Chapitre 15

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Les cinq exorcistes faisaient face à la sinistre maison alors qu’un soleil orange se levait sur Sète. Un pied sur le trottoir, sacs sur le dos, avec un air déterminé, ils attendaient les ordres d’Yvan. Leur chef se tenait nerveusement la main droite avec la gauche, la massant lentement pour éviter que les autres ne perçoivent le tremblement incontrôlé qui s’en était emparé. Il rentra la tête dans les épaules et s’avança dans l’allée, cherchant le trousseau de clés. Les passereaux n’étaient plus là. Un silence des plus cliché plongeait la scène dans une ambiance digne d’un navet cinématographique de seconde zone. Le mauvais état du sol les obligeait à bouger comme au ralenti, ce qui exagérait encore plus le ridicule du moment.

C’est alors que s’éleva une musique de film.

Le lecteur de Tower palpitait au son de Vampire Hunters de Wojciech Kilar, un titre du film Dracula de Coppola.

Interdits, ils se retournèrent pour le regarder.

  • What ? C’est approprié non ? fit-il en souriant.

Ils éclatèrent de rire et la chape de plomb qui s’était abattue sur eux s’évacua d’un seul coup.

La plante grimpante semblait avoir poussé en quelques heures. Yvan ouvrit la porte. Il regarda à l’intérieur plus attentivement que la première fois. Les murs décrépits montraient quelques lézardes verticales et on devinait aisément les différentes strates de peinture. La paroi originelle affleurait à quelques rares endroits : un solide mur de pierre. Le plafond n’était pas abîmé. Avec l’aide de Tower et d’Elodie ils firent sauter les gonds avec une masse emportée par le légionnaire. Le bruit se répercuta longuement dans la maison. Une fois la porte à terre, ils franchirent l’entrée suivante afin de lui faire subir le même sort. Ils établirent le camp de base dans la pièce principale, dégageant le passage pour une fuite rapide. Les portables ne passaient plus. A part la montre d’Yvan, elles étaient toutes arrêtées. On était au cœur du sujet. Ce qu’il avait pris pour un hall était une grande pièce de vie, certainement un salon. Une baie vitrée, condamnée par des planches en bois épaisses mais vermoulues, devait donner sur le jardin à l’arrière de la maison. Le nombre de portes, toutes identiques, frisait la démence. A gauche comme à droite il y en avait trois. Yvan déposa son sac. Un léger picotement commençait à naître au niveau de l’hémisphère droit de son cerveau.

  • C’est là. Pour le moment, la chose est loin. Elle observe. Je n’arrive pas à en déterminer la source. Nous ne devons pas traîner. Elodie, tu te chargeras de tracer un plan détaillé de la maison. On prend les lampes tempêtes. Je pense que celles à piles ne fonctionnent pas…
  • Exact, confirma Tower en actionnant la sienne. Yvan, Jean-Paul vous serez nos sources de lumière. On va économiser.

Yvan remit son sac, l’ajusta et alluma sa lampe. L’odeur caractéristique du liquide inflammable lui piqua les narines. Lina et Fujimi l’attendaient à côté de la porte du milieu, sur la droite. Il se dirigea vers elle mais fut coupé dans sa marche par Tower.

  • Je prends la tête. Tu m’indiques le chemin. Anne, tu viens ensuite, puis Yvan, Elodie et Jean-Paul.

Il posa la main sur la lourde poignée d’un autre temps, jeta un dernier regard à l’équipe et d’un geste lent, prudent, il ouvrit dans un grincement qui rappelait le crissement d’un rire dément.

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