13 – Ney : Ingénierie sociale

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Comme la plupart des hôtels des stations de transit, tout le fonctionnement aussi bien technique, logistique ou même commercial, est géré par des systèmes automatisés. Malgré la centaine de chambres affichées par l’établissement, Ney ne rencontre finalement personne. Rien d’illogique en y repensant : sur une station de transit, il n’y a pas vraiment de rythme général. Chaque voyageur vivant au rythme du vaisseau précédent ou se préparant au prochain vol, c’est plus d’une dizaine de cycles décalés qui cohabitent. Celui de Ney est bien particulier car, profitant de sa nature d’hyper-hybride, elle ne dort pas et se contente de laisser ses muscles synthétiques se reposer de temps en temps.

L’enfant lui semble être encore habitué au cycle de Pretty Sand, et le mercenaire ne semble pas faire grand-chose pour le caler sur un autre. Curieusement, le réseau porte encore les marques de précédentes attaques informatiques. Quelles qu’en aient été les causes, les importuns semblent avoir cessé leur guerre numérique bien avant l’arrivée de la navette. Mais qui sait vraiment ce qui peut encore traîner sur le local ?

Suivre l’enfant comme un espion dans les stims n’est pas véritablement envisageable : le mercenaire n’est probablement pas quelqu’un avec qui jouer et Ney n’est pas une espionne de toute façon. Vu l’état du réseau, prendre le contrôle de certaines sections de la surveillance pourrait à la fois se faire discrètement et à la fois ne servir à rien.

Alors que la peluche rousse erre dans les couloirs à la recherche des points d’entrée du réseau qui ne soient pas en cours de récupération – façon polie de dire « pas complètement mort » – elle aperçoit le mercenaire qui guide, fermement dirait-on, l’enfant vers la cantine. Eh bien, pourquoi ne pas simplement faire connaissance ?

Devant la cafétéria de l’hôtel, elle aussi entièrement automatisée, un grand panneau immatériel présente le menu. De la réalité augmentée, encore. Ney se demande toujours pourquoi les foglets ne sont pas plus utilisées. Peut-être y voit-elle plus d’importance que nécessaire parce que ce sont ses jouets préférés ? Sans doute. En attendant, elle a repéré un ou deux plats qui lui plairont et ne poseront pas de problème de digestion : quand on a un organisme particulier, on se limite à de la nourriture particulière.

Ney s’avance dans la salle de la cafétéria avec son plateau adhésif où trônent une pochette de gel, saveur « mouton », et un gobelet étanche d’eau purifiée. La grande salle est étrangement vide : une seule table est occupée. L’enfant et le mercenaire y mangent dans un étrange silence. La technophile s’aventure vers eux et le mercenaire se tourne vers elle.

« Je peux m’installer avec vous ? Il n’y a pas grand monde et je n’ai pas trop envie de manger seule. Je suis Ney ! » s’introduit-elle en se demandant si elle n’aurait pas dû générer un pseudonyme…

Le mercenaire conserve une expression impassible tandis que l’enfant semble réagir. Voyant cette réaction, le mercenaire donne un hochement de tête et indique l’une des chaises libres. Ney en profite pour lire les expressions sur le visage des deux. Si le mercenaire semble avoir un entraînement pour masquer les indices corporels, l’enfant est un livre ouvert.

Et ce livre semble dire : « Je suis prisonnier et ils ne veulent pas me laisser rentrer chez moi. »

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