Chapitre 46B: heureux retour

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C'est le seize en début de matinée que l'on frappa enfin chez nous. Gustavine poussa un cri de joie devant la porte qu'elle venait d'ouvrir, et j'entendais une voix d'homme en me dirigeant vers l'entrée. J'embrassais d'abord Malou, qui portait une splendide robe de soie mauve et un chapeau empanaché de plumes noires élégantes. à la vue de son teint hâlé, elle avait bien dû profiter du soleil de Corse l'année dernière. Enfin je saluais son mari, qui tenait un petit garçon par la main.

—''Bonjour vous. Caressais - je la joue de Bernard, qui se cachait derrière les jambes de son père.

—''Il est timide avec les gens qu'il ne connaît pas, mais une fois que vous lui aurez offert un sucre, il sera bavard comme une pie. M'assura Malou.

Nous entrâmes. Jacqueline s'asseyait près de nous sur le canapé pendant que Malou insistait pour que son fils ailles jouer avec Bernadette. La petite fille le prenait finalement par la main pour aller lui montrer sa poupée et son livre.

Nous discutâmes longuement, d'abord autour d'un thé, puis du café qu'ils avaient ramené, cultivé en Amérique par les esclaves de leur ami marchand. Ils m'adressèrent leurs plus sincères condoléances lorsque je leur faisait part du décès d'André au mois de septembre, et ma nièce paru lunaire, d'un seul coup, avant de reprendre ses esprits.

Comme je m'interrogeais sur l'absence de son nourrisson né en mars, ma nièce m'expliquait simplement en jetant des coups d’œil complices à son mari, que Armand avait jugé trop risqué un voyage de dix jours en voiture, en plein été pour son fils de quatre mois.

—''Armand est un père inquiet. Il est toujours en train de vérifier que les langes du bébé ne sont pas sales, qu'il n'a pas de bouton, qu'il n'a pas faim. Avec Bernard il s'est calmé, mais je peux vous dire qu'avec son frère, ça devient énervant. Si j'avais été seule, je peux vous dire qu'il serait venu à Paris, le petit.

—''Comment s'appelle t-il ? Demanda Gustavine en regardant sa cousine

—''Amand. Sans '' r''. L'officier l'a oublié sur l'acte de naissance et le prêtre sur l'acte de baptême. Nous pensons que c'est un souhait du Seigneur et je ne trouve pas ça si vilain.

—''Espérons juste que son nom ne prédise pas son avenir. Lança spontanément ma belle – fille

Nous mîmes un certain temps à comprendre avant d'éclater en fou rire, qui eu bien du mal à s'arrêter.

Le soir, comme la table n'était pas assez grande, nous fîmes manger les trois enfants avant nous, et nous prîmes dans une ambiance détendue notre souper, simple mais convivial.

Ma nièce et son mari avaient l'air de toujours bien s'entendre, et j'étais contente pour elle qu'il prête une grande attention à ses enfants, ce qui était plutôt rare chez les pères. Ils passeraient la nuit prochaine dans un hôtel entre Rouen et Paris, avec Bernard, leur adorable garçonnet de deux ans encore coiffé de son bonnet de dentelle et habillé d'une splendide robe immaculée. Ensuite, ils resteraient la journée du dix – sept juillet chez Auguste et Alice à Rouen, dont le fils avait sensiblement le même âge que le leur, et ils rentreraient après une dernière nuit à l'hôtel à Paris, retrouver à Bordeaux leur petit Amand laissé aux mains des nourrices.

Comme je mourais d'envie de voir mon neveu, je demandais si par hasard il ne leur restait pas une place dans leur voiture pour m'emmener avec eux à Rouen. Malou s'adressait à son mari.

—''Armand ? Qu'en penses – tu ?

—''Je n'y vois guère d'inconvénient. Nous avons quatre places dans la voiture et si elle paye sa nuit d'hôtel au retour...

—''Oui bien sûr. Lui répondis-je. Par contre, je préférerais dormir ici cette nuit. Cela vous dérangerait de venir me chercher demain matin ?

—''Ce ne sera pas possible car j'ai décidé que nous prendrions une chambre dans un hôtel de La Roche – Guyon, à trois heures trente d'ici, pour couper le trajet de huit heures jusqu'à Rouen.

—''Oh... Dans ces cas – là, tant pis, je vous accompagnerais. Cela ne vous ennuie pas, j'espère ?

—''Pas du tout Louise. Me rassurait ma nièce.

C'est donc avec confiance que je laissais Gustavine seule dans mon appartement. Cependant, j'avais oublié un aspect important de ma présence. C'est tout doucement qu'elle venait me le dire.

—''Excusez – moi Louise, mais qui gardera les filles en votre absence ?

—''Oh... pardon Gustavine. Ne pouvez – vous vraiment pas demander à vos employeurs deux jours de repos supplémentaire?

—''Si, je pense. J'y vais de suite. Se levait t-elle.

Lorsqu'elle rentra, trente minutes plus tard, elle souriait. Ils avaient accepté après négociation, moyennant un non-paiement du salaire ces jours-ci. Ils tenaient bien sûr à ce que cela reste exceptionnel.

Vers vingt – heures trente, je laissais donc ma belle – fille et ses deux enfants, et je suivais Malou, son mari et leur petit garçon vers leur voiture, garée devant l'immeuble. Armand s'en allait chercher le cocher au bar du quartier, et nous pûmes quitter Paris, sous la chaleur douce de cette soirée de juillet. Bernard, d'abord assis entre ses parents, passa des genoux de son père à ceux de sa mère, avant même d’atterrir sur les miens. Au bout de deux heures, épuisé, il s'endormit sur sa maman, bercé par les sursauts de la voiture et le trot des chevaux. Lorsque nous arrivâmes, à vingt – trois heures trente environ, et que nous dûmes le réveiller, il se mettait à pleurer. Malou le porta jusqu'à leur chambre après que son mari ait récupéré les clefs, pendant que je m'installais dans la mienne, toute proche. Le lendemain matin, comme l'on m'avait prévenu, j'étais prête à sept heures.

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