Chapitre 45C: adieux

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Nous restâmes près de cinq jours en compagnie du corps d’André, dont le visage devenait progressivement violet et les pieds bleus. Dans la lettre que j'avais envoyé à mon fils aîné, je lui avais précisé la date et le lieu exacte de l'enterrement, au cas – où.

C'est ainsi que nous dîmes adieu à André, le quatorze septembre 1796, à quinze heures de l'après – dîner. Léon – Paul ne m'avait pas donné signe de vie. Sur sa stèle, j'avais fait graver deux années et deux noms.

CAMILLE ANDRE AUBEJOUX

1781 – 1796

Lorsque Léon – Paul arriva, deux jours après, il était trop tard. Je l'emmenais malgré tout se recueillir auprès de ce frère auquel il n'avait pas pu dire au revoir. Il embrassa et pria la tombe fraîchement installée et luisante, et il repartit le lendemain en Normandie, après de longues embrassades.

La vie continuait malgré tout, mais sans saveurs. C'était une douleur persistante dans mon cœur que seul le temps serait en mesure de guérir.

L'automne défilait devant ma fenêtre au fil des jours qui s'écoulaient. Le deux novembre, accompagnée des deux petites, je me rendais sur la tombe de ma sœur aînée, partie il y a 23 ans mais à jamais dans mon cœur. Je passais un coup de chiffon et nous déposâmes délicatement les fleurs sur cette tombe que plus personne ne venait entretenir. De retour à la maison, je parlais un peu de Camille aux enfants curieuses, sans me perdre dans des détails sans importance.

Décembre passait, monotone et froid. Gustavine voulait offrir un petit chat à ses enfants, mais en repensant au sort du précédent félin que son beau-père avait donné à André, je préférais l'en dissuader. Un beau livre chacune leur suffirait amplement.

Un soir de février, alors que nous veillions tranquillement dans le salon après le coucher des enfants, ma belle – fille me disait en baissant les yeux, comme si elle était gênée.

—''Je vais partir Louise. Avec les enfants, je vais m'en aller.

—''Où ça ? M'inquiétais – je soudainement

—''A Compiègne, avec un homme que j'ai rencontré il y a trois mois.

—''Mais, votre formation ? Toutes ces économies, pourquoi ?

—''J'ai changé d'avis. Frottait t-elle compulsivement le bas de sa robe. C'est comme ça. Les sous iront aux enfants que je coucheraient sur mon testament et je n'en parlerais pas à mon nouveau mari.

En refusant de m'en dire trop, elle me confiait simplement qu'il s'appelait Joseph, qu'il était un peu plus vieux qu'elle et qu'il possédait une petite maison à Compiègne. C'était un ami de la famille pour laquelle elle travaillait et il l'avait demandé en mariage en la sachant mère de deux enfants, ce qui la rassurait. Elle devait partir au mois d'août prochain, profitant de la chaleur de l'été pour déménager. Elle ne jugeait pas préférable de prévenir les enfants trop en avance.

C'est au mois d'avril que nous reçûmes une nouvelle lettre de ma nièce.

Louise,

(…) Ayant accouché non sans difficultés mais accueilli mon deuxième fils avec beaucoup de bonheur le six mars, je vous préviens de notre visite aux alentours du dix juillet prochain. Nous passerions une nuit à l'hôtel à Paris avec la nourrice et nous monterions sur Rouen pour aller visiter Auguste et Alice.

Amicalement, Malou.

Gustavine était comme moi, très heureuse. Nous prévînmes Jacqueline et Bernadette de la venue prochaine de Malou, son mari et de ses deux enfants, elles sautèrent de joie et posèrent plein de questions.

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