Chapitre 14C: décembre 1765

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Mon corps changeait, comme celui de toutes les adolescentes je pense, et j'avais besoin d'appréhender ces modifications, d'apprendre à le connaître. Je prenais de la poitrine, de la pilosité, ma voix changeait aussi, il ne m'était pas évident de l'accepter.

Je recevais une lettre de Camille, en décembre.

Chère Louise,

Nous avons fêté les deux ans d'Amédée dans la joie et la bonne humeur, tous les cousins étaient réunis autour du gâteau aux deux bougies que le petit garçon a maladroitement soufflées. Il a reçu une belle toupie bleue, mais Thérèse n'a pas du tout apprécié l'attention que l'on portait à son petit frère, et l'a violemment jetée à terre, fissurant le bois et écaillant la peinture. Elle a été punie, mais j'ai bien peur que la jalousie qu'elle éprouve envers son frère ne s'aggrave avec les années. La petite fille est colérique, et France ne sait plus quoi faire, elle a peur qu'elle s'en prenne à Georges. Le bébé a deux dents depuis le treize décembre, il les exhibe lorsqu'il fait un grand sourire, ce qui arrive assez souvent. Par ailleurs, France a beaucoup apprécié le retour de sa sœur aînée, même si je pense qu'elles auraient préféré se retrouver dans d'autres circonstances, elles se manquaient mutuellement. Bien à vous,

P.S : J'ai remarqué que vous aviez oublié mon anniversaire, je pense que c'est volontaire, car jusque - là, vous avez toujours pensé à me le souhaiter.

Camille.

Ma chère sœur,

Cela fait déjà un an que je suis partie, c'est long, le temps sans vous. Je vous ai écrit un poème, j'espère qu'il vous plaira encore plus que celui de vos onze ans.

Camille,

Votre prénom rime avec chenille, mais vous n'êtes plus une chenille, vous êtes un joli papillon,

Un beau papillon qui vole en quête de nouveaux horizons,

Une beauté qui ne cessera d'aimer, de rêver de liberté,

D’espoir, de jeunesse, d'envies, de tristesse, de nostalgie,

Une nostalgie qui poignarde mon cœur,

Lorsque je repense aux doux moments révolus de notre enfance

Je voie en vous un bleu papillon, couleur de l'espoir,

Non pas noir, mais qui reflète bien dans la psyché,

À quel point je vous ai aimé, et je vous aime, Camille.

Chère Louise,

Votre poème a fait couler ma larme, je ne peux pas décrire à quel point je vous aime, et votre poème m'a touché plus encore que celui de mes onze ans, mais je ne suis pas aussi douée que vous pour décrire mes sentiments, alors je vous le dis, mon amour pour vous sera toujours très fort. Je vous aime.

Camille.

Les leçons s’enchaînaient, je n'éprouvais plus aucun plaisir à y assister, je voulais rapidement terminer mes études, pour que l'on soit fier de moi, et retrouver ma sœur.

Au nouvel an, j'envoyais une nouvelle lettre à Camille :

Ma sœur,

Je vous souhaite une excellente année 1766. Tout va bien ici, je voudrais vous serrer dans mes bras, votre absence est une douleur permanente, qu'il m'est impossible de soulager, tout juste j'arrive à diminuer la douleur en vous écrivant. Une élève s'est fait prendre en escaladant les grilles, elle avait l'habitude de rejoindre son amoureux tous les jours à cinq heures du matin. Il faut qu'ils relativisent: ils auront désormais tout le temps de se voir, tous deux renvoyés sur le champ. Bien à vous,

Louise

Chère Louise,

Bonne année ! Je vous souhaite une belle année, une bonne santé, l'an prochain je vous enverrai une jolie carte, car il est trop tard désormais.

Camille

La neige tomba en février, comme l'année d'avant, mais je n'avais plus la même vue : j'avais cette fois une vue plongeante sur l'extérieur de l'établissement, et un bel arbre, je crois un chêne, qui était nu en cette saison.

J'avais quinze ans et demi, je voulais vivre ma jeunesse, profiter de la vie, sans me soucier des dits et non-dits des adultes. Je comptais bien finir ma vie heureuse et non pas accrochée à un mari possessif au milieu d'une dizaine d'enfants brailleurs. Ce matin-là, je me réveillais heureuse : j'avais seize ans. Je ne sais pas ce qu'une année de plus changeait dans une vie, mais je voyais une immense différence entre mes quinze ans et mes seize ans.

Je me précipitais à ma fenêtre : il faisait encore nuit. Tout le monde dormait à point fermé, et j'avais chaud, j'étouffais, alors je tentais l'impossible, je m'habillais, et je descendais doucement pour aller prendre l'air. Arrivée dehors, alors que je venais de me remettre de la surprise de la chaleur qu'il faisait, j'étais bousculée par quelqu'un : sur le coup, mon cœur battit très fort, et si c'était un adulte?

Je rouvrais mes yeux, un garçon brun se pencha pour me relever, sa voix masculine retentit dans le silence. Le garçon me releva et s'excusa. Lorsque, j'entendis sa voix, mon cœur battit très fort. à la lueur de la lune, je le vis, il était grand. Il me posa une seule et unique question qui me fis pourtant tomber sous le charme :

—''Vous allez bien, je ne vous ai pas blessé ?’’

—'' Non.’’

—''Je dois filer, au revoir !’’

Aussitôt que je le perdis de vue, je remontais vite car le jour se levait. La journée suivante, je ne pensais qu'à lui, mais il me tardait d'être le soir pour vérifier une chose. France m'avait affirmée un jour que le fait de rêver d’un possible amour confirmait le doute des sentiments. Le rêve que j’en fis la nuit suivante m’affirma qu’il me fallait le revoir.

J'avais hâte d'arriver en été, ayant particulièrement apprécié mes escapades dans la ville l'an dernier. De toute manière, il ne restait plus qu'un mois avant la vacance.

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