver mes amis pendant que mes pensées fusent dans tous les sens. Combien de chance y avait-il pour que l'on se retrouve au même endroit ce soir ? Pour que je tombe directement sur lui avec la foule présente. Je suis encore un peu chamboulée, quand je regagne mon siège. Une serveuse arrive rapidement derrière moi et pose le plateau sur la table en nous souhaitant une bonne soirée.

- Les amoureux ne viendront pas ce soir, dit Nico en rangeant son téléphone. Allez je sers la première tournée.

J'enquille mon premier verre cul sec, ça va peut-être m'aider à me remettre les idées en place. Je ne parle pas de ma rencontre avec le Sérial dragueur !

Ouais, je sais, c'est un surnom ridicule, mais là tout de suite, je n'ai rien de mieux en stock ! Et puis, il faut bien avouer que ça lui va bien !

Sinon Jess, serait bien capable de passer la soirée à le chercher et à me prendre la tête. Et franchement, je n'ai pas besoin de ça pour penser à son regard parfaitement indécent sur moi.

Merde, je suis déjà dans un tel état d’excitation c’est dingue. Jamais, ô grand jamais quelqu’un avait produit un tel effet sur moi et sans même m’avoir touchée. Ok il est super canon, mais quand même, ma réaction est parfaitement irrationnelle, j’en suis bien consciente mais je n’arrive pas à me contrôler.

- Vas-y mollo chérie, me dit Nico. Je n’ai pas l'intention de te ramener sur mon épaule à la maison.

- T'inquiète la danse va faire passer tout ça, dis-je avec un clin d'œil.

Nous nous levons pour nous mêler à la foule, les corps sautent dans tous les sens au rythme de la musique électro, nous entrainant tous les trois. Nous dansons pendant un long moment, faisant quelques allers-retours jusqu'à notre table pour nous réhydrater. J'arrive presque à en oublier l'état d'excitation dans lequel l'inconnu m'a mise. Mais pour être tout à fait honnête, je n'arrive pas à le sortir de mon esprit. Je dois faire appel à tout mon self-control, pour ne pas le chercher dans la foule.

Je suis claquée et je tente de rejoindre mon siège quand la musique, un zouc français, fruit de la passion de Franky Vincent retentit, ce n'est pas du tout mon style. Je laisse donc Jess et Nico se trémousser ensemble.

Putain, mais comment on peut encore passer ce genre de musique à l'époque où on est? Ca me dépasse !

J'ai presque atteint mon but, quand un bras passe autour de ma taille touchant la peau nue de mon ventre. Il se colle à moi par derrière, commence à onduler du bassin en me faisant suivre son rythme. Il colle son visage dans mon cou, je peux sentir le souffle chaud de sa respiration contre mon oreille. Je ne vois pas son visage mais, je sais très bien qui se trouve là. Mon corps réagit à son contact avant mon cerveau. Toutes mes terminaisons nerveuses sont en effervescence. Je me retourne et croise son regard.

Ca devrait être interdit des yeux pareils ! Je propose de voter une loi !

Il me saisit par la taille me collant à lui. Je passe mes bras autour de son cou et je me laisse aller. De toute façon, je suis quasi certaine de ne plus le revoir, autant en profiter un peu. Il pose son front contre le mien tout en suivant le rythme de la musique. Je n'ai jamais été une excellente danseuse, mais dans ses bras, j'ai l'impression de survoler la piste. Sa jambe est passée entre les miennes, ce qui l'oblige à plier les genoux pour être à mon niveau, chaque partie de mon corps qu'il touche semble s'embraser. Nous n'avons prononcé aucune parole, nous livrant à une discussion silencieuse avec les yeux et quelle discussion ! Je sens cette chaleur se répandre dans mon ventre provoquant une humidité certaine dans ma culotte. Mes tétons se dressent dangereusement vers l’avant me donnant des picotements, quand ils frottent contre la dentelle de mon soutien-gorge.

Mon dieu !

Il descend une main plus bas dans mon dos, touchant mes fesses du bout des doigts pour me rapprocher encore plus. La deuxième se plaque sur ma nuque, il baisse la tête et m'embrasse. D’abord surprise, j'écarquille les yeux, puis finis par m'abandonner à ce baiser, j'aurai bien le temps de me poser des questions plus tard. Quand j'ouvre la bouche pour lui laisser le passage, sa langue s'immisce et commence à caresser la mienne d’abord doucement, puis avec plus de ferveur. Il me dévore littéralement, j'agrippe ses cheveux et tire légèrement dessus ce qui lui provoque un râle de gorge. Il intensifie sa prise sur ma nuque. A la fin du morceau, il finit par prendre ma lèvre inférieure entre ses dents, j’ai l’impression de me liquéfier sur place, mon corps tout entier est devenu de la guimauve. Jamais on ne m’avait embrassée comme ça.

Bon sang, je suis à bout de souffle et légèrement tremblante. Il ferme un instant les yeux, cherchant lui aussi à reprendre ses esprits. Au moins, je ne suis pas la seule à être complètement à côté de la plaque. Son regard plonge alors dans le mien et j'y vois du désir avant qu'il ne laisse place à la malice.

- Je ne pensais pas vous revoir si vite.

Je cligne plusieurs fois des paupières, cherchant mes mots, moi qui habituellement ai pas mal de répartie, je ne trouve rien à répondre. Mon corps est tendu comme un arc et mon esprit s'est fait la malle. Il relève un sourcil avant de reprendre :

- Et si on allait continuer ailleurs ?

Hein ? Quoi ? Je rêve ou il me propose de finir chez lui ?

La panique s'empare de moi, mes démons sont de retour. Je dois me sortir de cette situation que j’ai moi-même provoquée. Je le repousse de mes deux mains, pour essayer de mettre un peu de distance entre nous. Le sexe pourquoi pas, mais je ne prendrai pas le risque de finir chez lui. Mon cerveau semble enfin vouloir m’obéir :

- Sûrement pas ! Bonne fin de soirée.

Je tourne les talons pour rejoindre ma table, mais il me saisit par le bras et me retourne pour que je lui fasse, face. Son regard me transperce de part en part. Je peux sentir la fermeté de ses muscles sous mes mains qui sont posées sur son torse et la chaleur qui émane de son corps.

- Vous n'aviez pas l'air contre il y a quelques instants.

Son arrogance, fait monter la colère en moi. Non mais, il se prend pour qui exactement ? Je le fusille du regard, ce qui le fait sourire.

- Un baiser ne signifie pas que je vais coucher avec vous, je dirais même que ça n'arrivera pas.

Je m’étonne moi-même de la conviction de mes paroles. Son regard est impénétrable, je ne saurais dire s'il est amusé ou vexé, de toute façon, je m'en fous royalement. Malheureusement, mon corps n'a pas l'air d'accord avec mon esprit. Tous les signaux dans ma tête sont au rouge alors que mon corps, lui, semble être irrésistiblement attiré par le sien. Je choisis d'écouter mon cerveau et pas ma libido, de toute façon, ce n’est pas comme si, d’autres options s’offraient à moi.

Faut que je m'éloigne et vite !

- Mickaël !

Une femme, vient de lui taper sur l'épaule, grande brune au teint clair, ses cheveux sont parfaitement lisses et semblent lui tomber au milieu du dos. Sa silhouette parfaite ferait se damner un mort. Une chose est sûre, je ne lui ferai pas de concurrence ! Elle me regarde un instant avant de reporter son attention sur lui.

- On te cherche partout !

Il finit par détacher son regard du mien pour se tourner vers elle, mais il ne me lâche pas pour autant.

- Laisse-moi une seconde, j'arrive !

Elle hoche la tête et repart. Elle vient de me donner une occasion en or, je la saisis.

- Je crois que votre bimbo vous attend, vous devriez y aller.

Il me regarde un instant avant d'éclater de rire, ce qui m’irrite, je dois bien l’avouer. Il penche la tête de côté avant de me répondre :

- Jalouse ?

Non mais il est sérieux ? Le degré de vanité de ce type est aussi grand que son charme, c'est à dire au plus haut niveau. Je bous de l'intérieur, je ne sais pas si je dois le gifler ou bien l'embrasser, il me rend complètement dingue. Je finis par exploser de rire, un rire nerveux, certes, mais ça, il n'est pas sensé le savoir. Il me regarde avec interrogation. Je le fixe de haut en bas et finis par lui répondre :

- La jalousie, est un sentiment que l'on éprouve en voyant un autre jouir de quelque chose que l'on ne possède pas et... En y regardant de plus près, rien de ce que je vois ne me rend jalouse.

Celle-là tu ne l’as pas volé ! Prend ça dans les dents sérial drageur !

Je suis extrêmement fière de moi, franchement. En le regardant dans les yeux, je vois que je l'ai vexé. Je lui souris et tourne les talons, laissant un sentiment bizarre au fond de moi, je le repousse aussitôt. Il a beau m’exciter au plus haut point, il restera juste un fantasme pour moi. Je n'ai pas le temps de faire deux pas qu'il me saisit le bras, j'en perds l'équilibre, ce qui m'oblige à poser les mains sur son torse une nouvelle fois.

Bordel de merde ! Il en veut encore ?

Bon sang, je peux sentir sa musculature se tendre sous mes doigts. Je suis parcourue d'un frisson et à l'expression de son regard, je vois qu'il l'a senti lui aussi. Il y a de l'électricité entre nous, je ne peux pas le nier, une connexion invisible qui me déstabilise. Il me regarde droit dans les yeux avant de reprendre.

- Pas de mensonge, vous ne pouvez pas nier ce qui existe. Je sais que vous l'avez senti vous aussi, cette tension entre nous.

Je suis fatiguée de ce jeu du chat et de la souris. Je suis venue ici, pour passer une super soirée avec mes amis et non pas avoir un dialogue de sourd avec un inconnu, qui soit, éveille ma libido comme personne d’autre avant lui, mais ce n'est pas une raison. Je pousse un soupir et finis par abdiquer :

- Je ne peux pas le nier en effet, mais il n'empêche que ça n'ira pas plus loin. Merci pour la danse et pour le baiser, maintenant vous pouvez aller retrouver votre copine.

J’essaie de me dégager de son emprise, mais il me tient fermement, il se penche vers mon oreille et me dit :

- Je n'en ai pas fini avec vous.

Il me donne un baiser léger, juste sous l'oreille, sur un point sensible dont je ne connaissais même pas l’existence, ce qui me provoque un frisson jusque dans mon entrejambe. Il se redresse, me sourit et disparait dans la foule.

J'en reste clouée sur place pendant quelques minutes, en proie à des émotions contradictoires avant de réaliser que, je suis au milieu de la piste de danse sans bouger. Mais qu’est-ce qu’il m’arrive putain? J’ai l’impression d’avoir les hormones d’une adolescente ! Je regagne notre table pour y retrouver mes amis.

- T'étais où chérie ?

Nico me sort de mon rêve éveillé.

- Hein quoi ?

Il réitère sa question.

- T'étais où ?

Je réfléchis à toute allure, je n'ai pas l'intention de lui raconter ma petite escapade parce que je sais très bien ce qu'il va me dire.

- Aux toilettes !

Il fronce les sourcils mais ne relève pas. Le reste de la soirée se passe sans que je ne le recroise et c'est tant mieux, nos échanges m'ont complètement vidée. J’ai bu bien plus que de raison et mes idées sont confuses. Nous sommes au vestiaire en train d'attendre nos affaires, quand je le vois appuyé contre un mur dans un recoin, il me regarde et sourit avant de disparaitre.

Et en cet instant, je sais que je n'en ai pas fini avec lui !


Annotations

Vous aimez lire Nelra ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0