49 – Ney : Ficelles et punaises

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Durant la promenade avec Idle et Feyn, Ney fait travailler plusieurs processus en parallèle. Dans l’un d’eux, elle discute et cogite avec les autres Nevians, dans un autre l’émulation de Trend la suit dans un canal RA privé tout en participant aux discussions. Et bien sûr, elle passe du bon temps avec sa petite sœur et un ami dans l’un des plus beaux parcs de la première cité saturnienne.

La principale question à l’ordre du jour, qui occupe pratiquement tout le monde, reste la même : que faire ? Tous les actes de malveillances provoqués par Bishop et son allié semblent n’avoir ni queue ni tête, si ce n’est une rancœur grandissante vis-à-vis de Sanaë et de son équipe. Les quelques rapports des forces de sécurité des colonies, transmis par la wardner à Nightly, leur auront appris que les IA statistiques n’ont pas progressé, mais que le rythme des « actions de terreur » s’est réduit depuis que Bishop est devenu une cible à abattre à vue. Évidemment, ces résultats confortent les corporations à maintenir la directive jusqu’à résolution complète de la crise.

La wardner leur fait aussi état de ses propres recherches, pour le moment vaines : « Je suis persuadée qu’une partie des attaques ont un sens. Un sous-ensemble pertinent comme l’appelle Nodeus. Les autres actions sont du bruit, une diversion pour masquer ce qui est important. Noyer l’information par un excès d’information. Nodeus et les corporations ont essayé de recouper ces sous-ensembles, mais les résultats ne donnent pas grand-chose. La seule chose qui semble donner des liens pointent le Bearington. Sauf que Nodeus nous a fait remarquer que l’échantillon est minuscule. Et en plus, il ne concerne que des événements très récents. En gros, cet adversaire que votre amie Ney a décrit, semble se servir de cet événement pour brouiller d’autres pistes. C’est pas grand-chose, mais c’est tout ce qu’on a de notre côté. Ah, pendant que j’y pense : je ne saurais que trop vous remercier pour la destruction de la mémoire de Trend, vous avez fait la bonne chose. »

Rapidement Ney pointe plusieurs éléments qui ne lui vont pas : « Je ne suis pas vraiment d’accord avec son idée de sous-ensemble pertinent. Soyons clair : s’il y avait un lien entre elles, les super IA des corporations l’auraient trouvé. Je veux dire : ces trucs sont construits pour produire du biais de confirmation en quantité industrielle ! Si elles ne trouvent rien c’est qu’on a construit un ensemble complet spécifiquement pour les mettre en échec. L’ensemble qu’on cherche est en dehors de cet ensemble relevé. Le Bearington fait partie des événements bruyants, mais les attaques ciblant cette affaire nous apprennent une information capitale : quelque chose a poussé l’adversaire à improviser. Il dispose d’un horizon des événements et ne possède que des informations incomplètes de la partie. À elle seule, cette information change tout. Mais on ne doit surtout pas la révéler, gardons ça sous le brouillard de guerre.

– Comment on trouve ces événements pertinents s’ils ont été silencieux ? demande Nightly fascinée par la démonstration et visiblement sous l’effet d’un rush d’adrénaline.

– On en a déjà un, je pense. Et si je ne me trompe pas, ça veut dire qu’on a un allié capable de rivaliser avec notre adversaire, détaille Ney.

– On pourrait pas lui donner un nom à cet adversaire ? demande Nevi qui aime visiblement pouvoir identifier ses cibles.

– On a qu’à l’appeler Crémoche ! intervient Idle à la surprise de tout le monde.

– Idle ! C’est un canal privé, comment…

– Je m’en vais, je m’en vais ! se déconnecte la petite nevian.

– Ok… Je crois que je te suis Ney, annonce Eve.

– Moi pas du tout, se plaint Trend.

– On a eu deux missions liées à un moment… commence la justicière.

– Ton réseau t’a donné deux missions et l’une d’elle n’était pas liée à toute cette débâcle, j’ai bon ? devine le fantôme du Wardner.

– Oui. J’ai vérifié, la sécurité à mis Samuel en sécurité. Avec la récente débauche de violence, l’enquête a été temporairement mise en pause, les mercenaires responsables ont été arrêtés mais le commanditaire n’est pas encore tombé, explique Ney.

– Une impasse donc, ironise Trend.

– À un certificat près, je dirais, s’amuse la technophile.

– Tu as quelque chose dont tu ne m’as pas parlé ? demande Nightly.

– Au moment où le gamin est monté à bord de la navette pour se rendre en haut, j’ai sniffé une authentification complète de son accompagnatrice qui est restée sur Titan.

– On va craquer un autre certificat ? s’excite Zut.

– Pourquoi utiliser la force brute ? On a Trend non ? révèle Ney.

– Je vois où tu veux en venir, mais ça veut dire que tout le monde sera au courant que je ne suis pas mort, objecte le fantôme.

– Sauf si j’antidate ta requête et ajoute des erreurs de redirections dans les informations de routage. Certains messages sur SolNet peuvent mettre des semaines en interplanétaire pour arriver à destination. Je l’envoie via le centre de communication du spatioport d’Ombrenade et je sniffe la réponse. Essiert, c’est ça ? explique la technophile.

– Je préférerais le faire moi-même si ça ne te dérange pas, oppose Trend.

– Comme tu veux, mais ça te fait revenir dans la partie, concède la nevian aux couleurs inversées.

– Prépare-moi un tunnel SolNet, je te fais confiance pour le cryptage, demande le solar wardner.

– Ça marche ! », termine Ney.

Bientôt, ils auront une identité sur la personne et une nouvelle piste. Une piste en dehors de l’ensemble compromis de… Crémoche.

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