Chapitre 16

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Ils passèrent d’une pièce à l’autre, en suivant les indications d’Yvan. La sensation de mal être s’accentuait à chaque pas. Il serrait les mâchoires, dissimulant le plus possible son état d’angoisse. Une odeur désagréable accompagnait chaque inspiration, avec, à chaque fois, un élément nouveau qui empêchait ses sens à s’habituer. Ils étaient au cœur de la maison, les fenêtres condamnées ne laissaient passer que quelques raies de lumières où flottaient de fines particules de poussière et de toiles d’araignées.

  • Personne n’est venu ici depuis des décennies. Heureusement que le sol est solide. Les meubles sont presque tous pourris. Faites bien attention où vous mettez les pieds.
  • Il serait plus prudent de mettre des masques, non ? demanda Elodie.
  • Pourquoi faire ? Tu as peur de te faire agresser le nez par une moisissure extra-terrestre ? se moqua Anne.

Le silence revint. La lueur, jaune blafarde, des deux lampes balayait les alentours avec minutie. On était dans une sorte de bibliothèque. Des étagères montaient à l’assaut des murs, jusqu’au plafond. De minuscules petits rongeurs détalaient de tous côtés. Yvan ferma son œil droit sous une douleur fulgurante. Il trébucha, aussitôt rattrapé par Elodie qui lâcha son plan et son crayon. Dans le même temps un énorme craquement se fit entendre au-devant de la colonne. Un juron et puis un bruit de chute non contrôlée.

Jean-Paul se porta à l’avant avec sa lampe, palliant la défaillance d’Yvan qui était à genoux, grognant, totalement désorienté.

  • Merde !

Anne poussait souvent de tels jurons.

  • Le sol s’est effondré sous Tower. Il est tombé. Je ne sais pas de combien de mètres… Tower ! Tower ! Tu m’entends ?
  • Pas besoin de beugler autant ! Oui, je t’entends. Je suis blessé… Il faut venir m’aider.
  • On arrive, fit Anne en posant son sac à terre et en prenant la corde.

Elle demanda à Elodie de retourner à l’entrée de la bibliothèque, de tendre ses jambes de chaque côté du chambranle et de l’assurer.

Yvan bredouillait des mots incompréhensibles. Il ne fallait pas se séparer ! Surtout pas… Le danger était là. Il voulait… Il voulait du sang… Il ne fallait pas se séparer…

Jean-Paul se pencha sur Yvan et le rassura comme il pouvait.

Elodie progressait rapidement, passant la corde autour de sa taille. Elle avait pris la lampe d’Yvan et la posa à côté d’elle pour s’assoir dans l’autre pièce, dos à l’obscurité. Anne testa la résistance et commença à descendre.

  • C’est bon, je suis en bas, tu peux donner du mou…

Elodie posa la corde au sol le temps de se relever. La porte se ferma lentement devant elle, sans un bruit. L’isolant des autres.

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