Un siècle chez les Immortels

de Image de profil de Liam JukLiam Juk

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Depuis une corniche sur le haut d'une cathédrale je contemplais les abysses de mon âme. Cela allait bientôt faire mille trois cents trente sept lunes que je j'étais un immortel, soit une centaine de révolutions terrestre.


Je prenais le temps cette nuit, sous la pluie battante, de réfléchir aux prochains jours. Depuis ma renaissance je n'avais jamais offert le pouvoir qui coulait dans mes veines, et pourtant j'aurais peut être à le faire prochainement...

Il y a quelques dizaine d'année j'avais pris sous mon aile un bébé de quelques jours, emmailloté dans un pull sale et une couverture rêche, déposé sur le perron de la cathédrale où je monte la garde, tel une gargouille. Je l'avais élevé malgré les risques pour ma survie, ce petit homme était atteint d'une maladie qui altérait la composition de son sang, je le traitais grâce à mon sang en faible quantité. Mais maintenant il voulait entrer dans la famille des Immortels. Si j’accédais à sa requête, que allais-je créer ? Un prédateur ? Ou un frère de sang ?  

Sa condition de serveur et de videur de boite de nuit l’agaçait au plus haut point, il souhaitait pouvoir continuer à philosopher sur la Vie maintenant qu'il en connaissait le Prix. Sa sagesse de la Vie dépassait la mienne.

Afin de lui offrir ce qu'il considérait comme une bénédiction, j'allais devoir le tuer en lui prenant son sang puis l'abreuver du miens.     


Quelque chose m'attira....un cœur rapide empreint de peur... non deux cœurs rapides ! Avec un troisième, distant, de battements anarchiques. Les deux signaux se dirigeaient vers une ruelle à l'arrière de la cathédrale. Je me mis à observer, une femme richement habillée fuyait un homme armé d'un couteau. Ce dernier était un rustre et sentait l'alcool fort, même d'où j'étais :

- Au secours ! Laissez moi monsieur ! hurla la femme désespéré, ses mains protégeant son ventre

- Personne t'entendra ma mignonne, donne moi tout ! tout ce que tu as ! Ou je t’ôte tout ce que tu as...ton enfant !   

Pourquoi tant de haine ? Certes le sang de l'innocence est précieux et très nourrissant, mais ça défiait mes lois, mes réflexions sur la Vie, son Prix, son Fil directeur....

Je me relevais de la corniche et sautais dans le vide. Un léger nuage de poussière signa mon arrivé derrière le malfrat, pas un bruit, pas même mes pieds foulant le sol. Ce qui fit tilter cet ivrogne ce fut les grands yeux de cette dame qui voyait une silhouette vêtue de noire derrière son agresseur. Il se retourna face à moi, couteau en avant. Ma première main intercepta le poignet qui portait son arme, un premier "crac" retentit, un coup sec du tranchant de ma deuxième main au niveau se sa gorge étouffa ses cris, il se plia en deux autours de son poignet meurtrit. Je le lâchais avec dégoût, mais non... il ne méritait pas de clémence ! Un coup de pied sur la face interne d'un de ses genoux, un autre craquement s'éleva. Non il ne fallait pas qu'elle voit ça.... un salto par dessus l'homme au bord de la syncope me fis atterrir derrière lui, dans un mouvement délicat mais néanmoins précis, je saisissais le menton de l'homme avec ma main droite, ma gauche se posa sur le haut de son crane. Un mouvement véloce fit monter un autre bruit similaire aux précédents. La femme murmura de peur :

- ne...ne...me faites pas de mal....

- je ne suis pas là pour ça, vous portez la Vie, et vous chérissez cet enfant. Continuer de lui donner ce que vous avez de plus précieux....votre attention.

- m..m...merci

- maintenant partez

Je pris le corps de l'homme et me collais contre le mur, quelques paroles à voix basse élevèrent les ombres vers moi. La femme passa à coté de moi, ma cape enveloppait le corps de cet homme ainsi que le mien.


Je ne pouvais pas changer les blessures de ce pochtron mais je pouvais le maquiller afin d'éviter que l'on se mettent à la recherche d'un tueur solitaire. Je lui arrachais quelques ongles et lui fit quelques entailles peu profondes....et voilà j'avais transformé la scène en un règlement de compte avec torture. Je pris quand même le temps d'aspirer le sang de ses entailles, sans mordre. Il me fallait du sang humain pour subsister, mais je le complétais avec du sang animal.  

Je devais rentrer....

Avant de me diriger vers ma petite maison de bois  sur les hauteur de la ville je fis un tour par la cathédrale. Les chants sacrés émanaient du chœur, malgré la nausée légère que cela me procurais, je me mis à observer les pauvres, les reclus, et les abandonnés qui mettaient tout leur âme dans la flamme de la bougie qu'ils allumaient, le tout en chantant plus ou moins juste. Malgré leur condition et leur vie de misère, leurs cœurs vibraient à l’unisson, et faisaient trembler la fumée qui s'échappait des encensoirs. Par chance je ne craignais que peu les symboles de foi s'il n'était pas brandit de manière défensive à mon encontre. Un sourire au coin, je pris congé.

Arrivé à la maison, j’enlevais ma cape noire et mes vêtements de cuirs renforcés, puis me dirigeais lentement vers le sous-sol pour y passer la journée.


Demain, je donnais mon héritage....  


...et vendais ce qui restai de mon âme au diable ! 


Prédateur ou Frère Immortel, seul l'avenir me le dira, en tout cas ce qu'il a apprit devrait faire de lui un sage parmi les bêtes, un aigle au dessus de loups, navigant au gré des vents.... 

Fantastiquefantastiquevampire
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En réponse au défi

Avoir les crocs (2e partie)

Lancé par Mijak
Deuxième partie de ce défi : https://www.scribay.com/defis/defi/371/avoir-les-crocs--1ere-partie-

Cette fois, c'est 100 ans après que vous décrivez votre situation ! Le temps est passé, vous avez vu les humains mourir, d'autres naître, les pays changer, mais vous, vous ne changez pas.
Qu'êtes-vous devenu, vivant ainsi cette existence d'immortel buveur de sang ? Ermite aigri ? Chasseur solitaire ? Tyran mégalomane ? Bon vivant amoral ? Etc, etc.

Commentaires & Discussions

Un siècle chez les ImmortelsChapitre5 messages | 6 ans

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