Chapitre 13B: juillet 1764

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En juillet, Camille rentra à la maison : c'était une jeune femme désormais, mais son visage n'avait pas changé. Je l'enlaçais longuement, lui baisa ses deux joues, elle m'avait tant manqué. Bien décidé de profiter de cet été avec elle, et aussitôt qu'elle ait posé ses affaires, je lui présentais les enfants, qu'elle n'avait jamais vu.

—''Thérèse, saluez votre cousine Camille–Marie.’’

Thérèse se cacha derrière la robe de Marguerite, tandis qu'Amédée alla l'embrasser à sa façon, en donnant un coup de tête.

—''Amédée–Joseph, mon garçon, présentez votre joue, je vous en prie.’’

Une fois qu'il eut compris, il lui fit un baiser baveux à la joue. Camille l'embrassa avec affection, elle aimait déjà son petit cousin. Une fois les présentations faites, Camille s'interrogea sur l'absence d'Adrienne, de surcroît je dû lui expliquer qu'elle était décédée en mai. Ce fus très délicat, j'eus peur qu'elle m'en veuille de ne pas l'avoir prévenue. Au lieu de ça, elle poussa un long soupir de déception, et nous reprîmes notre balade. Elle resta silencieuse, si bien que je fini par rentrer à la maison, lasse.

Je partais vers de nouveaux horizons. J'allais faire mon entrée au couvent pour quatre ans et dire adieu à mon enfance pour de bon. Je montais dans la voiture, Camille secouait son mouchoir blanc, comme Marguerite. Les enfants et Célestin me regardèrent à peine. La voiture démarra, je quittais ma maison natale vers l'inconnu, et la boule au ventre s'installait progressivement. Après une bonne heure de route, j’apercevais la foule devant les grilles, ces dizaines de filles qui faisaient elles aussi leur rentrée.

Le cocher descendit mes bagages du toit, puis il fouetta ses chevaux et reparti. J'étais désormais seule, je ne connaissais personne. J'avais cette impression désagréable que tout le monde se connaissait déjà. Lorsque j'apercevais une jeune fille isolée et l'air perdu comme moi, je me dirigeais vers elle. Je lui posais la question inutile des situations stressantes, juste pour faire connaissance et démarrer une discussion.

— ‘’ Vous aussi vous faites votre rentrée?’’

—''Oui.’’

—''C'est long d'attendre, n'est-ce pas ?’’

—''Surtout qu'il fait chaud. Apparemment, les nouvelles arrivées ne pourront entrer qu'a quinze heures de l'après – dîner.

—''Ah bon? Vous êtes sûre? Il n'est que treize heures...

—''Enfin, c'est ma sœur qui me l'a dit.’’

—''Vous aussi vous avez une sœur aînée ?’’

—''Oui.’’

—''Elle était ici avant ?’’

Elle hocha la tête.

Nous étions mal à l'aise toutes deux, ne sachant quoi nous dire, heureusement, nous pûmes rapidement rentrer dans le bâtiment, dont la fraîcheur me surprenait.

Je me dirigeais avec la foule vers la bâtisse de pierre, nous étions peut-être une centaine. Arrivée avec les autres dans la pièce principale froide et immense, je cherchais des yeux la jeune fille de tout à l'heure, sans pour autant la voir. La mère supérieure dictait rapidement la liste qu'elle avait sous le yeux, et chaque fille devait monter à l'appel de son nom. Lorsque le mien fut prononcé, assez rapidement car j'étais au début de l'ordre alphabétique, mon cœur se mettait à battre fort et je montais encombrée de mes malles. Je grimpais de longs escaliers, pour accéder à un immense dortoir où s'alignaient des dizaines de lits faits au carré, où entre deux il y avait une pauvre table de chevet. Une fois que j'eus déposé mes affaires sur mon lit, je redescendais, car allait nous être expliqué le fonctionnement du couvent. Réunies dans le salon glacial, nous écoutions en claquant des dents et dans un silence religieux la mère supérieure. Nous avions accès à une cour arborée et les repas étaient pris à heures fixes, dans une immense et longue salle froide, qui ne contenait en tout qu'une table et deux immenses et interminables bancs.

Nous remontâmes ensuite à l'étage, pour aller nous laver, avant de passer à table a dix - neuf heures précises. En attendant d'avoir ma place dans la salle d'eau, j'écrivis à Camille.

Chère Camille,

Nous venons d'inverser les rôles, cette fois, c'est moi qui est au couvent. Pour l'instant je vais bien, tout se passe bien, mes cours débutent demain, je commence avec de la théologie. Nous sommes très nombreuses et l'ambiance est glaciale.

Louise.

Lorsque je levais les yeux, il n'y avait plus personne autour de moi. Confuse et anxieuse à l'idée d'être sanctionnée, je me dépêchais de descendre au souper. Alignées en rang d'oignon, les filles buvaient leur soupe sans dire un mot. La bonne sœur, l'air mécontent, me fit le signe de m'asseoir rapidement, et après ma prière, je commençais à manger ma soupe désormais froide. Je me dépêchais de finir pour pouvoir sortir avec les autres, et ainsi aller me laver discrètement. A ma sortie de la salle à manger, la nonne m'attrapait par l'épaule.

—''J'ignore les motifs de votre retard qui m'importe peu de toute manière, mais sachez que cela ne devra plus se reproduire.

—''Oui ma sœur.

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