Chapitre 17

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Elodie, une fois sur pied, se retrouva face à une porte fermée. Elle attrapa la poignée mais cela ne servit à rien. Une peur panique menaçait de lui faire perdre ses moyens et elle tentait de ne pas y céder. Une petite voix lui disait de tourner les talons et de fuir. Un rapide coup d’œil par-dessus son épaule et elle vit l’autre porte commencer à se refermer très lentement.

  • Impossible d’ouvrir la porte ! Je sors ! Je vous attends au camp de base !
  • Fuis Elodie ! Fuis ! hurla une voix déformée par l’épaisseur de la porte.

Elle ramassa la lanterne et se mit à courir. Sa vision dansait à la cadence du balancement de la lampe. Une sueur malsaine perlait sur son front. Une sorte de fièvre la consumait de l’intérieur. Un mouvement sur sa droite attira son attention : des silhouettes floues assises à des bureaux. Un réflexe, comme si une main lui faisait tourner violemment la tête vers l’avant, lui permit d’éviter au dernier moment la tranche de la porte. Elle passa au travers du corps d’un homme fantomatique, apercevant les insignes de soldats allemands sur le col. On ne voyait cela que dans les films. Pas dans la réalité. La maison prenait d’autres couleurs, plus vives. De nouveaux sons et des odeurs de tabacs venaient perturber ses sens.

Encore trois encadrements et elle déboucherait dans la salle principale. Quelque chose lui arracha la lampe qui vola vers un coin, s’écrasant contre un mur. Elodie eut juste le temps d’apercevoir des formes porter une énorme caisse frappée de l’étrange symbole qu’Anne leur avait montré.

Lina pesta. Elle avait été trop lente et n’avait pas pu dévier le dernier coup contre Elodie. Elle se retourna et enfonça la lame de son couteau de chasse dans le nuage mauve qui attaquait Elodie, le faisant reculer. Elle se transporta en avant, retenant la dernière porte de toutes ses forces. Elodie arrivait, exténuée. Encore quelques mètres… rien que quelques instants… Elle vit un visage juste devant le sien. Il observait les yeux de Lina avec une curiosité avide. Elle soutint son regard violet.

  • Qui es-tu ? Tu n’es ni morte, ni vivante, demanda-t-il en allemand, langue que parlait couramment Lina.
  • Tu veux sauver cette femme ? Si tu veux, je peux la laisser en vie, mais il faudra me suivre. Veux-tu me suivre ?

La porte ne forçait plus. Il fallait gagner du temps en gardant le silence.

  • Tu ne réponds pas. Tu as de la suite dans les idées… Tu es dangereuse, fraulein… Tu nous as fait mal… Tu vas devoir payer pour cela.

L’homme sortit un luger et le pointa sur la poitrine de Lina. Elle sentit le corps d’Elodie la frôler. Elle était en sécurité, enfin…

Le coup de feu feula à ses oreilles. Elle tituba, incrédule. La porte se referma avec un claquement sec. L’homme, blouse blanche par-dessus un uniforme nazi, la regardait derrière ses petites lunettes rondes. Lina porta une main à sa poitrine et la retira, pleine de sang. Cela ne se pouvait pas… Elle…

Lina rencontra un mur et se laissa glisser à terre. La vie s’échappait lentement de son corps. Petit à petit son image s’effilochait dans le néant.

Elle ferma les yeux et pensa à Yvan, de toutes ses forces. Elle se souvint de tous les instants passés avec lui. Elle se souvint de ses caresses, de ses lèvres, de son rire. Elle se souvint… Elle écarquilla les yeux, horrifiée…

Elle se souvint du jour où il l’avait tuée… Elle poussa un long hurlement qui ne prit fin que lorsque le dernier fil de son existence disparut.

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