Chapitre 7

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La tombe de Lina était toujours très bien entretenue. Yvan resta debout un long moment, gardant un silence serein. Contrairement à ce que certains auraient pu penser, il ressentait très rarement quelque chose dans les cimetières. Il n’y avait pas de forces négatives dans celui-ci. La projection de Lina restait à ses côtés, assise sur sa propre tombe. La mémé Fujimi se promenait entre les sépultures pour honorer tous ceux dont la dernière demeure était négligée. C’est vers midi qu’il sortit du cimetière, la faim le poussant à chercher de quoi se mettre sous la dent. Il traversa la route pour se retrouver à Secret de Pain, une boulangerie qu’il aimait particulièrement. Le patron le salua avec un grand sourire. Il commanda une salade aux noix et fromages accompagnée d’un thé et d’un dessert. Il mangea dehors, profitant de la douce chaleur du soleil. Quand il reconnut la voiture qui ralentissait pour finir par se garer juste en-dessous de la terrasse, il était trop tard pour fuir. Sa patronne s’extirpa de l’Austin-Mini. Elle fut assise devant lui en quelques enjambées.

  • Yvan, tu tombes bien ! J’ai besoin de toi, c’est une affaire urgente.

Il leva les yeux au ciel. C’était bien sa veine.

  • Il n’y a jamais rien d’urgent dans l’immobilier… J’ai encore une semaine de congés. Je ne travaille pas là.
  • Je t’offre une augmentation…

Yvan resta sans mâcher, interloqué.

  • Une grosse augmentation.
  • C’est si impossible que cela cette vente ?
  • Un enfer. La famille tente de vendre depuis des générations. Le bien était en indivision mais les trois derniers membres ont réussi à s’entendre. Ils veulent vendre. Mon cabinet gère cette affaire depuis des décennies. C’est même mon grand-père qui a ouvert le dossier quand le cabinet s’est implanté dans la région. Je veux que tu y ailles maintenant. J’ai les clés. Je te dépose.
  • Non, je ne peux pas, écoute…

Elle se redressa, sa menue mais fière poitrine, libre d’entrave, perçant à travers le tissu de sa chemise. Menton levé, le regardant de toute sa hauteur de ses magnifiques yeux bleus, elle attendait une autre réponse. Rachel ne supportait pas qu'on lui tienne tête. Yvan posa ses mains sur la table, impassible. La mémé Fujimi se tenait sur la droite de la patronne, les bras croisés en signe de colère. Le garçon avait plus peur de décevoir l’arrière-grand-mère que de perdre son emploi. Après tout, la maison ne devait pas représenter un danger pour lui. Au pire il ressentirait des sensations déplaisantes mais rien de bien fort. Il se mordit la lèvre supérieure, signe d’un dilemme intérieur. Rachel inspirait lentement, les doigts de sa main droite tambourinant contre la table.

  • C’est bon. Je viens… Je termine juste mon thé et mon dessert.

Rachel soupira de soulagement. Fujimi hocha profondément la tête : l’honneur était sauf.

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