TI -  7    Mangez-moi

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Un après-midi d’automne, on avait trouvé un moyen de locomotion…

Trois heures de bagnole et Billy Ze Kick qui tourne en boucle. C’est la quatrième fois que j’entends la chanson, j’en ai marre. Les voilà qui se remettent à chanter. Pitié !

Mangez-moi ! Mangez-moi ! Mangez-moi !

C’est le chant du psylo qui supplie…

Le chant du quoi ? Du silo ? Du stylo qui se plie ?

Qui joue avec les âmes et ouvre les volets de la per-cep-tion.

Ils se prennent pour les Doors ou quoi ? À défaut des volets, si déjà on pouvait ouvrir les fenêtres de la voiture… Je crève de chaud. En plus, j’ai enfin de faire pipi.

– Les mecs, c’est quand qu’on s’arrête ? J’en peux plus.

– On fait une halte à la prochaine station d’autoroute, c’est dans moins de vingt kilomètres.

– Tu as déjà dit ça tout à l’heure.

– Ah, les gonzesses, des vraies pisseuses. Allez, chante avec nous au lieu de faire la gueule, ça te fera patienter.

Il pleuvait beaucoup ce jour-là. Heureusement on avait des capuches…

Oui, ben aujourd’hui, il pleut pas. J’aimerais bien pourtant plutôt que de me taper sept heures de route en plein cagnard quand il fait quarante degrés dehors. Alors que je n’ose même pas boire, vu qu’on ne s’arrête pas pour pisser.

– On est censé faire une pause toutes les deux heures, je vous signale.

– On s’arrête bientôt, je te dis.

Mangez-moi ! Mangez-moi ! Mangez-moi !

Dire qu’il reste encore quatre heures à rouler. Je ne supporte plus ce groupe de raggamuffin. C’est quoi d’abord, le raggamuffin ? C’est comme du reggae, mais avec le chanteur qui passe son temps à manger des muffins ? Ma mère disait pourtant : ne parle pas la bouche pleine.

Je lis le panneau. Prochaine aire dans 10 km. Une pause dans cinq minutes, enfin ! J’ai les jambes complètement ankylosées et je n’ai qu’une envie, c’est de me précipiter aux toilettes. Ce coup-ci, s’il continue, je pique une crise.

Oh toi tu marches comme un canard…

C’est moi qui vais marcher comme un canard quand je sortirais de la voiture. J’en peux plus, je n’arrive pas à m’étendre dans cette caisse.

Tiens voilà un mégot de pétard, ça doit être un très bon champ…

C’est une chanson sur les champignons hallucinogènes, paraît-il. Peut-être que si j’en goûtais un, je pourrais supporter les paroles, voire les chanter.

Euh… non, même pas en rêve.

Pas question que je chante avec eux. Je suis dépité rien qu’à voir leurs mines radieuses à l’approche du refrain. Et c’est reparti.

Mangez-moi ! Mangez-moi ! Mangez-moi !

Mangez-moi ! Mangez-moi ! Mangez-moi !

Plutôt que de m’écraser, pourquoi ne pas me manger ?

Je préfère ne pas leur dire qui j’ai envie d’écraser en ce moment. Putain, j’ai mal au crâne, j’ai la vessie qui va exploser.

Un après-midi d’automne, on avait trouvé un moyen de locomotion…

Oui, ben moi la prochaine fois, entre bus et covoiturage, je choisirais le bus.

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