Journal de bord du Reehztak Jolkor.

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Journal de bord du Reehztak Jolkor. Date locale huit sept deux zéro un cinq. Date impériale neuf un sept huit zéro cinq trois.

 

Une petite planète pleine d'eau. Voilà à quoi elle ressemblait vu de la nébuleuse thélarienne. On a découvert qu'elle abritait la vie à la sortie de la galaxie d’Andromède, comme on l'appelle ici. Qu'au moins l'une de ses formes de vie était de classe trois - intelligence rudimentaire -. Et maintenant nous notons la présence d'une espèce de classe huit - intelligence supérieure -.

 

Surprise parmi l'équipage. Classe huit ? J'avoue avoir moi-même du mal à y croire. Ils utilisent encore du pétrole. Ils détruisent leur biosphère sans avoir l'air de s'en soucier. N'ont même pas encore réussi à s'unifier et s'enferment stupidement dans des guerres sanglantes au nom de la même entité abstraite. Ils nomment ça "argent" je crois. Ils s'en servent pour troquer. Oui, oui, pour troquer. Ils n'ont même pas été capables, encore, de dépasser le concept de propriété individuelle. Ils pensent encore avoir le droit de se dire possesseur d'un objet quelconque. D'un morceau de planète. D'un autre être vivant. D'un membre de leur propre espèce, même, pour certains. Ils ne comprennent rien à rien.

 

Et ils sont de classe huit ? J'ai demandé une révision complète de nos scanners et de l'IA de bord. Je suspecte une erreur mécanique. Classe trois c'est déjà gentil pour ces... humains, comme ils s'appellent.

 

 

Journal de bord du Reehztak Jolkor. Date locale neuf sept deux zéro un cinq. Date impériale un zéro un sept huit zéro cinq trois.

 

La révision du matériel terminée, un nouveau scan fut accompli. Les résultats furent les mêmes, quoiqu'un peu plus précis. Il y a plusieurs espèces de classe deux. Cinq de classes trois. Deux de classe six. Une de classe sept. Et une autre de classe... huit, aussi invraisemblable que ça en ai l'air. Je ne crois pas avoir jamais vu - ni entendu parler, d'ailleurs - d'une planète possédant autant de forme de vies intelligentes, sans même parler d'une espèce de classe huit. Mais définitivement je n'arrive pas à accepter les humains comme une classe huit ou sept. Ni même six d'ailleurs. L'empire lui-même est majoritairement composé d'espèces de classe quatre bien plus avancées qu'elle à tous les niveaux. Et  je ne comprends pas. S’il y avait d'autres espèces supérieures, pourquoi laisseraient-elles les humains détruire ainsi leur planète ? Ça n'a aucun sens.

 

Se cachent-elles ? Pourquoi ? Peur de l'arsenal nucléaire de l'espèce humaine (oui, ces barbares ont militarisé l'énergie thermo nucléaire, ce qui prouve bien la défaillance de leur intelligence. Aucune espèce de niveau quatre ou plus n'a jamais commis une aberration pareille de mémoire impériale) ? Ou alors président-elles, pour quelques obscures raisons n'appartenant qu'à elles, aux destinées de cette planète à l'agonie ?

 

Quoiqu'il en soit j'ai ordonné de prélever un échantillon de l’ADN de chaque espèce animale de cette planète, jusqu'au plus petit microbe. J'aurai mes réponses. Et l'empire avec moi. Cependant, alors que je suis là à observer le flux d'une nano caméra implantée dans l'œil d'un de ces primates qui semblent dominer cette planète alors qu'il regarde jouer son enfant, je me demande comment ils peuvent assumer une telle dichotomie dans leur esprit : l'amour des leurs et l'indifférence criminelle envers le reste de leur monde.

 

J'ai écouté les discours diffusés sur leurs réseaux de communications. J'ai lu leurs plus grands penseurs. J'ai vu leurs plus belles œuvres d'arts. C'est la procédure standard lorsqu'un vaisseau d'exploration découvre une espèce de classe trois ou plus. Et j'ai vu un certain potentiel chez eux. Ils auraient pu atteindre la classe quatre. Mais ils sont tombés dans le même piège que tant d'autres avant eux : ils ont laissés leur avidité et leur orgueil prendre le pas sur leur compassion et leur curiosité au niveau global.

 

Individuellement je suis certain qu'ils ne sont pas des cas désespérés pour la plupart. Mais pris en groupes ? Soumis aux contraintes absurdes de la société insensée qu'ils ont bâtie ? Ils sont dans une impasse. Et il est déjà trop tard pour faire demi-tour. Ne leur reste que le mur qu'ils vont bientôt alors qu’ils s’enfuient en avant aussi vite qu'ils le peuvent. Le résultat risque d'être désastreux. Et ils s'en moquent. Parce qu'ils savent. Et c'est ici que réside le tragique dans leur histoire particulière : ils savent qu'ils vont dans le mur. Mais ils refusent d'en prendre acte. Ils refusent d'agir en conséquence. Ils continuent stupidement sur leur lancée sans jamais donner l'impression de vouloir freiner.

 

Classe trois oui. Trois moins, même.

 

 

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La Formicidae. La fourmi. Extraordinaire créature. L'une des deux espèces de classe six de Terra Firma. Il y a de quoi se sentir humble. Penser qu'une créature aussi minuscule puisse être plus intelligente que moi, du haut de ma classe cinq, c'est... extraordinaire, oui, c'est bien le mot. Je ne devrais pas être surpris, pourtant. Je sais qu'au présidium galactique l'un des principules est une bactérie dérivienne de quelques pico mètres dotée d'une intelligence de classe sept. Mais c'est une chose de le savoir intellectuellement et c'en est une autre que de le constater de visu.

 

Parce que nous avons pris contact avec elles. Avec une de leurs si nombreuses colonies qui parsèment la planète, selon la procédure standard qui nous autorise le premier contact avec les classes cinq ou plus. Et j'avoue avoir été proprement stupéfait de ce que cet échange nous a appris. Parce qu'elles savent. Elles savent ce que font les humains et s'en moquent. Elles savent aussi qu'elles pourraient les arrêter, mais "pourquoi faire ?" nous ont elles demandé en retour. "Le seul monde qu'ils détruisent c'est le leur. Nous, nous leur survivrons. Peut-être que nos vies seront un peu plus dures, un peu plus incertaines, mais ce ne serait pas la première fois. Quand le feu est tombé du ciel et a détruit les géants à sang froid (traduction approximative d'un mot recouvrant beaucoup plus, selon l'IA de bord : ahhztalante) nous avons survécu. Nous survivrons aux humains à sang chaud. Ce n'est pas leur monde, c'est le nôtre. Nous leur en concédons ce qui ne nous intéresse pas."

 

Bien sûr je résume ici une conversation beaucoup plus longue dont les minutes sont disponibles en annexes, mais voilà plus ou moins ce qu'a donné notre dialogue avec eux. Il y a un côté très prosaïque qui ne m'est pas étranger, il s'agit du genre de décision que je pourrai être amené à prendre en tant que capitaine mais malgré tout je sais que j'envisagerai d'abord d'autres options. D'autres possibilités. Je ne resterai pas aussi indifférent même dans ma résignation après avoir épuisé tout autre recours.

 

Or ici il n'y avait que ça. De l'indifférence. Comme si le sort de tant d'autres espèces -parce que ne nous leurrons pas : oui une partie de la biosphère survivra à l'humanité, se reconstruira sans elle, fleurira de nouveau, mais une partie conséquente des merveilles de ce monde disparaîtra avec elle. A déjà disparue à cause d'elle. Et je me demande... Je me demande si ces minuscules créatures plus intelligentes que moi ne manquent singulièrement pas de perspective, du fait de leur petitesse physique. Que voient-elles de ce monde ? Les géants à sang froid. Elles parlaient des sauriens de leur préhistoire. Mais quelle différence font-elles entre un brontosaure et un tyrannosaure à leur échelle ? Probablement aucune. Quelle importance ? Quand un pied vous écrase c'est celui d'un géant, peu importe son espèce, après tout. Le temps passe, les géants ont le sang froid ou chaud, mais la fourmi reste la fourmi et esquive les pieds.

 

Je le reconnais, cette planète me rend de plus en plus amer.

 

 

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Surpris. Véritablement ici. La seconde espèce de classe six est le Felis silvestris. Le chat. Qui l'eut cru ? Ces créatures qui passent l'essentiel de leurs journées à dormir et semblent se contenter d'une vie de parasites urbains sont des classe six. Une fois identifiées il était simple d'en convier plusieurs spécimens à notre bord, toujours dans le cadre d'un premier contact autorisé avec une espèce de classe cinq+. Les minutes détaillées de l'échange sont également disponibles en annexe, mais je vais ici en donner un résumé succinct : les chats sont très satisfait de leur sort, pour la plupart. Il y en a bien un qui nous a demandé la permission de rester à bord pour en apprendre plus sur nous - permission que nous lui avons accordé, il est en pleine visite guidée avec mon second - mais de son propre aveu il est un excentrique notoire.

 

"Les chats sont indolents, nous a-t-il dit. Ils ne veulent pas faire d'efforts. Bien sûr il s'agit là d'une caricature, mais la majorité de mes congénères n'aime pas avoir à se dépenser. Nous préférons laisser les humains faire le travail pour nous. C'est plus facile. Plus simple. Ils s'épuisent à nous donner tout ce dont nous avons besoin. Et s'ils meurent tous demain à la tache ? Et bien... Le chat ne voit pas aussi loin. Le chat n'a jamais appris à réfléchir ainsi. Oui nous sommes intelligents, mais nous ne vivons que dans l'instant présent. Tant que nos besoins sont satisfaits, nous sommes heureux. Pourquoi vouloir plus que ce que nous avons ? Nous sommes des chats. "

 

Et il y avait de la résignation dans ses mots. Il n'était clairement pas d'accord. Mais en même temps que pouvait-il y faire, lui tout seul ? Pas grand-chose. Ce que je lui accorde volontiers. Peut-être... Peut-être aimerait-il nous accompagner quand nous repartirons. Je crois que j'utiliserai mon droit d'invite pour lui, le cas échéant. A moins que mon second n'use du sien avant moi.

 

 

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Delphinidae. Les delphinidés. Les dauphins et les orques. L'espèce de classe sept de cette petite planète bleue. Enfin, les espèces serait plus correct. Les delphinidés sont nombreux et variés. Chaque espèce est différente, unique en son genre, mais toutes partagent visiblement la même intelligence curieuse et profonde. La même empathie exacerbée paradoxalement liée à une férocité extrême le cas échéant.

 

Le plus intéressant, cependant, chez elles, restent ce petit air supérieur qu'elles ont toutes quand il s'agit de parler du reste du monde. Des autres créatures. Comme si cette antique sagesse qu'on peut vraiment sentir émaner d'eux, devant laquelle on se sent authentiquement petits, comme si cette sagesse-là ils en avaient pleinement conscience, l'avaient complétement mesurée et qu'ils s'en drapaient comme d'un manteau de supériorité.

 

Ils sont ceux qui savent et ce savoir les coupe du monde. Les en exclus. "Nous savons." "Il faudrait." "Ils sont trop immatures." ... A aucun moment ils ne proposent de solutions. Ne s'envisagent agissant. Ils se replient, superbe, dans leur savoir ancestral et pleurent sur un futur qu'ils pourraient empêcher. Au final, eux aussi manquent de vue. Ils plongent dans les profondeurs de l'océan pour ne plus voir l'obscurité grandissante du ciel. Pour oublier leur propre responsabilité dans ce vert qui se meurt. Mais aussi, qu'attendre de mieux de ceux qui ont renoncé à la terre pour retourner à l'eau ? L'intelligence, j'imagine, ne fais pas tout.

 

Reste que... cette sagesse qu'ils ont. Ces réponses qu'ils ont su nous apporter sur tellement de questions que nous nous posions. J'ai proposé à certains d'entre eux de nous accompagner pour un colloque avec certains des chercheurs de l'université encyclopédique. J'espère sincèrement qu'ils accepteront. Sinon je suis sûr que lesdits chercheurs n'hésiteront pas à se déplacer eux-mêmes. En tout cas à titre personnel, je ressors enrichi de ces échanges.

 

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Classe huit. Je ne pensais pas que je rencontrerai une telle intelligence en personne. Ça ne me serait jamais venu à l'esprit. Dans toute l'histoire de l'empire nous n'avons jamais connu que trois intelligence de classe huit. Des individus uniques à chaque fois. Jamais une espèce entière. Et malgré nos scanners ne cessant de le répéter, j'avoue qu'après que nous n'ayons trouvé aucune espèce correspondante dans la génétique firméenne, j'ai cru à une erreur.

 

Et puis grâce à l'intuition d'une enseigne - citée au rapport pour son excellence - nous avons pu entrer en contact avec elle. Cette intelligence unique. Et il ne s'agissait pas de l'espèce humaine, en effet. Ni même d'un spécimen d'humain. Non. Je n'aurais jamais deviné de moi-même, je dois bien le reconnaître. Et j'ignore les implications que cela aura au niveau impérial, je l'avoue. Une part de moi brûle du désir de taire cette découverte, mais je sais que ce n'est pas ici ce qui est attendu de moi. L'empire affrontera cette révélation comme il l'a toujours fait : en admettant la vérité et en la raisonnant.

 

Cependant qu'une biosphère puisse accéder à la conscience est troublant. Plus que troublant. C'est pourtant bel et bien le cas ici. La biosphère de Terra Firma a développé sa propre conscience. Quand un astéroïde s'est écrasé à la surface de la planète il y a quelques millions d'années, celle-ci a subi un tel traumatisme qu'en réponse ce qui restait de la biosphère a du développer une conscience pour se protéger elle-même. Se soigner. Survivre. Du moins est-ce ainsi que j'ai compris le rapport complet de l'enseigne, disponible en annexe. Et aujourd'hui cette biosphère regarde les agissements de ceux qu'elle abrite avec nombre de questions. Intelligente, oui, mais une intelligence non formée. Avide d'apprendre. Elle a d'abord eu beaucoup de mal à intégrer le concept de langage, mais une fois cela fait... elle a demandé l'accès à notre base de données. Selon la directive de partage, nous y avons consenti, du moins dans sa forme allégée réservée aux premiers contacts et elle a littéralement bu nos connaissances. S'en est servie pour, oui, pirater les réseaux d'informations de la planète, s'en nourrir, là aussi.

 

Avons-nous fait une erreur ? Je ne sais pas. Je ne pense pas. Nous avons au mieux accéléré un processus naturel. Oui, il lui aurait fallu beaucoup plus de temps pour acquérir tout ce savoir. Mais elle l'aurait acquis au final. Peu importe, au final, ce qui est fait est fait. Et nous n'avons... Je n'ai pas brisé la directive première. Il s'agissait bien d'une intelligence de classe huit. Cependant aurais-je dû être plus prudent ? C'est une question que je me poserai longtemps.

 

Peu importe. Une année locale. C'est le temps que j'ai pour évacuer autant d'êtres humains que possible. Si j'estime qu'ils en valent la peine. Passé ce délai la biosphère les détruira tous. Elle les a jugés comme une infection microbienne. Un parasite dont elle devait impérativement se défaire avant de décider de la suite. Et tout ce que j'ai pu négocier, en remerciement pour lui avoir apporté... tout ça, c'est ce misérable délai. Cependant la question qui me taraude c'est "pourquoi ai-je demandé une chose pareille ?"

 

Une question à laquelle je ne trouve pas de réponse. J'ai, je pense, besoin de parler à un humain, d'abord.

 

 

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Je ne me souviens pas vraiment des détails de notre conversation, et ils sont consignés dans les minutes en annexe, de toute façon. Nous avons sélectionné un sujet tout à fait moyen, se voulant représentatif de la population. Ni le plus intelligent, ni le plus bête. Il ne vivait pas dans le plus grand pays ni dans le plus petit. Il était relativement conscient de lui-même, instruit, possédait un peu de recul, suffisamment pour ne pas se leurrer sur l'état du monde et assez de contrôle de lui-même pour ne pas paniquer face à moi. Et c'était ce que nous voulions de notre spécimen.

 

Je ne me souviens pas des détails de la conversation, disais-je. Et ils importent peu. Ce qui compte ici c'est ce ressenti qui ne m'a pas quitté. Celui d'être face à quelqu'un de tout à fait raisonnable. Un citoyen ordinaire de l'empire.  Du moins jusqu'à ce mouvement d'épaules fataliste quand je lui ai demandé pourquoi il acceptait tout ça. "Je ne changerai rien. Je ne suis personne."

 

Choquant, n'est-ce pas ? Ils se pensent isolés parce qu'individus. Ils croient être impuissants à influer sur la masse. Ils estiment qu'un seul individu est incapable de faire la différence. Et tout leur comportement est fonction de cette aberration. Ils se croient impuissants à influer sur leur propre vie. Qu'une espèce disposant de la conscience d'elle-même puisse en arriver à penser de cette façon... voilà un débat qui alimentera sans doute longtemps le département de psychologie déviante de l'université.

 

Mais au final, et de ce fait, je joins à ce journal une demande de vaisseau ruches pour procéder à une relocalisation complète de l'espèce. Sur une planète telle que Thétau-six où les ressources géologique sont inexistante, je pense qu'ils devraient très vite trouver de nouvelles façons de s'adapter ne nécessitant pas la destruction de leur planète et d'ici quelques siècles devraient être jugés aptes à devenir de loyaux sujets.

 

Quant aux espèces d'intelligence quatre+ demeurant sur Terra Firma... Je recommande d'ouvrir un canal diplomatique avec elles. Et peut-être que d'ici une ou deux années standard un nouveau joyau ornera la couronne de l'empire du consensus universel.

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