Chapitre 42G: février 1794

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Elle me raconta la mort violente de son mari, emporté par une crise cardiaque alors qu'il nettoyait ses instruments d'auscultation, en début d'année dernière, mais aussi des événements plus légers, comme la naissance de sa petite-fille, en décembre dernier, ou plus extraordinaire, la découverte du testament de Jean, en fouillant ses poches de manteau. Il avait griffonné sur un morceau de papier jauni plusieurs souhaits, dont le legs de la maison de Montrouge, qui avait malheureusement été vendue il y a des années de cela, et la totalité de ses économies, qui étaient revenues à François.

Ces économies lui avait permis de louer un petit appartement avec sa femme et sa fille pendant quelques semaines, avant de devoir retourner chez Gabrielle, faute d'autre ressource et d'un salaire suffisant pour continuer à financer ce loyer.

La meilleure nouvelle, qui lui était parvenue il y a de ça deux mois, était qu'ils allaient pouvoir récupérer la maison de Montrouge qui leur appartenait depuis la découverte du testament, et y installer pour de bon la petite famille de François.

Elle repartit sans avoir le temps de prendre un souper avec nous, sous le froid glacial de ce mois de février 1794. Ma nièce, après son départ, me laissait supposer une bien curieuse chose.

— Je suis sûre qu'elle était venue pour réclamer de l'argent.

— Gabrielle n'est pas comme ça Malou... Et alors, si c'était le cas, pourquoi ne m'a t-elle rien demandé ?

—''Vous avez-vu l'état de l'appartement ? Nous avons des fuites d'eau du plafond d'en dessous, les fenêtres ferment à peine...

— Et alors ? Quel lien ?

— On ne demande pas de l'argent aux pauvres, Louise.

Sa phrase avait claqué contre moi comme un fouet. C'était vrai, notre appartement se délabrait, mais nous n'étions que des locataires et les travaux incombait du propriétaire. Je me refusais à dire que j'étais pauvre, parce que ce n'était pas le cas. Ma nièce s'autorisait tout, maintenant qu'elle allait partir avec son promis riche et célèbre, mais savait-elle seulement que je resterais là, moi ?

Le dix mars, Armand et Malou se fiancèrent, et publièrent les bans de leur mariage qui aurait lieu un peu plus tôt que prévu, au mois de juin. J'en profitais pour discuter avec lui des choses pratiques, comme du financement des festivités et de la robe de Malou.

— Normalement, c'est à vous de financer la robe et l'alliance, mais si vous voulez, je peux m'arranger avec mes parents pour partager les frais.

— Ce serait adorable, monsieur Corcelles, de m'aider à payer cela. Je ne suis pas pauvre, mais bon...

— Je comprend madame Aubejoux, ne vous inquiétez pas.

Suite a cette petite discussion, j'obtenais que les parents d'Armand payent les deux alliances, et que Malou porte, le jour de son mariage, la robe de noce de madame Corcelles mère, que l'on envoya par le service des Postes. Il aurait été plus facile et plus personnel qu'elle porte la robe de mariage de Gustavine, mais celle-ci était restée chez Marie-Camille et Jean-Charles et ma belle-fille n'avait aucune envie d'aller leur rendre visite.

Nous fîmes donc les essayages le jour même où je la recevais. C'était une robe très simple, qui convenait parfaitement puisque la mère d'Armand Corcelles s'appelait également Marie-Louise, de surcroît, il n'y avait pas à changer les initiales cousues sur l'encolure intérieure. Ma nièce trouvait le vêtement défraîchi et tâché. Elle y découvrait, en l'espace d'une minute, toutes les tâches et les trous possibles et inimaginables.Il y avait bien, c'est vrai, un petit trou de mite en bas, et deux tâches en haut. Mais elle en faisait un drame, alors que ça ne se voyait pas.

— Cette robe a peut – être quarante ans, Malou. C'est normal. Tournez – vous.

Je piquais le tissu d'une épingle pour faire quelques ajustements. Ma nièce était un peu plus mince que l'avait été madame Corcelles. La jeune femme allait chercher sa montre dans le salon, quand Gustavine arrivait. Elle déposa Bernadette à terre, et elle lâcha la main de Jacqueline qui courait vers ma nièce, en robe de mariée.

— Malou !

Gustavine s'approcha de sa fille et elle lui caressait les cheveux en s'adressant à sa cousine.

— Je lui ait dit qu'un peu avant son anniversaire, elle assisterait à votre mariage. Elle est toute contente de ce fait. Hein Jacqueline ? Tu vas avoir une belle robe toi aussi ?

— Oui ! Une hob de rincesse !

Malou embrassa la petite fille avant de retourner à ses essayages. Je passais la soirée à recoudre le tissu trop large, et le lendemain, je réajustais jusqu'à ce que ça soit parfait.

Armand dormait toujours à l'hôtel, et ce serait ainsi jusqu'au mariage. Il était impensable pour moi de laisser ma nièce le rejoindre là – bas, et de toute manière, elle était suffisamment sérieuse pour se le proscrire elle-même.

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