Chapitre 38D: novembre 1789

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Adélaïde vivait toujours à la même adresse avec son mari et ses deux fils, dans ce petit logement qui avait été préservé par les manifestants. Je saluais Charles et Augustin-Louis, deux jeunes hommes de douze et quinze ans, avant d'aller m'inquiéter pour mon neveu et ma nièce. Je les cherchais, Adélaïde, un brin gênée, m'informa.

—'' Ils sont sortis en ville tous les deux. Ils devraient bientôt rentrer. Asseyez–vous. Voulez–vous un thé ?

—''Non. Merci Adélaïde. Vous êtes bien aimable. Tout va bien pour vous ?

—''Oui. Si ce n'est Adrien.

—''Ah bon ? Que se passe t-il ?

—''Il va avoir cinquante ans en janvier prochain et ça le déprime. Alors il s'énerve contre moi.

—''Vous fait-il du mal ?

—''Non. Adrien est un homme doux, mais il trouve tous les prétextes pour m'en vouloir. Par exemple...

La porte d'entrée s'ouvrit, coupant Adélaïde dans sa phrase. Une jeune femme et un jeune homme entrèrent, elle cachait ses cheveux bruns sous un chapeau rouge et il portait une moustache semblable à celle de son père. Avant même de les embrasser, je .

—''Et bien alors ? Qui sont donc ces deux adultes qui ne savent pas s'occuper d'eux ? Je les embrassais pour les saluer. Bonjour Malou. Bonjour Auguste.

Nous discutâmes un peu, puis le frère et la sœur rassemblèrent leurs affaires pour quitter Paris. C'était la toute première fois que mon neveu sortait de sa ville natale, à vingt ans. Après mûre réflexion, je décidais de ne pas les emmener chez nous, mais dans un hôtel au centre–ville de Rouen. Auguste me rembourserait en travaillant. Ils partageaient une chambre mansardée au tout dernier étage d'un petit hôtel. Une fois qu'ils furent installés, et alors que j'allais partir, Malou m'adressa ces derniers mots.

—''Merci Louise. Merci de ce que vous faites pour nous.

Je me retournais, et l'embrassais sur les deux joues sans dire un mot.

Décembre fut calme, mais Étienne ne nous rendit pas visite pour le nouvel an. Gustavine s'énerva de nouveau, craignant qu'il soit absent le jour de la naissance de leur premier enfant.

—''Il m'énerve. J'ai envie qu'il soit là le jour de la naissance moi...

—''Pourquoi ne serait-il pas là ? M'étonnais-je.

—''Eh bien, vous savez... il part pendant trois ou quatre mois et il ne revient qu'une ou deux semaines. Je ne veux pas que sa présence à mes côtés cet été ne soit que l'affaire du hasard. J'ai envie qu'il prenne l'initiative d'être là avec moi, pour notre enfant.

—''Vous n'aurez qu'à lui dire, la prochaine fois qu'il reviendra.

—''Il ne sait même pas que je suis enceinte.

Alors que Marie–Camille, particulièrement pressée de voir naître son petit-enfant, voulu s'en aller en ville pour acheter un berceau et de petits linges, je préférais l'en dissuader.

—''Attendez encore un peu. Dans quelques mois, nous irons acheter la layette ensemble mais avant, il faut être sûre qu'elle ne le perde pas.

Elle m'écoutait, mais parfois, je la voyais coudre de fin bonnets de dentelles. Elle était impatiente.

En janvier, Gustavine entama son quatrième mois de grossesse, le moment où elle avait perdu sa petite fille, étape donc cruciale pour la suite. La future maman sembla rassurée lorsqu'elle sentit bouger ce petit-être dans son corps. Elle me laissa toucher son ventre un peu rond, l'enfant s'agitait, sans doute pressé de voir le jour.

Chaque dimanche, Malou et Auguste nous rejoignaient sur le parvis de l'église de Rouen pour assister à la messe de onze heures. Ensuite, ils venaient prendre le dîner avec nous dans la grande maison. Ma nièce avait retrouvé sa cousine Gustavine, en s'étonnant qu'elle se soit mariée. Les deux jeunes femmes qui s'étaient toujours bien entendues riaient ensemble à table. L'après–midi, elles se racontaient leurs vies assises sur le canapé, et le soir, avant le souper, Jean–Charles ramenait Malou avec son frère à l'hôtel. Auguste paraissait triste, contrairement à sa sœur cadette d'une nature joyeuse. On aurait presque cru qu'il refusait de parler aux gens.

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