Chapitre 47E: décembre 1798

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Quelques jours après notre arrivée, Léon – Paul décida qu'il serait temps pour lui de se rendre à l’Hôtel Dieu de Rouen pour prendre son poste. Comme je m'ennuyais autant que je m'agaçais de voir ce tableau prendre la poussière dans un coin de ma chambre, j'en profitais en demandant au cocher de m'emmener au passage chez Auguste, pour que je lui rende. Marie souhaitait m'accompagner, car sa fatigue était encore modérée et elle disait vouloir en profiter. La domestique resterait donc seule à la maison. Bien sûr, elle ne passerait pas son après – midi à bouquiner, car mon fils lui confia de nombreuses tâches, comme dépoussiérer la maison, faire les parquets, préparer la soupe ou encore arracher les mauvaises plantes dans le jardin. Sur mes indications pourtant peu précises, le cocher nous déposait devant les grandes grilles de la cour où se trouvait la maison de mon neveu. Léon – Paul aidait son épouse à descendre, car j'avais les bras chargé. La voiture repartait ensuite au petit trot.

—''Habitent – ils dans cette maison – ci? Me demanda t-elle

—''Non, dans la deuxième, plus au fond. Suivez – moi.

Lorsque j’eus frappé, la poignée se tournait plusieurs fois depuis l'intérieur, sans succès. Enfin, nous comprîmes en voyant Alice et son petit blondinet, qui voulait déjà jouer au grand.

—''Bonjour Louise. Et bonjour ?

—''Marie. Je suis la femme de Léon – Paul.

En voyant qu'elle ne savait pas de qui elle parlait, je rajoutais.

—''C'est mon fils.

Il y eu un moment de malaise, avant qu'elle ne nous fasses entrer.

Je posais la toile dans un coin, pendant que nous buvions le thé. Alice tenait son fils de trois ans sur ses genoux, qui se levait de temps en temps pour boire une gorgée de jus.

Elle questionna ma belle – fille sur sa grossesse.

—''Et, comptez – vous l'allaiter ?

—''Je n'y ai jamais réfléchi. Et sinon, vous avez d'autres enfants ?

—''Non. Riait t-elle a demi.

Plus tard, je trouvais l'occasion de lui montrer le tableau.

—''Oh, qu'est – ce donc ?

—''Une toile qui vous revient. Elle représente Auguste et sa sœur lorsqu'ils étaient petits. On me dit qu'elle est mal peinte, mais je la trouve plutôt réussie.

Je la lui tendais.

—'' C'est pour moi ?

—'' Oui, et votre mari.

— ‘’ Écoutez, je ne sais quoi dire… Elle me fit la bise pour me remercier.

Je n'y croyais pas, j'étais enfin parvenue à me débarrasser de ce tableau ! Un grondement se faisait entendre depuis dehors, la pluie battait la terre du jardin, et l'orage zébrait le ciel. Alice soupirait devant ce mauvais temps.

—''Souhaitez – vous rester pour le souper ? Auguste ne devrait plus tarder.

Je regardais Marie comme pour avoir son avis.

—''Oh oui, pourquoi pas. Mais Léon – Paul ? Il nous cherchera.

—''Je crois mon fils assez intelligent pour deviner que sous un temps pareil, nous ne resterons pas à l'attendre dehors.

Mon fils arriva au milieu du repas, les cheveux dégoulinants. Attablés, nous nous retournâmes tous. Auguste se leva pour aller lui serrer la main.

—''Bonjour mon cousin. Il lui indiquait la chaise. Installez – vous. Alice va vous servir la soupe.

Nous mangeâmes religieusement, le calme interrompu seulement par le petit garçon de trois ans. Alice l'avait couché, mais il nous observait depuis l'escalier. Son père, en le voyant, lui indiquait l'étage avec le doigt.

—''Retourne immédiatement au lit Auguste.

Le petit détala alors jusqu'en haut, ne rechignant jamais à obéir. Nous rentrâmes de suite après le repas, car l'orage s'était calmé et Marie fatiguait vite en ce moment. Un cri résonna dans la maison, alors que je me préparais pour aller me coucher, et que Léon – Paul était encore au rez de chaussée. J'accourais, dans la chambre, Marie retournait ses tiroirs, paniquée.

—''Que se passe t-il ?

—''Mon alliance, je l'avais posée là avant de partir... Elle a disparue...

—''Attendez, vous avez sans doute mal cherché. Où, me dites - vous?

—''Là, sur le meuble. Je l'avais retirée car mes doigts gonflent en été. Elle s'assit sur son lit dépitée. Seigneur...

Je descendit chercher mon fils car Marie semblait réellement désespérée. Il croisa les bras en arrivant sur le seuil de la porte.

—''Et bien ? Comme ça tu as égarée ton alliance ?

Il se mit ensuite à chercher aux mêmes endroits que nous, sans plus de succès.

—''Mais quelle idée de l'enlever, aussi. Louise m'a dit que tu l'avais déposée avant de partir. En es - tu certaine ? N'aurais - tu pas pu la ranger a un autre moment, plus loin dans la maison ?

—''Non Léon – Paul, puisque je te dis que je suis parfaitement sûre de l'avoir posée ici au moment du départ. On me l'a volée, c'est sûre.

—''Mais voyons c'est ridicule, qui aurait pu te faire un coup de la sorte ?

—''La bonne.

—''Non Marie, je ne suis pas d'accord. Ça ne se fait pas d'accuser les gens sans preuve et en précipitation. Cherche encore demain avec l'aide de Louise, et ensuite, nous verrons.

Sur ce, il quitta la pièce et j'entendis ses pas dans l'escalier.

Le lendemain soir, après que Marie soit restée presque toute la journée en marmonnant son mouchoir à la main, Léon – Paul rentrait de son travail.

—''Il m'ont donné le pire poste à l'hôpital... Il parlait de plus en plus doucement jusqu'à s'arrêter, sans devoir juger bon de terminer. Il s'inquiéta de la voir sangloter et s'approcha du canapé où elle était assise. Et bien, que se passe t-il ?

—''C'est cette bonne ... Elle m'a volée mon alliance et tu t'en fiches.

—''Mais non, je n'accuse pas les gens sans preuve, c'est tout.

—''Mais je l'avais posée sur le meuble et c'était la seule présente ici dans l'après – midi ! Il y en a des preuves ! Je t'en prie, demande lui de me la rendre. Elle est très chère à mes yeux.

Il appela la domestique qui arriva sur le champ. Il tendit la main vers elle.

—''Si vous l'avez, donnez - moi l'alliance de Marie.

—''Je n'ai rien volé monsieur.

—''Comme je ne peux être sûr de vos paroles, je vais procéder à une fouille de votre chambre. Madame s'occupera de vous faire déshabiller.

Tandis que son mari montait, elle souriait.

—''Retirez vos vêtements.

D'abord réticente, elle obéit lentement, déboutonnant sa robe de toile et dégrafant son corset. Marie fouillait avec hargne les poches du vêtement que la bonne venait de retirer. D'une des poches, elle sortait sa main plus lentement. L'or de la bague brillait dans la paume. Elle l'enfila vite à son doigt, avant d'appeler son mari, en regardant d'un air vicieux Mariladom. Marie serrait contre elle les vêtements.

Léon – Paul redescendit en s'arrêtant au milieu de l'escalier.

—''Rassemblez vos affaires et quittez la maison. Je ne puis supporter de ne plus faire confiance à un de mes employés.

Alors ma belle – fille lui balançait avec rage ses habits au visage, et la bonne remonta a l'étage, les yeux et la tête plus bas que le sol. Dix minutes plus tard, elle partit, bien qu'il pleuve à torrents dehors. Quelques jours plus tard, après un défilé de femmes à la maison, mon fils choisissait celle qui lui conviendrait le mieux pour effectuer ces tâches. Le travail manquait et n'importe quel poste était pris d’assaut. Elle s'appelait Jeanne, simple et taiseuse. Depuis l'incident, Marie portait son alliance autour de son cou.

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