Bulletin scolaire

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Après le repas, nous nous réunissons dans le petit salon. Mère s'installe dans un fauteuil avant de prendre une enveloppe blanche sur laquelle je reconnais le blason de mon collège.

Elle tend l'enveloppe à père, qui l'ouvre. Il en sort deux feuilles. Il les lit attentivement, et je peux voir ses sourcils se froncer au fur et à mesure qu'il avance dans la lecture de ces papiers.

Quand il finit de les lire, il pose son regard sur moi. Un regard dans lequel je peux lire de la déception. Un noeud se forme dans mon estomac.

Il me tend les feuilles. Je les prends pour en découvrir le contenu. La première est mon bulletin de notes de ce dernier semestre de l'année. Je me rends compte que mes notes sont mauvaises, surtout dans les matières scientifiques, quelle catastrophe !

Je prends la deuxième d'une main tremblante. Un courrier de la direction qui annonce . . . que je serai reléguée en classe E l'an prochain !

À présent, mon noeud à l'estomac s'accompagne d'une boule dans ma gorge. Et comme si ça ne suffisait pas, je peux sentir peser sur moi les regards froids et déçus de mes parents.

Je garde les yeux baissés et le silence. Que puis-je leur dire de toute façon ?

C'est mon père qui prend la parole. Il déclare d'un ton froid :

- C'est une catastrophe ! Je m'absente un seul mois et je rentre pour découvrir que les notes de ma fille ont fait une chute libre pendant mon absence ! Est-ce que tu te rends compte de la gravité de la situation ? Tu vas être reléguée en classe E ! Ta réputation et celle de toute notre famille en sera souillée ! Je misais tous mes espoirs sur toi ! Je te faisais confiance pour reprendre dignement l'entreprise familiale et toi, tout ce que tu trouves à faire, c'est me décevoir et gâcher ton avenir !

Il crie en disant ces derniers mots. Je sens mon nez me picoter et les larmes me monter aux yeux.

Mère me dit d'une voix calme :

- Monte dans ta chambre.

J'obéis et me dirige vers les marches. Je les monte une à une. Je traverse le couloir et ouvre la porte de ma chambre. Je la referme derrière moi, me dirige vers mon lit et m'assieds dessus. Je me retiens de pleurer mais je ne peux empêcher mon menton de trembler et quelques larmes de couler sur mes joues.

Mon regard tombe sur mon téléphone, posé sur ma table de chevet. Je le prends pour contacter la seule personne à qui je peux me confier ouvertement : Gakushû.

Je lui envoie donc un message, lui demandant s'il a du temps libre, mais je ne reçois aucune réponse. J'en conclus qu'il est occupé.

C'est alors que j'entends des voix en bas, celles de mes parents. Pour que je les entende d'ici, ils doivent parler très fort. Oui, on dirait bien qu'ils sont en train de crier. Ils se disputent !

- C'est de ta faute ! clame père. Tu es censée t'occuper de l'éducation de ta fille ! Au lieu de la pousser à étudier un maximum, tu lui fais faire de la broderie, de la musique, de la danse et mille autres choses inutiles !

- Ce ne sont pas des choses inutiles ! rétorque mère. Une femme doit apprendre à avoir de la grâce dans tous ses gestes et mouvements, elle doit savoir pratiquer nos arts traditionnels ! L'éducation passe avant tout par le respect des traditions et le comportement ! De plus, je n'ai jamais empêché notre fille d'étudier ses leçons, est-ce ma faute si elle ne sait pas gérer son temps ?

- Comment veux-tu qu'elle gère son temps si tu la surcharges de ces activités stupides ? !

- Ce ne sont pas des activités stupides ! D'ailleurs, si tu n'es pas satisfait de l'éducation que je lui donne, tu n'as qu'à être plus présent ! Tu m'as laissée l'éduquer seule et aujourd'hui, tu critiques tout ce que je fais pour elle et notre famille ! Tu es injuste !

C'en est trop ! Je n'attends pas la réplique de père, je me lève et me précipite vers mon piano. Je m'assieds sur le tabouret et je joue, je joue pour couvrir leurs voix de ma musique, je joue pour ne plus entendre leurs cris, je joue jusqu'à ce que mes doigts endoloris m'empêchent de continuer à taper sur les touches blanches et noires de mon instrument.

Ce soir là, je déclare ne pas avoir faim pour ne pas devoir descendre affronter leurs regards et leurs sermons pesants.

Je reste donc toute la soirée allongée sur mon lit, le regard rivé sur mon smartphone, attendant désespérément une réponse de Gakushû, mais je ne reçois aucun message.

"Il doit être en train de dormir, me dis-je, je ferais mieux d'en faire de même".

Mais le sommeil se fait attendre très longtemps.

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