Et soudain, je réalise...

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Humm... ce soleil de bon matin, quel plaisir ! Mon jus d'orange siroté sur la terrasse n'en fut que plus agréable ! Se réveiller en entendant les oiseaux chanter, en voyant les fleurs de mille couleurs s'épanouir dans le jardin. J'avais toujours adoré notre maison, et je l'appréciais davantage avec des températures comme aujourd'hui, où le jardin semblait s'inspirer d'Eden. Un lieu de paix.

Puis, j'entendis une voiture se garer en trombe dans la cour. J'eus à peine le temps de tourner la tête que ma mère en était déjà sortie, me faisant de grands signes.

- Ouh ouh ! Ma chérie ! Je suis là !

Oui, ça j'avais remarqué. Je ne l'attendais pas si tôt ce matin, et ma tranquillité ne fut pas si longue que je l'avais imaginée.

- Tu n'as pas déjeuné que ce jus d'orange ma chérie quand même, si ?

- Bonjour maman. Tu sais très bien que je ne déjeune pas le matin.

Un bisou furtif, et elle était déjà rentrée dans la cuisine, tel un tourbillon d'énergie. Comment faisait-elle encore à son âge ?

- Aller, file te faire coiffer ! Marianne s’installe déjà à l'étage, elle va finir par t’attendre.

Marianne est la fille de la voisine de ma mère. Nous avons quasiment le même âge mais nous ne nous sommes jamais vraiment entendues. Aujourd'hui, elle était devenue une excellente coiffeuse, et j'avais mis de l'eau dans mon vin pour pouvoir profiter de son talent. Je montai donc au premier étage et la trouvai en train de déballer ses affaires dans le bureau. Tout y était ! Le miroir, la chaise, sa servante avec tout son matériel... J'avais l'impression qu'on avait amené un salon de coiffure chez moi !

- Bonjour Marianne !

- Bonjour Caroline ! Installe-toi, nous n'avons pas beaucoup de temps !

Tout le monde avait l'air si pressé aujourd'hui ! Ma mère était une vraie pile électrique, mes deux meilleures amies me harcelaient de textos depuis ce matin, et maintenant la coiffeuse qui souhaitait se dépêcher.

Ma mère débarqua quelques instants plus tard.

- Tiens ! Si tu veux tenir toute la matinée il te faut au moins ça ! Mange !

Elle me tendit un bol rempli à ras bord de muesli, mélangé avec un yaourt nature. Elle avait dû amener ça depuis chez elle, car il n'y avait jamais eu de muesli dans mes placards ! Je n'aimais pas ça mais je savais qu'elle me forcerait à manger, quitte à me le donner à la petite cuiller comme quand j'avais 2 ans. Alors j'avalai quelques bouchées sans grimacer.

Une heure et demi plus tard, j'étais enfin coiffée. Vêtue depuis ce matin d'un vieux short et d'un débardeur un peu large, il était maintenant le moment d'enfiler ma robe...

- Je sais ! Je me dépêche !

J'essayais tant bien que mal de rassurer ma mère, qui avait regardé la pendule une bonne quinzaine de fois dans les cinq dernières minutes. Elle allait finir par réussir à me faire stresser !

...

Aidée de mes deux meilleures amies, aujourd'hui mes demoiselles d'honneur, je montai les quelques marches devant l'église. Tout le monde était déjà dedans. Tous les invités patientaient. Je n'avais que 10 minutes de retard, donc autant dire que pour un mariage, j'étais plutôt à l'heure ! Une petite angoisse m'avait prise d'assaut quand j'enfilais ma robe. Des doutes, des questions. Je ne savais plus si j'avais envie de me marier.

Nous vivons dans une magnifique maison, construite par un ami architecte, nous avons deux situations confortables et sommes ensemble depuis des années. Nous avons une vie propre et rangée, et depuis que nous préparons le mariage j'ai l'impression d'être enfermée dans une vie routinière, sans folie, et qui ne me ressemble pas. Mes amies étaient devenues inséparables et j'avais l'amère impression d'être la troisième roue du carrosse. J'étais celle qui avait tout réussi, qui avait tout pour être heureuse, et qui ne sortait plus en soirée ou au cinéma avec elles. D'un coup, ce matin, tous mes mauvais souvenirs remontaient à la surface, et quelques regrets avec.

Mais elles et ma mère avaient essayé de me convaincre que c'était normal avant un mariage, que le stress et la panique faisaient partie du décor.

Matthieu est un homme que j'ai aimé au premier coup d'œil, comme un coup de foudre. Cela fait dix ans que nous sommes ensembles, nous nous sommes construits ensemble et avons toujours tout fait ensemble. Simplement, aujourd'hui, j'étais perdue. Était-ce vraiment moi ? Ou m'étais-je perdue depuis des années ?

Les portes de l'église s'ouvrirent devant moi, dévoilant la magnifique allée centrale que j'avais décorée de fleurs blanches. Mon père s'avança vers moi, très ému, pour me conduire jusqu'à mon futur mari. Je croisai d'ailleurs le regard de Matthieu quand il se retourna pour me voir. Il était au bord des larmes lui aussi, comme un homme lors du plus beau jour de sa vie. Et ça ne me fit aucun effet. Rien...

Et plus mon père avançait vers moi, plus mon malaise grandissait. Je restais figée, là, devant cette allée. J'étais comme un zombie, mon subconscient avait repris le dessus. Je ne fus capable que de murmurer un "je suis désolée", et je partis en courant, dévalant les escaliers et me précipitant dans la voiture qui nous attendait.

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